Le chemsex : quelques éléments de contexte

Le Chemsex est un terme issu de la fusion des mots anglophones « Chemicals » (produits chimiques) et « Sex » désignant la consommation de substances psychoactives dans le cadre de pratiques sexuelles.

Si le phénomène se développe et devient un sujet d’actualité depuis quelques temps en France, il ne s’agit pas, pour autant, d’un phénomène nouveau. On le voit apparaitre notamment aux États-Unis et aux Royaume-Uni dès les années 70 dans la communauté festive alternative gay. Cette pratique se vulgarise dans certaines communautés à la fin des années 2000 dans les pays anglo-saxons et se développe en France surtout vers 2010.

chemsex illustration

Bien que le terme « Chemsex » était peu courant avant les années 2000, les pratiques et les modes de consommation des substances étaient déjà très similaires à ceux que l’on retrouve actuellement. En effet, de nombreux produits étaient déjà utilisés à des fins sexuelles, notamment la cocaïne.

La pratique du chemsex concernait principalement les communautés gays, elle se développe désormais à une population plus large et notamment hétérosexuelles.

Dans le chemsex, l’objectif des consommations réside principalement dans le but « d’initier, de faciliter, de prolonger ou d’améliorer les rapports sexuels à travers les effets psychoactifs des molécules consommées » (Rapport sur le chemsex pour le ministre de la Santé, Pr. A. Benyamina, 2022). Bien que la définition de ce qu’est le chemsex reste encore un peu floue, il existe un élément faisant consensus, c’est-à-dire que la sexualité est au cœur de la consommation de substances psychoactives, il existe une réelle intentionnalité de sexualité qui entraine une consommation de produits.

Toutefois, plusieurs études montrent bien que globalement les usagers de substances psychoactives rapportent une augmentation du désir sexuelle et une désinhibition sexuelle lorsqu’il se retrouve sous l’emprise des effets des produits consommés. Il existe donc un véritable lien entre les effets des produits et la sexualité augmentant, de manière générale, une prise de risques.

Vous pouvez également consulter : Article sur l’hypersexualité et la dépendance au sexe

L’émergence des NSP dans la pratique du chemsex

Les NSP ou « Nouveaux Produits de Synthèse » sont des substances psychoactives de synthèse qui reproduisent les effets des substances classiques comme la cocaïne, MDMA, cannabis, amphétamines, …) avec des effets plus puissants, plus toxiques, plus addictifs et avec des coûts moins élevés.

roue nsp

Ces Nouveaux Produits de Synthèse sont les produits majoritairement consommés dans la pratique du chemsex et notamment les cathinones de synthèse qui procure un fort désir sexuel, une démultiplication du plaisir et de la désinhibition.

Les produits consommés dans le cadre du chemsex

En effet, si de nombreuses catégories de substances peuvent avoir une influence sur la pratique sexuelle, seules certaines d’entre elles sont traditionnellement considérées comme associées au Chemsex.

  • Les cathinones de synthèse (dont la 3-MMC et la 4-MEC)

  • Le GHB et le GBL

  • La cocaïne, la MDMA, la kétamine et la méthamphétamine

  • Le poppers, bien que sa consommation seule reste rare dans la pratique du chemsex.

Les principaux effets recherchés par ces produits, et notamment pour les cathinones de synthèse sont l’augmentation de la libido, la désinhibition sexuelle et les effets entactogènes, la démultiplication des sensations de plaisir. La majorité de ces produits possède également un pouvoir stimulant, plus ou moins important, en fonction des molécules et des quantités consommées.

La consommation d’alcool, de tabac et de cannabis est exclue du spectre des substances consommées dans le cadre du Chemsex, en raison de leur large consommation dans la population générale. De plus, ces consommations ne reflètent pas les pratiques observées dans le contexte du Chemsex, où l’objectif principal est de maintenir une érection et de prolonger les rapports sexuels pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours.

Hors spectre des pratiques du chemsex, il y a également les rapports sexuels se produisant sous les effets de produits mais sans véritable intentionnalité d’avoir des relations sexuelles. Ainsi, les consommations qui pourraient déboucher sur des pratiques sexuels, mais dans lesquels la consommation de substances psychoactives n’a pas pour but la sexualité́, ne pourraient rentrer strictement dans le cadre du chemsex.

Quels sont les risques dans la pratique du chemsex

Outre la consommation de substances psychoactives qui entrainent des risques pour la santé, il existe des risques majorés au niveau physique et mental dans la pratique du chemsex.

L’infection par le VIH et autres IST (Infections Sexuellement Transmissibles) sont des risques plus présents dans le cadre du Chemsex. En effet, la désinhibition sexuelle peut entrainer les pratiquants à oublier ou abandonner le préservatif lors du rapport sexuel. La multiplication des partenaires est également un facteur de risques plus important dans le cadre du chemsex.

Le risque de surdose est également plus important dans cette pratique ainsi que l’apparition de badtrip liée à une consommation de substances trop fréquentes ou à doses trop importantes.

Il existe également un fort impact psychologique à cette pratique. En effet, la pratique du chemsex peut amener les personnes à ne pas s’alimenter et/ou dormir pendant plusieurs jours.

Sur le long terme, cette pratique impacte de façon importante l’estime de soi et une augmentation importante du nombre de dépression pour les personnes ayant cette pratique.

Le rôle des applications dans la pratique du chemsex

Les applications de rencontre jouent un rôle central dans la pratique du Chemsex, car elles offrent une forme d’immédiateté dans les rencontres et les pratiques sexuelles, ce qui rend l’expérience plus intense. Cela peut impacter le circuit de la récompense et contribuer au développement de la dépendance. En effet, se connecter à une application de rencontre peut rapidement susciter un craving, c’est-à-dire une envie irrépressible de pratiquer le Chemsex.

Addicto’Pixels© : l’atelier de sensibilisation sur les cyberdépendances

Notre nouvel atelier de sensibilisation : l’Addicto’Pixels offre à vos salariés une  expérience ludique et innovante pour mieux appréhender les risques liés en matière de santé et de santé-sécurité au travail des cyberdépendances !

Quelques conseils pour limiter les risques

  • Éviter de consommer si on ne se sent pas bien au niveau psychologique ou physique

  • Consommer dans un contexte rassurant et en présence de personnes de confiance

  • Toujours commencer par consommer de petites quantités de produit

  • Tester le produit avant une consommation plus importante et espacer les prises du produit

  • Être vigilant sur les mélanges de produit

  • Boire de l’eau régulièrement

  • En cas de badtrip, ne pas hésiter à appeler les urgences en composant le 15 ou le 112

Partager cet article

A propos de l'auteur :

Mathilde PERRONO est consultante et formatrice pour le cabinet GAE Conseil. Elle est titulaire d’un Master de direction des politiques et dispositifs de prévention. Depuis, elle est intervenue auprès de publics variés dans le champ de l’addictologie (entreprise, structures d’insertion, justice, jeunesse, milieu festif …). Elle acquiert ainsi une vision globale de la prévention des addictions. Elle se spécialise dans la gestion des addictions dans le monde du travail pour intervenir auprès des différents acteurs autour des enjeux de santé et de sécurité.