Grandement responsable de la dépendance physiologique des fumeurs, la nicotine est un composant que l’on retrouve à l’état naturel dans le tabac. Mais quelle est la quantité exacte contenue dans un paquet ou une cigarette ? Quelle dose de nicotine consommez-vous à chaque fois que vous fumez ? Tous les fumeurs inhalent-ils autant de nicotine ? Quelle différence entre la nicotine dans la cigarette traditionnelle et dans la cigarette à vapoter ? Voilà les principales questions auxquelles nous allons répondre pour vous éclairer sur votre consommation actuelle, et pourquoi pas pour vous guider vers une vie sans tabac.

combien nicotine cigarette

La nicotine : petits rappels sur cette substance addictive

La nicotine est un alcaloïde présent naturellement dans les feuilles de tabac. Il ne s’agit donc pas d’un additif introduit par les fabricants de cigarettes, mais bien d’une substance naturelle. Mais qui dit « naturelle » ne signifie pas forcément sans conséquence sur la santé.

La nicotine a en effet des impacts physiologiques significatifs. Elle peut augmenter la fréquence cardiaque, la pression artérielle et la libération d’adrénaline, contribuant ainsi aux risques cardiovasculaires chez les fumeurs. Elle peut aussi perturber le système digestif, assécher la bouche, engendrer des nausées, etc. Bref, ce n’est clairement pas un atout santé, si vous en doutiez encore !

Mais surtout, on connaît la nicotine pour ses propriétés addictives et la tolérance qu’elle engendre rapidement chez les fumeurs. Comment cela fonctionne-t-il ? Lorsqu’elle est inhalée sous forme de fumée de cigarette, la nicotine pénètre rapidement dans le système sanguin et arrive au niveau du cerveau en quelques secondes. Là, elle se lie aux récepteurs nicotiniques de l’acétylcholine, stimulant la libération de dopamine, un neurotransmetteur associé au plaisir et à la récompense. Le problème, c’est qu’elle disparait assez rapidement : le cerveau cherche donc à avoir de nouveau « sa dose » pour retrouver le plaisir ressenti lors de la dernière cigarette. Et comme une tolérance se crée, il est nécessaire de consommer des quantités croissantes pour obtenir les mêmes effets. C’est là le cercle vicieux de la dépendance.

Nicotine dans les cigarettes : quelle quantité moyenne ?

Que ce soit à titre purement informatif ou pour estimer votre consommation actuelle dans une démarche de sevrage tabagique, il est intéressant de connaître la teneur en nicotine des cigarettes.

Plusieurs études se sont intéressées au sujet, révélant une moyenne d’environ 10 milligrammes (mg) de nicotine par cigarette. Pour autant, ce n’est pas cette quantité qui est réellement absorbée par le fumeur : elle se situe plutôt autour de 1 à 2 mg par cigarette fumée.
Néanmoins, il ne s’agit que là d’une moyenne, qui cache des disparités en fonction de critères comme :

  • les marques de cigarettes, ayant chacune leur « formule » ;

  • le type de cigarette (industrielle, roulée, tubée, « light », avec ou sans filtre etc.) ;

  • la profondeur et l’intensité des bouffées ;

  • la vitesse à laquelle la cigarette est fumée.

Toujours est-il que plus le nombre de cigarettes fumées est élevé, plus la quantité de nicotine ingérée est importante. Cette substance s’accumule dans l’organisme au fil de la consommation. Toutefois, il faut savoir qu’elle disparaît aussi très rapidement : en 3 jours à une semaine, elle peut avoir été complètement éliminée.

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Substitut nicotinique : quel dosage en fonction du nombre de cigarettes quotidiennes ?

Savoir que vous ingérez X mg de nicotine par paquet de cigarettes ne vous sera pas d’une grande utilité en tant que telle. En revanche, cela peut vous aider à choisir des substituts nicotiniques adaptés, notamment si vous envisagez les patchs. Ce type de produit permet en effet une libération prolongée de nicotine sur la journée et doit donc être suffisamment dosé pour combler le manque, mais pas trop non plus pour ne pas aggraver la dépendance physiologique.

Ainsi, à titre d’exemple : si vous fumez environ 8 cigarettes par jour, il vous faudra un patch qui délivre entre 8 et 16 milligrammes de nicotine. Il est possible de commencer par la teneur la plus élevée, puis de diminuer les dosages au fil des semaines. D’autres préfèrent choisir des patchs moins dosés, mais complétés avec d’autres produits (gommes à mâcher ou sprays, par exemple).

Pour éviter toute erreur de dosage, il reste cependant préférable de demander conseil à votre médecin traitant ou à votre pharmacien. Il saura vous fournir le traitement adapté à votre consommation actuelle, pour maximiser les chances d’un sevrage tabagique serein et durable.

Quid des cigarettes électroniques et du taux de nicotine ?

Nous évoquions jusqu’ici la nicotine dans le tabac, et donc dans les cigarettes classiques. Mais la nicotine peut aussi être présente dans les e-liquides qui permettent de vapoter avec une cigarette électronique. En quoi cela est-ce différent ? Plusieurs éléments sont à prendre en compte :

  • avec la cigarette électronique, le vapoteur peut mieux contrôler l’ingestion de la nicotine, en choisissant des liquides sans nicotine ou avec un grammage précis (ex. : taux faible de 3 mg par ml, soit 30 mg pour un flacon de 10 ml, équivalent alors environ à 15 à 30 cigarettes au niveau de la nicotine contenue dans le produit) ;

  • l’absorption de la nicotine se fait plus lentement: le phénomène de vaporisation délivre plus doucement la nicotine dans l’organisme que ne le fait la combustion ;

  • le tabac contient certains additifs que l’on ne retrouve pas dans les e-liquides de qualité et qui ont tendance à augmenter l’absorption de la nicotine.

On pourrait donc penser que la dose de nicotine ingérée avec l’e-cigarette est plus faible, ou du moins que l’on a un meilleur contrôle. Cependant, la vape a aussi ses effets pervers : puisque la nicotine est moins vite absorbée, on peut avoir tendance à vapoter plus, car le manque n’est pas comblé de suite. C’est pour cette raison que l’on trouve aujourd’hui des e-liquides à base de sels de nicotine, offrant une sensation plus proche de celle de la cigarette.

Il peut par ailleurs être compliqué d’estimer sa consommation journalière avec la vape : compter le nombre de cigarettes fumées par jour est assez simple, mais savoir combien de bouffées ont été prises avec l’e-cigarette ou quelle quantité de liquide a été consommée exactement, se révèle plus complexe.

Le risque de s’ancrer dans la dépendance n’est donc pas exclu lorsque l’on passe au vapotage pour cesser de fumer la cigarette classique. Il reste donc utile de se faire accompagner pour le sevrage tabagique, que ce soit pour faire le bon choix de dosage, anticiper les pièges, éviter la rechute, etc.

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portrait Alexis Peschard

A propos de l'auteur :

Alexis PESCHARD est addictologue et le président-fondateur du cabinet GAE Conseil, cabinet aujourd’hui incontournable de la prévention des conduites addictives dans le monde du travail en France. Il dirige le Pôle Conseil en addictologie du cabinet et développe des projets en prévention primaire pour le compte de clients grands comptes et branches professionnelles. Il a fait l’objet de plusieurs centaines d’interviews en presse écrite, radios et chaînes de télévisions nationales. Il intervient enfin régulièrement dans le cadre de congrès scientifiques, journées d’études et est publié chaque année dans différentes revues RH, juridique... Il est l’auteur du livre « Tous accros aux écrans » publié aux éditions Mardaga.