Les soirées arrosées, les fêtes, ou même les moments de détente entre amis peuvent parfois conduire à une expérience malheureusement bien connue : le black-out alcoolique. Ce phénomène, souvent banalisé, cache pourtant des risques sérieux pour la santé mentale et physique.

Décryptons ensemble les mécanismes de cette amnésie partielle et les dangers qu’elle fait courir, sans oublier de balayer les bons conseils pour éviter ces trous noirs et pour prévenir la consommation d’alcool déraisonnable, voire maladive.

black out alcool

Blackt-out ou trou noir dû à l’alcool : de quoi parle-t-on ?

Le black-out alcoolique, également appelé trou noir, est un état où une personne consommant de l’alcool perd partiellement ou totalement la mémoire des événements survenus pendant cette période. On peut ainsi dissocier :

  • le black-out « fragmentaire », qui se traduit par une perte partielle des souvenirs : l’individu a des flashbacks et certains souvenirs sont intacts alors que d’autres sont complètement occultés ;

  • le black-out total ou « en bloc », qui peut durer plusieurs heures, avec l’impossibilité de récupérer les souvenirs oubliés.

Pendant un black-out, la personne peut sembler consciente et alerte, mais elle sera incapable de se souvenir de ce qui s’est passé par la suite. Ce phénomène est souvent associé à une consommation excessive et rapide d’alcool, ce qui entraîne une perturbation importante de la fonction cognitive. Il ne faut donc pas confondre black-out et coma éthylique : le black-out n’entraîne pas forcément une perte de connaissance, qui est parfois fatale dans le cas d’un coma lié à la consommation excessive d’alcool.

Mais d’où vient ce trou de mémoire ressenti au réveil ? Il s’agit en fait d’une action de l’alcool sur les capacités cognitives et plus précisément sur l’hippocampe : il empêche le cerveau de consolider la mémoire, c’est-à-dire de transformer des souvenirs à court terme en souvenirs à long terme. Ce phénomène survient en cas de consommation abondante (à partir d’un certain taux d’alcool dans le sang) ou lorsque les boissons alcoolisées sont consommées rapidement (ex. : binge-drinking).

Il est aussi important de noter que nous ne sommes pas tous égaux face au risque de faire un blackout. Les femmes sont notamment plus exposées que les hommes, tout comme les personnes qui consomment régulièrement ou qui sont en situation de dépendance, ou encore les personnes qui mêlent alcool et autres substances psychotropes.

Quels sont les risques d’un black-out au moment où il survient ?

Lorsqu’une personne est en état de black-out, elle devient vulnérable à une série de risques immédiats. Tout d’abord, l’incapacité à se souvenir des événements peut laisser la personne exposée à des situations dangereuses, telles que des accidents, des agressions ou des comportements à risque.
En outre, le black-out peut également conduire à une perte de contrôle comportemental, poussant parfois les individus à adopter des comportements violents ou imprudents.

Sans oublier les conséquences d’une telle amnésie sur la santé mentale. Au réveil, les personnes ayant des trous de mémoire ou un black-out complet peuvent ressentir de l’anxiété, voire de la panique. Ces sentiments s’associent parfois à de la honte et de la culpabilité, pouvant entraîner un problème d’estime de soi et de confiance. Lors d’un épisode sévère d’amnésie liée à l’alcool ou à cause de la répétition de ces phénomènes, l’individu peut même sombrer dans la dépression.

Dans certains cas, les trous noirs liés à l’alcool ont même une répercussion sur la vie sociale. Les comportements inappropriés dont une personne ne se souvient pas peuvent être source de conflits interpersonnels. Dans le cercle amical ou familial, la répétition de black-out chez un proche peut aussi entraîner une grande inquiétude et une vigilance accrue, qui finiront par altérer la qualité de la relation, voire par une rupture.

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Quels sont les dangers pour la santé à moyen et long terme de ces trous noirs ?

Au-delà des risques immédiats, les blackouts alcooliques peuvent avoir des conséquences néfastes sur la santé à moyen et long terme.

Nous manquons encore d’études sur le lien entre fréquence des trous noirs et impact sur la mémoire à long terme. Toujours est-il qu’une consommation excessive et répétée d’alcool peut endommager de manière significative le cerveau, entraînant des troubles de la mémoire à long terme, une diminution des fonctions cognitives et même des dommages structurels permanents.

De plus, les personnes qui ont des antécédents de blackouts sont plus susceptibles de développer une dépendance à l’alcool, ce qui augmente encore davantage les effets néfastes sur leur santé globale, physique comme mentale.

Peut-on éviter les blackouts liés à l’alcool ?

La meilleure manière de ne pas subir un trou noir alcoolique est indéniablement de ne pas consommer d’alcool. On peut toutefois identifier certains facteurs qui aggravent le risque qu’un blackout survienne :

  • l’ingestion rapide de boissons alcoolisées ;

  • la quantité d’alcool consommée ;

  • la fréquence de consommation, d’où le risque accru chez les personnes dépendantes ;

  • le fait de consommer à jeun, qui accélère la montée du taux d’alcool dans le sang ;

  • l’association d’alcool avec un traitement médicamenteux ou des drogues.

Pour empêcher la survenue d’un blackout après une soirée, la consommation modérée, en ayant mangé au préalable, reste donc l’une des meilleures options (après celle qui consiste à ne pas consommer du tout, évidemment).

Blackout, dépendance et monde professionnel : l’importance de la prévention

La prévention de la consommation d’alcool au travail est d’une importance cruciale pour assurer un environnement professionnel sûr et sain. Les effets néfastes des blackouts alcooliques ne se limitent pas aux sphères personnelles, mais peuvent également avoir un impact significatif sur la performance et la sécurité au travail.

Les entreprises peuvent mettre en place des politiques de prévention et de sensibilisation à la consommation d’alcool, incluant des programmes de formation sur les risques associés à la consommation excessive d’alcool et sur les ressources disponibles pour aider les employés confrontés à des problèmes liés à l’alcool. Dans cette optique, GAE Conseil peut vous accompagner en organisation des événements de prévention thématiques, par exemple à l’occasion du Mois sans alcool ou lors d’une journée de prévention des addictions.

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portrait Alexis Peschard

A propos de l'auteur :

Alexis PESCHARD est addictologue et le président-fondateur du cabinet GAE Conseil, cabinet aujourd’hui incontournable de la prévention des conduites addictives dans le monde du travail en France. Il dirige le Pôle Conseil en addictologie du cabinet et développe des projets en prévention primaire pour le compte de clients grands comptes et branches professionnelles. Il a fait l’objet de plusieurs centaines d’interviews en presse écrite, radios et chaînes de télévisions nationales. Il intervient enfin régulièrement dans le cadre de congrès scientifiques, journées d’études et est publié chaque année dans différentes revues RH, juridique... Il est l’auteur du livre « Tous accros aux écrans » publié aux éditions Mardaga.