Si on vous parle d’addiction, à quoi pensez-vous ? Peut-être à des substances comme l’alcool, le tabac, les drogues ou bien au jeu. Mais auriez-vous songé que l’activité sportive pouvait aussi être le sujet d’un comportement addictif ? C’est une réalité, qui mérite d’être en lumière, car elle touche une part non négligeable de sportifs, professionnels comme amateurs. Dans une optique de prévention et d’accompagnement, voici donc les informations clés à connaître sur le comportement addictif au sport et les conseils à suivre pour s’en sortir.
Qu’est-ce que l’addiction au sport ?
Encore peu connue du grand public, la dépendance à l’activité sportive mérite d’être expliquée : voici quelques éléments pour la définir et comprendre de quoi il s’agit.
Addiction au sport : une brève définition
L’addiction au sport, ou bigorexie, désigne une pratique excessive et compulsive de l’activité physique, au point de perturber la vie quotidienne. La personne ressent un besoin irrépressible de s’entraîner, même si cela entraîne des conséquences négatives sur la santé physique, sociale ou psychologique.
Elle fait partie des addictions comportementales, au même titre que l’addiction au jeu ou au sexe par exemple.
Mais comment peut-on devenir accro au sport ? Tout se passe dans le cerveau : l’activité physique intense stimule la production d’endorphines, que sont la dopamine et l’adrénaline, offrant une sensation de bien-être. Lorsque l’activité physique est pratiquée régulièrement, qu’importe la raison, le corps a besoin de plus en plus d’endorphines pour ressentir le plaisir initial, car il y a un phénomène de tolérance. Et quand la bigorexie est installée, c’est un peu comme avec les drogues : le sport est pratiqué non plus pour le plaisir pur, mais pour compenser le mal-être qui s’insinue lors de l’absence de sport.
Les symptômes d’une dépendance au sport
Comme dans les autres situations de dépendance, liées à une substance ou à un comportement, il y a des signes et des symptômes qui ne trompent pas pour détecter une addiction au sport :
Ainsi, quand le sport n’est plus seulement un loisir ni un moyen raisonné de rester en bonne santé et qu’il devient une obsession, on peut alors parler de bigorexie.
Pourquoi l’addiction au sport peut-elle être dangereuse ?
On entend sans cesse que le sport est bon pour la santé mentale et physique. Mais lorsque la pratique est addictive, elle devient en réalité dangereuse à de nombreux points de vue pour les sportifs !
Une dépendance insidieuse et parfois mal comprise
L’addiction au sport est souvent difficile à identifier, car l’exercice physique est perçu comme bénéfique pour la santé. Dans un contexte où le sport est valorisé socialement, associer l’idée de dépendance à une activité vue positivement crée une confusion.
Cela peut entraîner des retards de diagnostic, qui rendra la pathologie d’autant plus difficile à traiter.
Le risque de blessures et de problèmes de santé
L’une des conséquences les plus directes de l’addiction au sport est l’augmentation du risque de blessures. Le corps, soumis à des efforts intenses et répétés sans repos suffisant, ne parvient plus à récupérer correctement. Cela peut entraîner des problèmes chroniques comme des tendinites, des fractures de stress, et même des complications cardiaques liées à l’exercice excessif. Le surentraînement épuise également le système immunitaire et peut générer une fatigue chronique, rendant l’organisme plus vulnérable aux maladies.
Sans parler des effets dévastateurs d’une perte de poids trop rapide et/ou trop importante, des troubles menstruels chez la femme, etc.
L’isolement et les répercussions sur la vie personnelle et professionnelle
Une personne bigorexique privilégie généralement l’entraînement et les compétitions au détriment des interactions sociales, des loisirs ou des obligations professionnelles. Cela peut créer des tensions et même affecter la carrière professionnelle : comment rester concentré avec un haut niveau de fatigue ou lorsque la seule envie est que la journée de travail se termine pour aller pratiquer son sport favori ?
Le risque de développer d’autres addictions et pathologies
L’addiction au sport peut être associée à d’autres troubles, comme l’anorexie athlétique ou la dysmorphophobie musculaire. La personne s’impose des régimes drastiques ou consomme des substances (stéroïdes, stimulants) pour améliorer ses performances ou maintenir un corps idéalisé. Cette quête obsessionnelle de la perfection physique peut entraîner des conséquences psychologiques et physiologiques graves.
Les difficultés rencontrées en cas de manque
Comme toute dépendance, l’arrêt ou la réduction forcée du sport entraîne des symptômes de sevrage. L’individu peut ressentir de l’irritabilité, de l’anxiété, voire de la dépression. Cela peut même survenir si la personne n’a pas eu sa « dose de sport » sur une seule journée, et accentuer les problématiques relationnelles précédemment évoquées.
Quelles sont les causes courantes de la dépendance au sport ?
D’un individu à l’autre, les raisons qui mènent à l’addiction au sport peuvent être très différentes. Et parfois, il est même difficile de ne déterminer qu’une seule et unique cause. Voici donc un aperçu des principaux déclencheurs de cette dépendance sportive :
Comment soigner la bigorexie ?
Pour traiter un problème d’addiction au sport, les conseils sont assez similaires à ceux que l’on pourrait donner pour les autres dépendances comportementales.
La première étape, c’est la prise de conscience. Si vous faites beaucoup d’activité physique, posez-vous les bonnes questions : que pense mon entourage de la fréquence et de l’intensité de ma pratique ? Ai-je mis de côté certaines activités qui me plaisaient pour faire du sport ? Suis-je irritable quand je ne fais pas d’exercice pendant une journée, etc. ?
Si votre pratique du sport devient une souffrance et que vous pensez être bigorexique, il faut alors consulter des spécialistes. Tournez-vous d’abord vers votre médecin généraliste, puis vers une psychologue, un psychiatre, un diététicien et/ou un addictologue. Cela vous permettra de déceler les causes de l’addiction et de traiter la pathologie dans son ensemble, de réduire progressivement la pratique, de retrouver du plaisir à la place d’un comportement compulsif, de traiter un éventuel dysfonctionnement alimentaire, etc. Dans certains cas, vous pourrez assister à des groupes de paroles pour partager vos expériences, et parfois bénéficier de traitements médicamenteux pour gérer les symptômes de sevrage ou les troubles sous-jacents à la bigorexie.