Si la consommation de cannabis reste illégale en France, on sait qu’environ 11 % de la population en consomme au moins une fois dans l’année et qu’environ 3 % sont des usagers réguliers (source : Santé Publique France). Il paraît donc important d’en expliquer les effets, de savoir combien de temps cette substance reste active dans l’organisme et jusqu’à quand on peut en faire la détection avec des tests dans le sang, l’urine ou la salive.

THC dans le sang

Le THC, qu’est-ce que c’est ?

L’abréviation « THC » fait référence au tétrahydrocannabinol, une molécule que l’on retrouve dans le cannabis, au même titre que le CBD (cannabiodiol) par exemple. Toutefois, plusieurs différences majeures doivent être mises en avant :

  • Les produits à base de CBD (huile de CBD, gélules, etc.) sont autorisés sur le territoire français, si et seulement si le taux de THC qu’ils contiennent est inférieur à 0,3 % ;

  • Le THC est une substance psychoactive, qui fait partie des drogues, ce qui n’est pas le cas du CDB

  • Le cannabiodiol n’est pas reconnu comme addictogène, alors que les effets psychotropes du THC participent grandement à la dépendance psychologique et peut entrainer une addiction au cannabis.

Il faut par ailleurs savoir qu’en fonction des variétés de cannabis, des méthodes de séchage ou encore du conditionnement des produits, on peut avoir des taux de THC très variables, de quelques pour cent à plus de 15 %.

Quelle est la durée des effets du THC ?

La consommation de cannabis, et donc de THC à plus ou moins forte dose, peut induire une quantité d’effets différents :

  • Une sensation d’euphorie et/ou d’apaisement

  • Une altération des sens

  • Une altération de la coordination, de la perception du temps et de l’espace, une diminution de la concentration

  • Un temps de réaction plus élevée, etc.

Ces effets à court terme, jugés agréables par les consommateurs, ne sont donc pas sans risques. D’où les campagnes de la Sécurité Routière pour alerter sur les dangers de la consommation de cannabis avant de prendre le volant. Les risques professionnels sont également à prendre en compte notamment en termes d’hypovigilance et de somnolence.

Mais combien de temps durent ces effets ? Peut-on conduire seulement quelques heures après avoir fumé ou ingéré du THC sous une quelconque autre forme ? Si les effets se produisent dans les minutes qui suivent la consommation de cannabis, leur durée peut varier en fonction de plusieurs facteurs. Il y a d’abord le métabolisme, ainsi que la tolérance et la fréquence de consommation de l’usager (un consommateur régulier verra généralement l’effet durer moins longtemps qu’un consommateur occasionnel ou lors d’une première fois). La teneur en THC du produit joue également un rôle dans la durée pour éliminer la substance et ses effets.

Mais la façon dont il est consommé a aussi son importance. Lorsque l’on fume du cannabis, les effets commencent à s’estomper après 2 à 4 heures. Quand on consomme du cannabis par voie orale (gâteau ou infusion par exemple), les effets tardent plus à arriver, le temps que le THC arrive jusque dans l’appareil digestif et au cerveau (entre 30 minutes et 1 heure). Ils durent aussi souvent plus longtemps qu’avec un joint, et il faudra plusieurs heures avant de voir les effets diminuer, puis disparaître.

Bon à savoir : comme les autres drogues, le cannabis produit également des effets à long terme sur la santé, d’autant plus importants que le sont la quantité et la fréquence de consommation : altération du système nerveux et des capacités cognitives, maladies liées à l’inhalation de fumée, etc.

Parcours cannabis & CBD

Découvrez notre atelier de sensibilisation au cannabis. Au travers de challenges divers et variés, vous pourrez tester les différentes formes d’altérations cognitives induites par le THC.

Combien de temps restent les traces de THC dans l’organisme ?

