Prévenir les addictions dans votre organisation.

Si dans l’imaginaire collectif, l’addiction est reliée à la prise des substances nocives (drogues, tabac, alcool, etc.) ou à des comportements jugés déviants (jeu excessif, dépendance aux contenus pornographiques, etc.), il existe des dépendances que l’on soupçonne moins. C’est le cas de l’addiction au travail, aussi appelé workaholisme. Encore peu traité et peu étudié, ce phénomène n’est pourtant pas anodin dans notre société actuelle. Faisons donc le point sur ces conduites addictives et sur les moyens de prévention et de soin.

Comment définir l’addiction au travail ?

L’addiction au travail est une addiction comportementale. Autrement dit, elle ne concerne pas la consommation de substances (bien que ce type de dépendance puisse coexister avec une addiction au travail), mais la perte de contrôle lors de la pratique d’une activité. Ici, il s’agit pour un salarié, un entrepreneur ou n’importe quel profil de travailleur, d’un engagement excessif dans son activité professionnelle, qui empiète sur sa vie personnelle, qui occupe son esprit en permanence et de laquelle il n’arrive pas à décrocher, y compris lorsqu’il est en dehors de son lieu de travail.

Quels sont les signes de la dépendances au travail ?

Le workaholisme est une addiction qu’il ne faut pas prendre à la légère, car elle a de réelles répercussions sur la vie de la personne dépendante ainsi que sur son entourage.

Les signes qui peuvent donner l’alerte sont les suivants :

  • l’individu subit une anxiété quasi permanente ;
  • le workaholic n’est pas capable d’arrêter de travailler ou de penser au travail, y compris tard le soir, durant la nuit et pendant ses périodes de congés, et ne sait pas dire non lorsqu’on augmente sa charge de travail ;
  • le travail prend le pas sur les autres pans de sa vie, qu’il s’agisse des loisirs, de la vie sociale, de la vie de famille, etc. ;
  • la personne dépendante s’implique énormément dans son travail et cherche à travers cela une reconnaissance, une promotion, le sentiment d’être utile ;
  • voulant en faire toujours plus et mieux, l’addict au travail s’inscrit dans un cercle vicieux psychologique, dans lequel sa charge de travail augmente, créant encore plus de stress et l’obligeant à multiplier les heures de travail, etc.

Il faut donc bien comprendre qu’il existe une différence entre un salarié qui souffre d’une addiction et un salarié investi dans son travail. Ce dernier peut aussi être sous le coup du stress de temps à autre, mais il est capable de se changer les idées, il ne se coupe pas du monde et il n’est pas dans une souffrance réelle liée à son statut professionnel.

Quels sont les risques pour la santé physique et mentale de cette addiction comportementale ?

Comme toute addiction, le workaholism n’est pas sans conséquences sur la santé des travailleurs dépendants. On sait par exemple que cela peut mener au burn-out et à la dépression. Mais avant d’en arriver là ou parallèlement à ce burn-out, il faut savoir qu’il existe une multitude d’autres risques réels :

  • l’isolement par rapport à la famille, aux amis, et parfois même aux collègues ;
  • des troubles anxieux, comme des phobies, des TOC, une anxiété généralisée ou des troubles alimentaires ;
  • des troubles articulaires et musculaires, qui peuvent être en lien avec le fait d’être constamment posté devant un bureau ;
  • des conséquences directement liées au stress, qui peut engendrer des troubles cardio-vasculaires, des problèmes dermatologiques, de l’insomnie, etc.

Il faut également noter que le workaholisme peut favoriser la prise de substances addictives, utilisées pour « tenir le coup » de façon illusoire. Le cannabis, le tabac, l’alcool ou encore les médicaments peuvent alors venir aggraver la situation de dépendance et les symptômes afférents.

Quelles sont les principales causes du workaholisme

Les addictions ont rarement, si ce n’est jamais, une cause unique. La faiblesse psychologique d’un individu, voire d’éventuels troubles psychiatriques, sont des facteurs aggravants dans le développement d’une addiction au travail. Ainsi, une personne ayant une faible estime d’elle-même et voyant le travail comme la seule manière de s’accomplir a de plus forts risques de devenir accro au travail. Il en va de même pour les individus à tendance narcissique ou qui sont particulièrement perfectionnistes.
Le fait d’avoir peu de relations sociales et de hobbies peut également inciter un individu à se réfugier dans son travail, jusqu’à en devenir addict.

Mais l’environnement et la culture d’entreprise jouent aussi un rôle non négligeable dans le développement d’addictions chez les salariés. Un management inadapté, une pression constante mise sur la qualité du travail et des deadlines difficilement tenables ne font qu’accentuer le risque d’addiction.

Enfin, il est important de noter que les nouvelles technologies et le développement du travail à distance ne sont pas étrangers à une croissance des addictions au travail. La cyberdépendance est de nos jours fortement liée à l’addiction au travail et l’hyperconnexion empêche les individus susceptibles de devenir dépendants de se couper de leur activité professionnelle.

Quelles solutions pour sortir de l’addiction au travail ?

Avant d’évoquer les moyens de soigner ces conduites addictives, il est important de parler de prévention. Et dans ce domaine, toute entreprise doit avoir conscience qu’elle peut agir pour son personnel. Le droit à la déconnexion, la formation des managers, la gestion des plannings, etc., sont autant d’outils qui permettent de réduire les risques. Les entreprises devraient également toutes mettre en place des processus de détection et d’accompagnement pour les salariés en situation difficile et sujets à l’addiction au travail.

De son côté, un individu qui constate qu’il a tous les signes d’un comportement addictif peut entrer en contact avec un psychologue ou un addictologue, ou même avec une association dédiée à ce type d’addiction. Une thérapie adaptée permettra alors de mettre le doigt sur l’origine du problème et de mettre en place des méthodes de travail plus saines, d’apprendre des techniques de relaxation, d’envisager le travail d’une autre manière, de retrouver plaisir à faire d’autre chose, de retrouver un mode de vie plus équilibré entre le professionnel et le personnel, etc., tout en réussissant à garder son emploi.
Le workaholism n’a donc rien d’une fatalité et il est possible d’en venir à bout, à condition de prendre les choses en main et de se faire accompagner par un spécialiste et par son employeur.

Et dans l’entreprise ?

Comme pour toutes les formes de pratiques addictives l’entreprise a un rôle à jouer ; elle est un lieu de prévention primaire privilégié pour relayer des messages de prévention essentiels tant en santé publique qu’en santé-sécurité au travail. Les équipes de GAE Conseil font de la prévention de l’addiction au jeu notamment dans le cadre des ateliers Addicto’Quizz et de l’escape game Le pot de départ. Nous animons également des témoignages/débats avec des patients-experts (anciens malades rétablis) afin de sensibiliser les salariés aux principaux enjeux de ces pratiques à risques autour des jeux !