Bien que multiples et variés, les comportements addictifs ont des points communs : il s’agit de situations dans lesquelles un individu a une consommation ou une pratique excessive, avec une perte de contrôle, et ayant des conséquences néfastes sur sa santé et sa vie quotidienne, sans qu’il ne réussisse pour autant à stopper ce comportement.
Si un traitement est toujours envisageable, il est surtout important de prévenir, et donc d’informer et de comprendre les processus en jeu dans l’addiction. Par quels mécanismes une dépendance se met-elle en place ? Y a-t-il des facteurs de risque ? Nait-on potentiellement dépendant ou s’agit-il d’une situation qui s’insinue en fonction de l’environnement ? Voici autant de questions importantes auxquelles nous répondons ici.
NAVIGUER AU SEIN DE L’ARTICLE
1. L’explication du phénomène de l’addiction
L’explication du phénomène de l’addiction
Avant de parler plus précisément des facteurs créant l’addiction, il faut comprendre de quelle façon celle-ci s’insinue dans la vie d’une personne. Tout part du cerveau : lors de la prise de drogue ou d’alcool, de temps passé devant les écrans ou encore à jouer à des jeux d’argent, le taux de dopamine augmente par divers biais et le système de récompense est stimulé. Recherchant à nouveau le plaisir procuré par la substance ou le comportement, le cerveau va vouloir répéter la consommation. Problème : au fur et à mesure de l’usage, il s’habitue aux effets et a besoin d’une dose plus importante pour retrouver le plaisir initial. C’est alors que la dépendance s’installe.
Il s’agit ici d’une manière simple et résumée d’expliquer le fonctionnement de l’addiction, mais cela permet de bien comprendre le cercle vicieux qu’elle génère et les difficultés pour une personne addict d’en sortir.
Les facteurs de risques de développement d’une addiction à un comportement ou à un produit psychoactif
La recherche s’intéresse depuis longtemps aux phénomènes addictifs et à leurs causes. S’il reste encore des terrains à explorer, on sait aujourd’hui que l’apparition d’une addiction est multifactorielle.
La composante génétique dans le processus de dépendance
On ne peut définir l’addiction comme une maladie génétique. Néanmoins, de nombreuses études ont mis à jour l’importance des gènes dans le développement d’un comportement addictif. Sans qu’ils ne soient tous clairement identifiés, on sait par exemple que certains gènes liés au transport de la sérotonine, au métabolisme ou encore aux récepteurs de l’acétylcholine peuvent accroître le risque de devenir dépendant au cours de sa vie. La part génétique dans la sensibilité face aux substances de type alcool, tabac, cannabis ou cocaïne peut ainsi représenter entre 30 et 70 %.
La personnalité de l’individu comme cause de l’addiction
Chaque personne est différente : caractère, propension à prendre des risques, peur du danger, anxiété, confiance en soi, etc. Et tout cela influe sur le risque de devenir dépendant. La recherche a en effet pu montrer que certains profils sont plus susceptibles d’entrer dans l’addiction. C’est notamment le cas des personnes qui sont en recherche de sensations fortes, qui sont très anxieuses, qui sont dépressives ou qui sont impulsives. Elles sont non seulement plus vulnérables sur le plan neurologique, mais ont aussi tendance à être plus tentées par des comportements ou des produits addictifs. La consommation d’alcool va par exemple aider une personne introvertie à se désinhiber, tandis que la prise de drogues hallucinogènes va satisfaire la curiosité d’un individu à la recherche de nouvelles expériences.
Là encore, cela n’explique pas toujours tout, car malgré l’intérêt qu’elles portent à une ou plusieurs substances, certaines personnes réussissent à en avoir un usage uniquement récréatif (qui reste tout de même nocif pour la santé la plupart du temps). Le facteur individuel doit donc être mis en perspective et étudié en combinaisons avec d’autres causes pour expliquer les addictions.
Les troubles psychiques favorisant le risque d’addiction
En plus des fragilités de chacun (stress, mauvaise estime de soi, etc.), il existe des troubles qui favorisent le développement de comportements addictifs. Parmi eux, on trouve par exemple le trouble bipolaire, les TOC, les dysfonctionnements du comportement alimentaire, le trouble anxieux, les TDAH, etc. La consommation de drogues illégales ou de médicaments à haute dose est alors considérée comme une façon de calmer le trouble, de s’auto-anesthésier, de booster sa confiance en soi, de gagner en énergie, etc.
Il faut aussi savoir que la consommation de drogues ou que les addictions comportementales peuvent elles-mêmes entraîner ou révéler la présence de troubles psychiques.
L’importance de l’environnement dans le développement d’une pratique addictive
Un individu ne naît pas dépendant, sauf dans certains cas rares où il a pu être exposé à des substances addictives lors de la grossesse.
En réalité, l’environnement joue un rôle crucial dans le développement d’une addiction. Par exemple, on sait qu’un enfant exposé très tôt à des images pornographiques a plus de risque de développer une addiction au sexe ou qu’un individu qui commence à boire de l’alcool très jeune sera 10 fois plus susceptible d’en devenir dépendant.
De même, le contexte dans lequel on évolue joue un rôle dans la survenue d’une addiction. On pense notamment aux problèmes familiaux ou aux fréquentations sociales, qui peuvent créer des habitudes, des interdits, des impératifs sociaux, etc. Sans oublier qu’un contexte d’insécurité, voire dangereux, est un facteur de risque d’addiction non négligeable.
Enfin, la facilité d’accès au produit ou à la pratique fait partie des causes de la dépendance. Le tabac, l’alcool, les médicaments et les écrans sont par exemple disponibles partout et sans obstacle, ce qui autorise une consommation facile et excessive.
L’environnement professionnel peut également être, dans certains cas, source de développement de conduites addictives.
Plusieurs origines peuvent expliquer cela comme par exemple :
● Un contexte spécifique d’incertitude dans un contexte de réorganisation, de PSE
● Le télétravail et le travail hybride
●Le stress professionnel, des situations de harcèlement…
● Les incitations à consommer dans le cadre de pots et manifestations avec alcool
● Etc.
Il s’agit d’un enjeu majeur de santé-sécurité au travail ; les conduites addictives sont un risque qui vient majorer tous les risques professionnels face auxquels l’employeur peut organiser des ateliers de sensibilisation dans le cadre de safety day ou de journées QVT ainsi que des actions de formation pour ses managers, membres de CSE etc.
Le potentiel addictif du produit ou du comportement
Il serait préjudiciable de dire que l’alcool est moins dangereux que la cocaïne ou que le workaholisme est moins nocif que la consommation régulière de cannabis. Néanmoins, il faut savoir que certaines substances sont par nature plus addictives que d’autres, tout autres facteurs égaux par ailleurs. Le sevrage est alors d’autant plus complexe. C’est notamment le cas avec la nicotine contenue dans le tabac, l’héroïne, le crack, la cocaïne, mais aussi les jeux vidéo multi-joueurs en ligne. De plus, certains produits provoquent une addiction plus rapide, de par leur composition et/ou de la faible durée de leur activité sur le cerveau. Cela pousse à consommer rapidement de nouveau pour combler le circuit de récompense, entrainant peu à peu une perte de contrôle et une dépendance.
Partager cet article