Prévenir les addictions dans votre organisation.

Si certaines addictions ne sont aujourd’hui plus vraiment taboues, d’autres sont encore peu évoquées dans les médias et dans le domaine public. C’est notamment le cas de l’addiction au sexe, qui souffre d’amalgames et qui reste parfois mal perçue.

Pourtant, il s’agit d’une forme de dépendance comportementale qui mérite qu’on s’y attarde, car elle touche de nombreux individus en France, hommes comme femmes, qui subissent au quotidien les effets dévastateurs de cette addiction. Revenons donc sur les causes, les conséquences et les moyens de sortir de ce comportement addictif.

Qu’est-ce que l’addiction au sexe ?

Plus qu’un simple trouble, l’addiction sexuelle est une addiction comportementale. Autrement dit, elle ne correspond pas à la prise répétée et croissante de substances (comme c’est le cas avec le tabagisme, la dépendance aux médicaments, etc.), mais à une perte de contrôle en ce qui concerne les pratiques sexuelles. On l’associe généralement à un comportement sexuel compulsif, à la prise de risque sur le plan de la santé (rapports non protégés), à un sentiment de souffrance et de honte face à son comportement et à une incapacité à réfréner ses pensées d’ordre sexuel.

Mais il est important de rappeler que l’addiction au sexe ne doit pas être confondue avec la nymphomanie ou avec des pratiques sexuelles déviantes, voire criminelles. Il s’agit d’une maladie, qui met les patients dans un état de mal-être et qui les empêche de mener une vie « normale ». D’où l’importance de bien la comprendre et de connaître les solutions pour guérir de cette conduite sexuelle addictive.

Quels sont les signes d’une addiction sexuelle ?

Certaines personnes ont une vie sexuelle épanouie et bien remplie, sans que cela ne relève de la pathologie. Il convient de s’inquiéter lorsque les pensées et les pratiques sexuelles ne sont plus uniquement synonymes de plaisir, mais qu’elles deviennent obsessionnelles et créent de la souffrance.
De façon plus pragmatique, on peut désigner certains comportements qui régissent la vie d’un sex addict :

  • consommation fréquente de contenus porno, généralement associés à la masturbation ;
  • filtres sexuels, qui consistent en une interprétation de chaque situation de la vie quotidienne sous l’angle érotique et sexuel ;
  • relations sexuelles multiples et fréquentes, régies par un besoin incontrôlable ;
  • difficulté à se contenter d’un seul partenaire, même dans une relation amoureuse épanouie ;
  • prises de risque, que ce soit à cause de l’absence de protection, de relations avec des inconnus potentiellement dangereux, etc.

L’addiction sexuelle prend donc des formes variées, avec une dépendance virtuelle et/ou charnelle et une pratique compulsive en solitaire et/ou via des relations avec autrui.

Si vous vous reconnaissez dans cette description, vous êtes probablement sujet à l’addiction au sexe. N’hésitez pas à passer le test de Carnes pour en savoir plus, et à consulter un addictologue spécialisé pour confirmer ou infirmer ce diagnostic, et ainsi mettre en place la thérapie adéquate.

Quelles conséquences peuvent avoir les comportements sexuels addictifs ?

Aux yeux de beaucoup de gens, l’addiction au sexe n’est pas considérée comme un véritable problème, et prête parfois même à sourire. La réalité est tout autre, car comme toute addiction comportementale, celle-ci peut avoir des conséquences dramatiques sur les individus addicts. Le caractère obsessionnel du sexe devient envahissant, rendant la concentration difficile et obligeant parfois le sex addict à mettre d’autres pans de sa vie de côté. L’hypersexualité a aussi bien évidemment des conséquences sociales : elle rend compliqué les relations amoureuses stables, qui sont polluées par l’adultère ou un désir non équivalent entre les deux partenaires.

Et si l’on va plus loin, il faut savoir que l’addiction au sexe crée des sentiments négatifs, comme la culpabilité, la honte, la tristesse, la solitude, et peut même mener à la dépression, voire au suicide.

Sans oublier les risques pour la santé de l’hypersexualité. Le comportement compulsif fait parfois complètement oublier les dangers de rapports sexuels non protégés, qui peuvent pourtant être à l’origine de maladies plus ou moins graves. Et après avoir obtenu satisfaction et avoir comblé son manque, la personne peut ressentir de la culpabilité et de l’anxiété par rapport à cette relation non protégée, ne faisant qu’accentuer son mal-être.

Y a t’il des causes déterminées à cette addiction comportementale ?

Comme avec toute autre addiction, la sexualité compulsive émane de plusieurs facteurs. Certains individus sont plus à risque, notamment lorsqu’ils souffrent d’une mauvaise estime d’eux-mêmes, d’une anxiété généralisée, d’un manque affectif, etc.
De nombreux facteurs environnementaux sont aussi à mettre en cause lors du développement d’une addiction sexuelle :

  • les abus sexuels durant l’enfance, ou des situations de violence familiale même sans actes sexuels ;
  • l’abandon pendant l’enfance ou un manque d’affection et d’attention dans la sphère familiale ;
  • l’exposition précoce à du contenu pornographique ;
  • la facilité d’accès à la pornographie sur internet, rendant le sexe disponible de suite et en continu, et mettant en avant des pratiques toujours plus extrêmes.

Comment soigner une addiction au sexe ?

S’il est facile de trouver des centres d’addictologie pour se sevrer de l’alcool, du tabac ou des drogues, il existe moins de structures et de spécialistes dédiés au soin de l’addiction sexuelle. Néanmoins, des professionnels peuvent vous aider si vous voulez mettre fin au cercle vicieux de la sexualité compulsive et de la dépendance.

L’idéal est de consulter un psychothérapeute spécialisé dans les addictions comportementales : un psychologue ou un psychiatre saura poser le bon diagnostic et mettre en place la thérapie adaptée. En complément, il pourra prescrire un traitement médicamenteux, visant à calmer l’anxiété et à réguler l’humeur, pour faciliter le retour à une vie plus sereine.
Contrairement à d’autres addictions, le but ici n’est pas de mener au sevrage du patient, car le sexe fait partie intégrante de la vie et n’est pas dangereux lorsqu’il est pratiqué de façon non pathologique. Le travail avec le thérapeute aura pour objectif d’aider le patient à appréhender le sexe autrement, à reprendre le contrôle et à traiter les problèmes sous-jacents à l’addiction. Dans certains cas, il sera pertinent de passer également par une thérapie de couple, afin que le/la conjoint·e soit aussi pris en charge et que la personne dépendante se sente soutenue.

Il existe également des groupes et des associations d’entraides créés pour aider à libérer la parole, à déculpabiliser les individus dépendants et à les accompagner vers différentes thérapies.