L’addiction, par définition, ne s’arrête pas aux portes de l’usine, du bureau ou de tout autre lieu de travail. Face à des salariés en situation de dépendance à une substance ou d’addiction comportementale, il est alors légitime pour l’employeur de se demander quel est son rôle, et plus encore, quelles sont ses obligations. Voilà pourquoi nous allons explorer les impératifs réglementaires pour les entreprises face aux addictions au travail, mais aussi évoquer certaines mesures complémentaires pour lutter au mieux contre l’addiction dans le cadre professionnel.

encadrement des addictions au travail

Les obligations générales de l’employeur sur la santé et la sécurité au travail

Plusieurs articles du Code du Travail s’intéressent de près au sujet de « la santé et la sécurité au travail », avec des volets qui mentionnent plus précisément les obligations de l’employeur. Voyons de quoi il s’agit et quels sont les liens entre santé, sécurité et addiction.

Quelles sont les obligations d’une entreprise vis-à-vis de ses salariés ?

En France, le Code du travail impose à l’employeur un devoir de prévention et de protection de la santé physique et mentale de ses salariés. Plusieurs mesures sont alors requises pour répondre à cet impératif :

  • Évaluation des risques psychosociaux (stress, harcèlement, violence) et des autres risques professionnels propres à l’entreprise et au poste occupé. Les constats et analyses effectués dans ce cadre doivent être consignés dans le DUERP (document unique d’évaluation des risques professionnels).

  • Prévention et sensibilisation des salariés aux risques qu’ils encourent, sur des thématiques aussi variées que les risques chimiques, la manutention de charges lourdes, la santé mentale et le risque de burn-out, etc.

  • Formations, pour permettre à chaque nouvel arrivant à son poste de disposer des informations et des compétences requises dans le but de préserver sa sécurité et sa santé.

  • Mise à disposition d’une organisation et de ressources adaptées. On pense par exemple à la fourniture des EPI, à l’aménagement des horaires en cas de travail en extérieur par grand froid ou canicule, à des postes de travail qui limitent les troubles musculosquelettiques, etc.

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En quoi les mesures santé et sécurité au travail sont-elles liées aux problèmes d’addiction ?

Une addiction peut avoir des répercussions graves sur la santé physique et mentale des salariés. Parmi les risques liés aux addictions figurent la perte de vigilance, des troubles du comportement, des états de fatigue chronique ou encore des déficits cognitifs. Ces conséquences augmentent non seulement les risques pour l’individu, mais aussi pour les autres salariés, surtout dans des environnements de travail où la vigilance est primordiale (secteurs industriels, transports, construction).

Sur le plan mental, les addictions peuvent provoquer une détérioration du bien-être psychologique, aggravant le stress et favorisant l’isolement ou l’absentéisme. Le manque de concentration ou de contrôle émotionnel causé par certaines addictions peut également favoriser les conflits entre collègues, créant une atmosphère délétère.

Le cadre réglementaire de la sécurité au travail impose ainsi des mesures rigoureuses pour éviter que ces comportements ne mettent en péril la santé des travailleurs ou la sécurité des opérations.

Les mesures réglementaires plus spécifiques aux addictions

Les obligations précédemment évoquées s’adressent aux problématiques de santé et de sécurité dans leur globalité, qui sont parfois en lien direct ou indirect avec des situations d’addiction. Mais l’employeur a aussi des impératifs légaux intrinsèquement liés à la prévention des addictions et à la gestion de leurs conséquences au travail.

La problématique de l’addiction au travail, ou workaholisme

Le workaholisme, ou addiction au travail, est une forme d’addiction comportementale qui peut avoir des effets dévastateurs sur la santé des salariés. La réglementation française impose un cadre strict pour limiter ce type d’addiction. Tout d’abord, le Code du travail fixe un temps de travail hebdomadaire maximum de 48 heures, et de 44 heures en moyenne sur une période de 12 semaines consécutives. Le non-respect de ces dispositions expose les employeurs à des sanctions.

