Prévenir les addictions dans votre organisation.
En France, on estime que près de 25 % des 18-75 ans (hommes et femmes confondus) ont une consommation d’alcool supérieure aux recommandations de Santé Publique France: à savoir pas plus de deux verres par jour et pas tous les jours . Il est important de noter que nous avons malheureusement tendance à servir 2 à 3 unités dans un seul verre ; c’est ce que l’on appelle la distinction entre un verre maison et une unité d’alcool. Faites le test à la maison ou dans le cadre d’un atelier de prévention dans votre entreprise avec un gobelet doseur d’alcool !
Si cette consommation excessive peut avoir des conséquences à court et long terme, elle peut aussi malheureusement entraîner une addiction, au même titre que des drogues illégales. On parle alors d’alcoolodépendance, terme médical préféré à celui de « l’alcoolisme ».
Pourquoi l’alcool présente-t-il un risque d’addiction ? Comment ce phénomène se met-il en place ? À quels risques sont exposées les personnes, jeunes ou moins jeunes, qui consomment régulièrement de l’alcool ? Voici quelques questions clés auxquelles nous apportons des réponses dans les lignes qui suivent, dans une optique de prévention et d’aide à la prise en charge.
Qu’est-ce que l’alcool ?
Lorsque l’on parle d’alcool, on pense assez naturellement à un verre de vin, à une flûte de champagne ou encore à une chope de bière, consommé le plus souvent lors d’un moment festif. Mais savez-vous vraiment ce qu’est l’alcool et de quelle manière il s’est insinué dans notre culture, en en faisant un produit (trop) banal ?
Définition
L’alcool est une substance psychoactive, synonyme d’éthanol, et que l’on qualifie donc parfois d’éthylique. Il peut se créer naturellement ou être confectionné par l’homme, par le biais d’un processus de fermentation. En effet, en laissant fermenter des végétaux (fruits, légumes et autres plantes), de petits champignons apparaissent, transformant le sucre en éthanol.
Les boissons alcoolisées que l’on consomme sont donc composées partiellement d’éthanol, auquel peuvent être ajoutés des sucres, des arômes, des sulfites, etc. Cela va leur donner leur consistance, leur goût et leur couleur.
Comment consomme-t-on l’alcool ?
Le plus souvent, on trouve l’alcool sous forme de boissons diverses. Il peut alors être dégusté en apéritif, au cours d’un repas de fête ou pour tout type d’usage récréatif. L’alcool est alors généralement consommé en groupe et occasionnellement. Mais lorsque l’addiction s’installe, cette consommation peut prendre d’autres formes : boire à toute heure de la journée, seul·e et/ou dans des lieux où l’alcool est interdit (au travail par exemple).
Quels sont les effets de l’alcool ?
Qu’il s’agisse d’une consommation mondaine ou régulière, modérée ou excessive, l’alcool produit des effets sur le corps dans les minutes qui suivent la première gorgée et jusqu’à des années plus tard.
A court terme
Lorsque l’on prend un verre d’alcool, il se dirige directement vers l’estomac, l’intestin, puis se diffuse jusqu’au cerveau dans les 10 minutes qui suivent. C’est alors que l’on peut constater les premiers effets de l’état d’ébriété chez les personnes alcoolisées : sentiment d’euphorie et de détente, perte d’attention, troubles de la vue et de l’audition, difficulté à s’exprimer distinctement, perte de discernement, etc.
Plus la consommation est importante, plus les symptômes seront dangereux, même à court terme. Au-delà de 2 grammes par litre de sang, la personne ayant consommé peut avoir des vertiges, une somnolence, des vomissements, etc. Lorsque la concentration dans le sang passe à 3g/L, la température du corps diminue, la respiration devient difficile, la pression artérielle s’élève dangereusement, allant parfois jusqu’à un état de coma éthylique.
Il va sans dire que tout cela remet en cause la santé de la personne concernée, mais aussi la sécurité des personnes qui l’entourent.
A moyen terme
Au bout de quelques heures, l’alcool est assimilé par le foie et fini par être éliminé du corps. Mais si la consommation est fréquente, même sans parler d’alcoolodépendance, des dommages peuvent se faire sentir à plus long terme durant les semaines et mois qui suivent.
Les conséquences à court terme peuvent alors s’installer de façon plus durable : altération de la mémoire, troubles de l’humeur, problèmes d’insomnie, troubles cardiaques, détérioration du foie, etc.
