Les addictions, qu’elles soient comportementales ou liées à la consommation d’un produit psychoactif, peuvent être diagnostiquées à l’aide de symptômes bien définis, comme la perte du plaisir remplacé par un besoin, des difficultés au travail, des conséquences sur la vie sociale, de la frustration, de l’anxiété, une perte de contrôle etc. Mais parfois, l’autodiagnostic est complexe et on a besoin de s’appuyer sur des données objectives et factuelles pour se rendre compte du degré de sévérité d’une dépendance. C’est notamment le cas avec l’alcool, et c’est pourquoi les spécialistes ont conçu différents tests et échelles d’évaluations faciles d’utilisation pour mesurer la dépendance à ce produit. Si vous consommez un verre de temps en temps, vous n’êtes probablement pas concerné par ce type de test, mais si buvez plusieurs verres chaque semaine, il peut être judicieux de prendre quelques minutes pour y répondre.

NAVIGUER AU SEIN DE L’ARTICLE

1. Ne pas confondre autotest sur l’alcool et test d’alcoolémie.

2. Pourquoi réaliser un test pour évaluer son rapport à l’alcool ?

3. Les différents tests pour évaluer son rapport à l’alcool.

4. Les suites à donner à un test mesurant la dépendance à l’alcool

Autotest alcool visuel

Ne pas confondre auto test sur l’alcool et test d’alcoolémie

Lorsque l’on parle d’autotest sur l’alcool ou « test d’alcoolisme » dans le langage courant, on fait référence à des questionnaires qui permettent de déceler une éventuelle dépendance à l’alcool. Il s’agit donc d’évaluer la quantité et la fréquence de consommation et les conséquences ou répercussions qu’elle peut avoir sur la vie quotidienne. Ce type de test d’évaluation n’a donc rien à voir avec les tests d’alcoolémie, qui ont eux pour objectif de mesurer le taux d’alcool dans le sang à un instant T en tenant compte des critères qui l’influencent à savoir le sexe, le poids, la taille et le nombre d’unités d’alcool consommées. Ce sont par exemple les tests réalisés via l’utilisation d’éthylotests (alcotests) ou des prises de sang, qui à eux seuls ne traduisent pas un degré de dépendance et donc d’alcoolodépendance ou d’alcoolisme.

Pourquoi réaliser un test pour évaluer son rapport à l’alcool ?

Les tests d’alcoolisme sont accessibles à tous en ligne et peuvent être réalisés en quelques minutes. Pour celles et ceux qui consomment de l’alcool et qui veulent faire le point sur leur situation, ce sont donc des outils intéressants. Certes, ils ne remplacent par une consultation auprès de son médecin généraliste ou d’un addictologue. Mais ces questionnaires permettent d’avoir un bon aperçu de son rapport à l’alcool. On peut ainsi identifier une dépendance à l’alcool et mesurer un degré de sévérité, un risque de dépendance ou au contraire savoir si la consommation n’est pas à risque. Ces autotests peuvent être réaliser à n’importe quel moment de l’année ou à l’occasion d’une action de prévention dans son entreprise ou encore à l’occasion du Mois sans alcool ou Dry January.

On peut également utiliser un questionnaire de ce type pour aider une personne de son entourage personnel ou professionnel à prendre conscience de son addiction. En effet, le problème est qu’il est parfois difficile de faire entendre à un ami, un parent ou un collègue qu’il a une consommation excessive et dangereuse d’alcool, que l’on parle de bière, de vin, d’alcools forts ou d’autres boissons alcoolisées. Même s’il est important d’exprimer son ressenti, il est aussi utile de pouvoir mettre la personne face à des données objectives concernant sa consommation d’alcool.

Enfin, on peut faire passer ces tests lors de campagnes de sensibilisation et d’information, par exemple lors d’ateliers de sensibilisation sur le lieu de travail sous la forme d’un parcours alcool, dans les campus étudiants, lors de la journée mondiale de sensibilisation au syndrome d’alcoolisation fœtale, etc.

