Usage détourné du protoxyde d’azote : quels sont les risques ?
Depuis quelques années en France, on constate une hausse de l’usage du protoxyde d’azote, que l’on appelle plus communément « gaz hilarant ». Jugée festive et amusante, l’utilisation de ce produit soulève cependant de réelles inquiétudes. Car malgré l’accès très facile au protoxyde d’azote, il n’est pas sans danger pour ceux qui le consomment, et ils l’ignorent très souvent.
Il paraît donc urgent de communiquer sur le sujet et de prendre conscience qu’il ne s’agit pas d’un produit anodin. Les pouvoirs publics ont d’ailleurs commencé à s’emparer de ce problème, en interdisant la vente de ce produit aux mineurs. Toutefois, il n’est pas compliqué pour eux de s’en procurer, que ce soit en supermarché ou en ligne. C’est pourquoi les lignes qui suivent ont vocation à faire office de prévention et à alerter sur les réels dangers de cette consommation.
NAVIGUER AU SEIN DE L’ARTICLE
1. Protoxyde d’azote : définition et mode de consommation
2. Les dangers du protoxyde d’azote pour la santé mentale et physique
3. Les conseils pour limiter les risques liés au gaz hilarant
Protoxyde d’azote : définition et mode de consommation
Avant de déterminer plus en détail quels sont les risques qui guettent les consommateurs occasionnels ou fréquents de protoxyde d’azote, il faut comprendre de quoi il s’agit et l’usage qui en est fait. Le protoxyde d’azote est un gaz, commercialisé sous forme de cartouches, et utilisé notamment pour faire fonctionner les siphons de cuisine. Il est aussi utilisé par les anesthésistes avant des opérations chirurgicales, pour endormir le patient.
Le problème, c’est que son usage est aujourd’hui détourné, en particulier par les adolescents et les jeunes adultes. À l’aide d’un siphon et d’une cartouche, l’idée est de remplir un ballon gonflable de gaz, puis de l’inhaler petit à petit. Mais certains aspirent aussi directement le protoxyde d’azote à partir du siphon.
Les dangers du protoxyde d’azote pour la santé mentale et physique
Pour les usagers de ce gaz, les effets dangereux sont immédiats, mais peuvent aussi perdurer sur le long terme. La santé dans son ensemble est mise à mal, avec l’apparition de troubles à la fois physiques et psychiques.
Les effets directs de l’usage de gaz hilarant
Dans le cadre récréatif, les jeunes cherchent à obtenir des sensations particulières en consommant du protoxyde d’azote : sentiment d’euphorie, bouffées de chaleur, fous rires incontrôlables et parfois déformation de la réalité sur les plans auditif et visuel. Ces effets ne durent que quelques secondes, et paraissent inoffensifs.
Pourtant, en fonction du profil du consommateur, de ses antécédents médicaux ou même de pathologies qu’il ignore, les conséquences peuvent être bien plus brutales et dangereuses. L’usage détourné du protoxyde d’azote peut ainsi causer une asphyxie, car le gaz prend la place de l’oxygène, une perte de connaissance, des vertiges, brûlure à cause du froid de la cartouche, et peut même mener à l’arrêt cardiaque.
Ces effets peuvent par ailleurs être démultipliés par la prise d’autres substances, comme l’alcool ou le cannabis. Et en cas de pathologie cardiaque ou pulmonaire par exemple, le risque de conséquences sévères, voire de décès, est aussi bien plus important.
Les risques pour la santé sur le long terme
Consommer du protoxyde d’azote de façon répétée et régulière présente aussi le risque de développer des troubles chroniques et des pathologies sévères. Il peut s’agir de troubles neurologiques et psychiques, d’une carence en vitamine B12, d’une atteinte de la moelle épinière, d’une anémie, d’un dysfonctionnement de l’appareil reproductif, etc.
Certains de ces troubles peuvent disparaître à l’arrêt de la consommation, mais d’autres persistent durant des années, voire s’avèrent malheureusement irréversibles, d’où l’intérêt de la prévention.
Bien sûr, les dangers sont d’autant plus élevés que la dose consommée est importante à chaque épisode et que le consommateur a cette pratique depuis longtemps.
Le potentiel addictif du protoxyde d’azote
Même si on en parle moins, il faut savoir que le protoxyde d’azote peut créer une dépendance . Comme pour les usages d’autres drogues, le consommateur va être en recherche constante du sentiment d’euphorie du gaz hilarant, et va devoir consommer une dose de plus en plus importante pour retrouver l’effet initial. Ce phénomène est accentué par l’accès facile au produit et par la courte durée des effets qu’il provoque, incitant à une augmentation progressive des prises. On parlera d’addiction dès lors que l’individu a un usage incontrôlé du protoxyde d’azote, qu’il y a une perte de la notion de plaisir et qu’il ressent un manque lorsqu’il ne peut pas consommer.
Lors de l’arrêt, les personnes dépendantes à ce gaz peuvent souffrir de difficultés semblables à celles que l’on rencontre lors du sevrage du tabac ou de l’alcool : anxiété, troubles de l’humeur, tremblements, etc.
Les conseils pour limiter les risques liés au gaz hilarant
La meilleure manière de se protéger est bien sûr de dire non à toute inhalation de gaz hilarant, même de manière occasionnelle. Mais il reste important d’informer les jeunes, et leurs parents, sur les pratiques qui réduisent les dangers de cette consommation. En cas de consommation je réduis les risques pour moi et pour les autres :
● Ne jamais inhaler directement depuis la cartouche, mais toujours utiliser des ballons, pour éviter le risque de brûlure ;
● Ne pas consommer debout, pour éviter les chutes ;
● Prendre une bonne inspiration avant d’inhaler le gaz ;
● Consommer uniquement dans un contexte sécurisé, et ne pas prendre le volant juste après une prise ;
● Ne pas enchaîner les prises de gaz hilarant ;
● Ne pas mélanger protoxyde d’azote et autres produits comme les médicaments, l’alcool ou la drogue.
Ces consignes n’ont pas pour vocation d’inciter à une consommation soi-disant « responsable » du protoxyde d’azote, mais d’en limiter les effets néfastes pour les usagers.
Si vous constatez que votre consommation est excessive et n’est plus limitée à un seul usage récréatif, ou si c’est le cas d’une personne de votre entourage, il pourra alors être pertinent d’aller chercher de l’aide pour sortir de la dépendance. Auprès de votre médecin généraliste, d’un addictologue ou d’une structure ou association spécialisée dans les addictions, il est tout à fait possible de s’en sortir, avant d’arriver au point de non-retour. Des centres d’aide et d’information sont même spécifiquement dédiés aux addictions chez les jeunes et permettent d’obtenir une écoute et des conseils pour en finir avec la dépendance au protoxyde d’azote. On pense par exemple aux maisons des adolescents, aux points d’accueil écoute jeune, etc. Toutes les coordonnées utiles sont aussi disponibles sur le site de Drogues Info Service.
Dans le cadre professionnel, des actions de sensibilisation ciblées dans les CFA (Centre de Formation des Apprentis) sont menées de manière régulière par les équipes de GAE Conseil. Les enjeux de l’usage du protoxyde d’azote auprès des jeunes est abordé notamment dans le cadre de notre atelier phare, l’Addicto’Quizz®.
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