Considérée comme une alternative plus sûre à la cigarette traditionnelle, la cigarette électronique a déjà séduit un large public en France, avec des millions de personnes qui l’ont testée et/ou adoptée. Mais est-elle vraiment aussi peu dangereuse qu’on le dit ? Peut-on la considérer comme une solution face au tabagisme ou est-ce plutôt un moindre mal ? Ces questions se posent, car le vapotage n’est pas anodin et comporte en effet des risques. À titre de prévention, nous faisons donc le point sur l’ensemble des dangers de l’usage de la cigarette électronique.

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Les risques liés à la composition des e-liquides

S’il existe désormais une réglementation, notamment au niveau européen, sur la fabrication, le conditionnement et la vente des liquides de vapotage, cela ne signifie pas qu’il y a risque zéro.

D’abord, parce qu’avec l’avènement de la vente en ligne, certains consommateurs peuvent être tentés d’acheter des produits venant de pays où la réglementation est moins stricte et qu’ils payeront moins cher. Difficile alors d’avoir la garantie que l’e-liquide ne contient pas de substances chimiques intrinsèquement dangereuses.

Ensuite, parce que même les e-liquides autorisés en France contiennent des substances qui peuvent s’avérer néfastes (ex. : diacétyle, certains arômes) et d’autres pour lesquelles il n’y a pas suffisamment d’études à long terme pour garantir leur innocuité. La vapeur dégagée par la cigarette contiendrait par ailleurs des métaux lourds et d’autres substances néfastes, connus pour favoriser le cancer et d’autres maladies graves.

Prudence étant mère de sûreté, il serait alors plutôt judicieux d’éviter de consommer ce type de produit pour préserver sa santé.

Les dangers du vapotage en tant que tel

Au-delà de consommer une substance qui pourrait être toxique, le fait même d’inhaler via le processus de vapotage s’avère dangereux. En effet, avec la cigarette électronique, on fait passer de la vapeur (qui est loin d’être de la simple vapeur d’eau) par les voies respiratoires. Cela entraîne des risques pour la santé au niveau de la bouche, la gorge, les poumons, etc., et pourrait aussi aggraver des maladies comme l’asthme ou d’autres maladies respiratoires.

Sans compter qu’il y a des effets plus directs et rapides du vapotage, ressentis parfois après quelques inhalations ou lors d’un usage prolongé : toux, nausée, mal de tête, etc. Ces symptômes sont dus à l’inhalation du produit, à la composition du produit, mais aussi à sa teneur en nicotine, qui n’est pas non plus sans risque.

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Le vapotage avec nicotine : installation ou développement de l’addiction

Pour les anciens fumeurs ou les fumeurs qui sont en bonne voie vers l’arrêt du tabac, la cigarette électronique est parfois considérée comme une aide au sevrage tabagique. Et il est vrai qu’avec les cigarettes électroniques, l’avantage est de pouvoir gérer sa consommation de nicotine et de la diminuer petit à petit.

Toutefois, il n’est pas rare de constater que les vapoteurs ont tendance à utiliser leur cigarette électronique bien plus souvent qu’ils ne fumaient auparavant des cigarettes classiques. In fine, la dose de nicotine absorbée peut donc être plus importante, même avec une faible concentration de nicotine dans l’e-liquide. Au lieu de mener vers le sevrage, cela peut donc entretenir l’addiction.
La solution est alors d’opter pour des produits à vapoter sans nicotine. La cigarette électronique devient alors un outil pour substituer le geste de fumer.

À noter également que pour les non-fumeurs, l’utilisation de la cigarette électronique entraîne un risque de dépendance similaire à celui du tabac ou bien du cannabis. La faute là encore à la nicotine présente dans les e-liquides. Il ne faut pas négliger ce potentiel addictif des cigarettes électroniques, d’autant qu’elles sont particulièrement populaires chez les adolescents et les jeunes adultes. Comme toute addiction, celle-ci peut avoir des conséquences sur la santé physique et mentale. Dans certains cas, l’e-cigarette va même être une porte d’entrée vers la consommation de tabac, voire de cannabis.

Le danger des composants défectueux

Un autre risque des cigarettes électroniques tient à leur composition. La batterie au lithium notamment, peut présenter un risque d’explosion en cas de surchauffe. Avec un modèle de cigarette électronique de qualité qui respecte les normes de sécurité, dont la batterie est intégrée au dispositif, ce risque est quasiment nul. En revanche, l’utilisation de batteries amovibles, mises en contact avec des éléments métalliques par exemple, peut entraîner une explosion. Il en va de même avec les batteries endommagées, ayant un défaut de construction ou exposées à une haute température. Ce danger est à relativiser, car les explosions restent tout de même très rares, et ne sont pas plus probables qu’avec d’autres appareils fonctionnant avec des piles au lithium.

Cigarette électronique : alors que faut-il en penser ?

Le tableau dressé jusqu’ici pointe du doigt les défauts et dangers de la cigarette électronique. Pourtant, vapoter semble présenter bien moins de risques que de fumer du tabac, qui contient quant à lui une longue liste de substances définitivement très dangereuses, largement référencées dans des études de santé.

Dans une optique de prévention auprès du grand public, les meilleures choses à faire seraient alors :

  • D’expliquer aux non-fumeurs qu’ils n’ont aucun intérêt à vapoter, car cela fait courir des risques pour leur santé et à moyen terme un risque de dépendance ;

  • De ne pas présenter l’utilisation de la cigarette électronique comme une solution miracle pour l’arrêt du tabac, car si elle fonctionne pour certaines personnes, elle aura l’effet inverse pour d’autres ;

  • De faire prendre conscience aux adolescents et aux adultes des dangers prouvés de l’utilisation de la cigarette électronique, des substances chimiques contenus dans les e-liquides et des potentiels effets à long terme encore méconnus ;

  • De proposer d’autres alternatives pour mettre fin au tabagisme, comme les produits de substitution à la nicotine (patchs, gomme à mâcher, etc.), la participation au Mois Sans Tabac, l’aide d’un addictologue, etc.

Si toutefois vous envisagez la vape comme une solution pour sortir du tabagisme, veillez alors à opter pour des liquides répondant aux normes européennes, sans diacétyle et avec un minimum d’arômes et d’additifs. Veillez également à choisir un taux de nicotine adapté à votre consommation actuelle de cigarettes traditionnelles, sans surdoser et en diminuant peu à peu la concentration.

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portrait Alexis Peschard

A propos de l'auteur :

Alexis PESCHARD est addictologue et le président-fondateur du cabinet GAE Conseil, cabinet aujourd’hui incontournable de la prévention des conduites addictives dans le monde du travail en France. Il dirige le Pôle Conseil en addictologie du cabinet et développe des projets en prévention primaire pour le compte de clients grands comptes et branches professionnelles. Il a fait l’objet de plusieurs centaines d’interviews en presse écrite, radios et chaînes de télévisions nationales. Il intervient enfin régulièrement dans le cadre de congrès scientifiques, journées d’études et est publié chaque année dans différentes revues RH, juridique... Il est l’auteur du livre « Tous accros aux écrans » publié aux éditions Mardaga.