Prévenir les addictions dans votre organisation.

Dans la catégorie des addictions comportementales, la dépendance aux contenus pornographiques est de plus en plus fréquente au sein de la population. Une étude menée par un groupement de plusieurs fondations a par exemple révélé que près de 10 % des 14-24 ans regardent du porno chaque jour, et parfois plusieurs fois par jour (les hommes en plus grande proportion que les femmes).

Mais où se situe la limite de l’addiction ? Quelles peuvent en être les conséquences ? Voici quelques éléments-clés qui permettent d’y voir plus clair sur cette dépendance à la sexualité virtuelle.

Comment déceler une addiction au porno ?

Parfois utilisée comme synonyme de la dépendance au sexe, l’addiction au porno a en réalité une définition un peu différente. Il s’agit d’un comportement addictif, au sein duquel un individu consomme de façon excessive des images et des vidéos à caractère sexuel, avec généralement une pratique de la masturbation. La consommation de produits pornographiques n’est pas un problème en soi, mais cela le devient lorsqu’on entre dans l’addiction.

Mais comment savoir si l’on se situe dans une situation de dépendance à la pornographie ? Aujourd’hui, malgré la consommation accrue de porno, facilitée par l’accès libre et illimité avec internet, il n’existe que peu de méthodes pour diagnostiquer précisément cette addiction. Néanmoins plusieurs signes peuvent et doivent alerter :

  • le visionnage de contenus pornos dans des contextes particulièrement inadaptés, au bureau par exemple ;
  • la consultation de sites porno plusieurs fois par semaine, voire plusieurs fois par jour, faisant cumuler plusieurs heures de visionnage hebdomadaire ;
  • l’incapacité à contrôler un désir de visionner des images à caractère pornographique ;
  • le fait de faire passer le porno avant d’autres aspects importants de sa vie (travail, relations sociales, activités physiques, etc.) et de continuer malgré les effets négatifs que cela peut engendrer.

On trouve donc des symptômes semblables aux autres types d’addiction : consommation répétée et abondante, qu’il est difficile, voire impossible, de stopper en dépit des conséquences néfastes que cela peut avoir.

Quels sont les risques de la dépendance à la pornographie ?

Si une consommation importante d’images et de vidéos pornographiques peut paraître anodine, elle peut en réalité avoir de sérieuses conséquences sur la santé physique et mentale, sur les relations sociales, etc. Il est important d’en avoir conscience pour prévenir le risque d’addiction.

La banalisation des comportements sexuels

Comme toute dépendance, celle à la pornographie agit sur le cerveau. Un individu addict « entraîne » inconsciemment son cerveau à aller chercher le plaisir sexuel dans les contenus porno, délaissant ainsi la sexualité dans la vie réelle. Cela peut conduire à une baisse de libido, ainsi qu’à des problèmes d’érection chez les hommes, lorsqu’ils se retrouvent face à des situations de sexualité « naturelle ». Et il va sans dire que cela peut engendrer des difficultés dans un couple ou une incapacité à nouer des relations intimes avec autrui.

De plus, comme c’est le cas avec les drogues, la porno addiction entraîne un besoin de consommer toujours plus, pour retrouver le plaisir initial. Le cerveau a en effet besoin d’une dose de plus en plus importante, et c’est d’ailleurs là le cercle vicieux de la dépendance. Cela peut mener à des pratiques extrêmes, voire dangereuses, et à banaliser des comportements qui n’ont rien d’anodin.

Sans oublier que l’habitude de consommer du porno peut aussi banaliser les rapports sexuels sans protection. La mise en danger est alors réelle, avec le risque de contracter des maladies sexuellement transmissibles.

Le repli sur soi et la dépression

Dans nos sociétés, bien que la consommation de porno soit très répandue, elle reste honteuse. Et cela est d’autant plus vrai lorsqu’une véritable addiction est diagnostiquée. Or, on sait que les sentiments de honte et de culpabilité peuvent être des facteurs d’un état dépressif.

Le fait de ne plus retrouver de plaisir en dehors du monde virtuel peut également être une véritable source d’ennui et de profonde tristesse.

De plus, le phénomène même de la dépendance peut créer de l’anxiété, de l’irritabilité, de l’isolement, voire engendrer une dépression. Si beaucoup pensent soigner leur état dépressif via la consommation de porno qui stimule la production de dopamine, la réalité est toute autre. Le fait d’être dépendant entraîne en effet des coupures sociales, des sensations de mal-être, une altération des émotions, etc.

L’association avec d’autres addictions

La dépendance au porno est souvent liée à d’autres addictions comportementales : aux écrans, aux jeux vidéo et/ou au sexe. Elle peut aussi être couplée à la consommation de substances psychoactives. Et quand plusieurs problématiques de ce type se combinent, les effets sont encore plus dévastateurs : échec scolaire, dépression, envies suicidaires, etc. Fort heureusement, il est possible de se sortir des méandres de l’addiction à la pornographique et aux comportements adjacents.

Comment sortir de l’addiction aux contenus pornographique ?

La porn addiction n’étant pas encore officiellement reconnue, il est assez compliqué de mettre en place un parcours thérapeutique type. Néanmoins, il existe des solutions et des spécialistes qui peuvent accompagner les porn addicts et les aider à sortir de leur dépendance.

La première étape reste bien sûr d’avoir conscience de son problème d’addiction. Les quelques signaux d’alerter évoqués précédemment sont une bonne piste pour s’auto-diagnostiquer ou pour constater un trouble chez son enfant ou son/son conjoint. Dès les premiers doutes, il est important de consulter son médecin généraliste ou de se tourner directement vers un psychologue, un psychiatre, un sexologue ou un addictologue. Il saura trouver la thérapie adéquate ou rediriger le patient.

En fonction de ses besoins, plusieurs méthodes de suivi pourront alors être envisager : psychothérapie de type TCC, groupe de paroles, etc., dans le but d’arriver au sevrage.
Dans certains cas, la compagne ou le compagnon suit également une thérapie, de sorte à accompagner la personne dépendante, mais aussi pour l’aider à retrouver l’estime d’elle-même et à reprendre le contrôle de sa vie sexuelle. En revanche, il n’existe pas de médicaments conçus pour lutter spécifiquement contre cette dépendance. Un traitement médicamenteux est tout de même parfois mis en place, avec la prescription d’anti-dépresseurs ou même de substances prescrites pour limiter les « cravings » liés à la dépendance à l’alcool par exemple en fonction des situations.