Et là où l’alcool pouvait être auparavant festif ou consommé durant une période difficile (pour « combler » la tristesse d’un deuil ou d’une rupture par exemple), il peut s’insinuer dans la vie quotidienne. La dépendance peut en effet s’installer, se manifestant par un besoin irrépressible de boire, plus souvent et en quantité plus importante. Pour que le corps retrouve les sensations qu’il jugeait au départ agréable, il doit en effet ingurgiter une dose de plus en plus importante d’alcool, qui peut grimper à plusieurs verres, voire plusieurs bouteilles, quotidiennement.
A longterme
En consommant régulièrement de l’alcool pendant plusieurs années, on constate plusieurs types de complications, voire de maladies.
Il y a d’abord l’altération de certains organes, comme le foie, qui finit par être empoisonné par la quantité d’alcool qu’il doit assimiler. L’estomac et l’intestin sont également fragilisés, avec pour conséquence des problèmes digestifs, parfois très sérieux.
Sur le long terme, on constate aussi que l’alcool peut avoir des conséquences sur la santé mentale. Le cerveau, touché par les effets de cette consommation chronique, peut alors être complètement déréglé dans son fonctionnement. On fait alors face à un sommeil très perturbé, à des sautes d’humeur, à une mémoire altérée de façon irrémédiable, voire à la psychose ou à des troubles psychiques graves.
Enfin, il est important de noter les effets de l’alcoolodépendance, au-delà de la substance même qu’est l’alcool. En effet, les personnes dépendantes peuvent basculer dans la dépression, s’enfermant dans le cercle vicieux de l’alcool, qui occupe presque entièrement leur vie. À cela s’ajoute parfois le sentiment de culpabilité, de devoir cacher cette maladie et/ou de ne pas réussir à s’en sortir. La vie sociale, sentimentale et professionnelle en est également impactée, puisque l’alcool finit par passer avant tout.
Quels sont les risques pour la santé ?
Les effets à court, moyen et long terme évoqués précédemment laissent supposer des risques directs pour la santé que peut présenter l’alcool. Cirrhose, maladie cardio-vasculaire, cancers divers et syndrome de Korsakoff n’en sont que quelques exemples. Le décès peut donc être l’issue fatale d’une consommation excessive et/ou prolongée d’alcool.
Sans oublier que l’alcoolodépendance est elle aussi une maladie. Elle requiert donc l’accompagnement d’un médecin spécialisé en addictologie, afin de mettre en place un sevrage efficace et en toute sécurité pour le patient alcoolique, avec des soins adéquats.
En effet, les conséquences d’un sevrage trop brusque et sans prise en charge peuvent être très sévères, comme avec d’autres addictions (médicaments, substances psychoactives : cannabis, cocaïne, etc..). Des patients non accompagnés ont par exemple un risque de développer des crises d’épilepsie, voire de faire des crises de Delirium Tremens, pouvant être cause de décès.
À noter également que, de façon plus indirecte, l’alcool représente un danger puisqu’il altère l’assimilation de certains autres produits et nutriments indispensables. Par exemple, certains médicaments sont éliminés trop rapidement ou restent au contraire trop longtemps dans le sang lorsqu’ils sont mélangés à l’alcool, empêchant le traitement d’être efficace, voire le rendant dangereux.
On sait aussi que l’usage d’alcool peut créer des carences en vitamines et en minéraux, qui sont pourtant essentiels au bon fonctionnement du corps humain. Cela peut alors mener à des symptômes assez bénins comme la fatigue, mais aussi créer des complications et des dommages plus sévères sur le cerveau, les muscles, etc.
La prévention face aux risques immédiats de la consommation d’alcool et au risque d’alcoolodépendance reste donc essentielle, afin que chacun ait conscience que quelques verres d’alcool ne sont pas bénins. Il va également sans dire que la prise en charge des patients souffrant de dépendance est primordiale, pour que les hommes et les femmes atteints de cette maladie puissent reprendre une vie normale et limiter les complications liées à la consommation excessive d’alcool. (Retrouvez nos ateliers de prévention sur site ou à distance dans l’onglet nos services).
Et la prévention du risque alcool au travail ?
Alors que le risque alcool est encore à l’origine, en milieu professionnel, d’environ 15 à 20% des accidents du travail et que 27,5% des hommes actifs connaissent au moins un épisode de « binge drinking » ou d’alcoolisation aiguë par mois il est nécessaire de pouvoir proposer des actions de prévention collective sur l’alcool au travail dans le cadre du Dry January ou bien d’une journée QVT ou Safety Day ou encore à tout autre moment de l’année ! (Retrouvez ici nos derniers articles de blog sur les actions de prévention collective).