Pour détecter la présence de THC dans le corps, les forces de l’ordre et le personnel médical ont plusieurs cordes à leur arc. Lors de contrôles routiers, ce sont d’abord les tests salivaires qui sont utilisés, et dont le résultat positif peut être confirmé par une prise de sang ou un dépistage urinaire.

La détection du THC avec un test sanguin

Lors d’une prise de sang, on peut détecter qu’une personne a consommé du THC dans les minutes qui suivent la prise (s’il est fumé). Pour un fumeur occasionnel, le test sanguin pourra déceler la présence de THC dans l’organisme dans les 2 à 12 heures qui suivent. Le TCH-COOH (molécule de dégradation du cannabis) reste quant à lui visible dans le sang jusqu’à 72 heures après la consommation.

Ces durées sont bien plus importantes lorsqu’il s’agit d’usagers réguliers, pour qui une prise de sang pourra détecter la présence de TCH consommé jusqu’à plus d’un mois après la dernière inhalation (même délai pour le TCH-COOH).

Le dépistage du THC par test salivaire

Dans la salive, à l’aide d’une languette de test salivaire, on peut retrouver des traces de THC consommé dans :

  • Les 8 heures précédentes pour un fumeur occasionnel ;

  • Les 24 heures précédentes pour un usager régulier

  • Les 8 jours précédents pour les personnes qui fument quotidiennement plusieurs joints par jour.

Le dépistage urinaire du THC

La méthode du dépistage dans l’urine, avec celle dans les cheveux (test capillaire de drogues), est celle qui permet de détecter une consommation de THC sur la plus longue durée. Concrètement, un test urinaire permet de savoir si une personne a fumé du cannabis lors des 3 à 5 jours précédents, s’il s’agit d’un consommateur occasionnel, et donner un résultat positif jusqu’à 70 jours après pour les consommateurs réguliers.

Le relargage du THC dans l’organisme

Le THC est une molécule qui, une fois consommé, va se stocker dans les graisses du cerveau. Encore une fois, le stockage va dépendre de beaucoup de facteurs : consommation de la personne, physiologie, métabolisme, etc. On ne peut pas prévoir et/ou anticiper ce stockage de THC. En cas d’évènements de stress ou de peur, le cerveau peut relarguer la molécule dans l’organisme. Ainsi, le consommateur peut se retrouver de nouveau sous l’emprise des effets sans avoir consommé de manière immédiate.

Ateliers de sensibilisation : comprendre les effets et risques de la consommation de cannabis

Si les faits sont là, il est parfois complexe de prendre réellement conscience de l’effet du cannabis sur le corps et le cerveau, et de sa durée d’action. C’est pourquoi GAE conseil propose des ateliers spécifiquement dédiés à ce produit encore considéré comme une « drogue douce ». Les salariés de l’entreprise pourront ainsi découvrir l’impact direct qu’a la consommation de cannabis, grâce à des ateliers de simulation avec des exercices (prise de décision, tests de mémorisation, etc.).

La sensibilisation des salariés et des managers aux dépistages et à leur usage a également son importance. Savoir gérer un salarié potentiellement sous l’emprise d’alcool ou de cannabis, tout en respectant le cadre réglementaire, l’est tout autant. C’est pourquoi nous organisons également des ateliers de dépistage d’alcool et de stupéfiants en entreprise.

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portrait Alexis Peschard

A propos de l'auteur :

Alexis PESCHARD est addictologue et le président-fondateur du cabinet GAE Conseil, cabinet aujourd’hui incontournable de la prévention des conduites addictives dans le monde du travail en France. Il dirige le Pôle Conseil en addictologie du cabinet et développe des projets en prévention primaire pour le compte de clients grands comptes et branches professionnelles. Il a fait l’objet de plusieurs centaines d’interviews en presse écrite, radios et chaînes de télévisions nationales. Il intervient enfin régulièrement dans le cadre de congrès scientifiques, journées d’études et est publié chaque année dans différentes revues RH, juridique... Il est l’auteur du livre « Tous accros aux écrans » publié aux éditions Mardaga.