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Les différents tests pour évaluer son rapport à l’alcool

Plusieurs questionnaires sont disponibles en ligne pour une auto-évaluation de sa consommation d’alcool.

Le test alcool DETA

Le questionnaire standard le plus rapide à réaliser est le DETA, pour Diminuer, Entourage, Trop et Alcool. On le retrouve aussi sous la dénomination CAGE, par exemple sur le site suisse dédiée à la consommation d’alcool. Les lettres font alors référence aux termes « Cut-down », « Annoyed », « Guilty » et « Eye-Opener ».

Grâce à 4 questions-réponses et à l’étude du score obtenu, ce test permet l’identification d’une situation d’alcoolisme ou d’un risque de développer cette addiction.

Le test de dépistage AUDIT

Un peu plus complet, le test AUDIT comporte 10 questions, avec à chaque fois 5 choix de réponses. Chaque réponse vaut un nombre de points, que l’on additionne pour obtenir un score à interpréter en 3 résultats : consommation qui ne semble pas poser de réel problème, consommation élevée et à risque et enfin dépendance au produit.

Ce questionnaire tourne autour d’items sur la fréquence de prise (combien de fois vous buvez par mois, par semaine, etc.), sur la quantité ingérée (combien de verres vous consommez), sur les ressentis liés à l’alcool, sur la perception de l’entourage, etc.

L’alcoomètre de Santé Publique France

L’organisme Alcool Info Service met également à disposition un questionnaire en ligne, appelé alcoomètre. Il prend d’abord en compte des données individuelles (genre, âge, poids), puis s’attarde sur la consommation d’alcool au cours de la semaine passée. On peut ainsi se positionner quant aux standards de consommation en France et aux recommandations de Santé Publique France, au niveau de la quantité et de la fréquence.

Sur cette plateforme en ligne d’Alcool Info Service, on retrouve également quelques conseils clés pour une consommation raisonnée, indiquant par exemple qu’il ne faut pas dépasser 2 verres par jour, et pas tous les jours.

Les suites à donner à un test mesurant la dépendance à l’alcool

L’utilisation d’un test d’évaluation de la dépendance à l’alcool, surtout s’il se révèle positif, n’est pas une fin en soi. En effet, si le score obtenu révèle une dépendance ou un risque élevé, il est essentiel de se tourner vers son médecin généraliste dans un premier temps. Il pourra affiner l’auto-évaluation, qui reste un outil généraliste à interpréter avec précaution.

Suivant les conclusions du médecin, celui-ci pourra renvoyer son patient vers le spécialiste adapté (addictologue généraliste, alcoologue, psychologue, psychiatre, centre de soin, etc.). Ce suivi est indispensable pour que le sevrage se déroule dans les meilleures conditions et qu’il soit durable. Le processus est long, et peut prendre des mois, toute une année ou plus encore. Sans le soutien et l’expertise d’un médecin, le risque de rechute est bien plus élevé. Par ailleurs, pour une personne alcoolique ou alcoolodépendante, réaliser un sevrage seul présente de vrais risques pour la santé, comme c’est le cas pour l’addiction au cannabis, à la cocaïne, etc. En milieu professionnel des Programmes d’Aide aux Employés ou PAE / EAP spécialisés en addictologie peuvent être proposés. Faire confiance à un professionnel de santé reste donc la meilleure option pour sortir de la maladie, sans oublier l’aide précieuse que peut apporter l’entourage.

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portrait Alexis Peschard

A propos de l'auteur :

Alexis PESCHARD est addictologue et le président-fondateur du cabinet GAE Conseil, cabinet aujourd’hui incontournable de la prévention des conduites addictives dans le monde du travail en France. Il dirige le Pôle Conseil en addictologie du cabinet et développe des projets en prévention primaire pour le compte de clients grands comptes et branches professionnelles. Il a fait l’objet de plusieurs centaines d’interviews en presse écrite, radios et chaînes de télévisions nationales. Il intervient enfin régulièrement dans le cadre de congrès scientifiques, journées d’études et est publié chaque année dans différentes revues RH, juridique... Il est l’auteur du livre « Tous accros aux écrans » publié aux éditions Mardaga.