Le droit à la déconnexion, instauré en 2017, permet quant à lui aux salariés de couper les liens numériques avec leur entreprise en dehors des heures de travail, limitant ainsi l’invasion de la vie professionnelle dans la vie privée. Ce droit vise spécifiquement à éviter l’hyperconnexion, un facteur majeur du workaholisme. Les entreprises sont tenues de négocier des accords internes pour garantir ce droit, notamment dans les secteurs où l’utilisation d’outils numériques est prédominante.

De plus, l’employeur doit veiller à éviter les situations de surcharge de travail ou de pression continue, qui peuvent favoriser le développement de cette forme d’addiction. La prise en compte des signes de workaholisme et la mise en place de mesures de soutien (comme des formations à la gestion du temps) sont des obligations indirectes qui relèvent de la responsabilité de l’employeur en matière de santé au travail.

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La réglementation sur la consommation de substances addictives

En ce qui concerne les substances addictives, la réglementation française est également claire. La consommation d’alcool ou de drogues sur le lieu de travail est strictement encadrée, voire interdite dans certains secteurs à risque (transports, conduite d’engins, etc.). Le règlement intérieur d’une entreprise peut interdire toute consommation de substances psychoactives et imposer des sanctions disciplinaires en cas d’infraction.

L’article R.4228-21 du Code du travail stipule même qu’il est interdit de laisser entrer ou séjourner sur le lieu de travail des personnes en état d’ivresse. De plus, l’employeur a le droit de procéder à des contrôles d’alcoolémie et des contrôles stupéfiants, à condition que ceux-ci soient prévus dans le règlement intérieur et qu’ils soient justifiés par la nature du travail.

La réglementation prévoit également des aménagements pour les salariés en situation de dépendance, afin de leur permettre d’accéder à des soins sans craindre des répercussions sur leur emploi. En effet, l’employeur a une obligation d’assistance et doit orienter les salariés vers des dispositifs de prise en charge adaptés internes et/ou externes à l’entreprise.

Les bonnes pratiques pour aller plus loin que le cadre réglementaire

Au-delà des obligations légales, certaines bonnes pratiques peuvent permettre aux entreprises d’aller plus loin dans la prévention et la gestion des addictions au travail.

Premièrement, la sensibilisation régulière des employés sur les risques liés aux addictions et la promotion d’un environnement de travail sain peuvent réduire les risques à la source.
Des ateliers de sensibilisation organisés par une équipe d’experts permettront de faire passer les informations importantes de manière claire, ludique et bien souvent collaborative.
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Ensuite, il est important de détecter les comportements addictifs de manière précoce. Cela peut être fait en mettant en place des procédures de veille, où les managers et responsables RH sont formés pour identifier les signes d’addiction (baisse de performance, absentéisme, irritabilité, etc.). La formation en addictologie proposée par GAE Conseil vous offrira toutes les clés dans cette démarche préventive et proactive.

L’accompagnement des salariés touchés par une addiction est également une démarche clé. Offrir un accès à des services de soutien (psychologues, consultations médicales) ou mettre en place des programmes de réhabilitation en entreprise peut aider les employés à surmonter leurs dépendances sans risquer de perdre leur emploi. Là aussi, GAE Conseil peut être votre allié, avec un service dédié à la prise en charge des salariés par des professionnels et des patients-experts.

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portrait Alexis Peschard

A propos de l'auteur :

Alexis PESCHARD est addictologue et le président-fondateur du cabinet GAE Conseil, cabinet aujourd’hui incontournable de la prévention des conduites addictives dans le monde du travail en France. Il dirige le Pôle Conseil en addictologie du cabinet et développe des projets en prévention primaire pour le compte de clients grands comptes et branches professionnelles. Il a fait l’objet de plusieurs centaines d’interviews en presse écrite, radios et chaînes de télévisions nationales. Il intervient enfin régulièrement dans le cadre de congrès scientifiques, journées d’études et est publié chaque année dans différentes revues RH, juridique... Il est l’auteur du livre « Tous accros aux écrans » publié aux éditions Mardaga.