Pour évaluer l’alcoolémie on peut utiliser deux méthodes standard : l’éthylotest qui permet de connaître la concentration d’alcool en milligrammes par litre d’air expiré et la prise de sang pour déterminer le nombre de grammes d’alcool contenus dans un litre de sang. Ces outils peuvent être utilisés dans plusieurs contextes, notamment lors de contrôles routiers. Mais si vous avez consommé de l’alcool 3 heures plus tôt, la prise de sang sera-t-elle positive ? Existe-t-il des moyens d’éliminer plus rapidement l’alcool dans le sang ? Sommes-nous tous égaux face à la concentration d’alcool dans le sang ?

alcool dans le sang, gueule de bois

Le processus d’élimination de l’alcool dans le sang

Lorsque l’on consomme une boisson alcoolisée, celle-ci est absorbée par deux organes : l’intestin grêle et l’estomac. Mais contrairement aux aliments que nous mangeons quotidiennement, l’alcool passe directement dans le sang, sans avoir besoin de passer par une étape de digestion. C’est pourquoi la diffusion est rapide et que la sensation d’ébriété peut se faire ressentir après quelques dizaines de minutes seulement.

Mais une fois dans le sang, comment les molécules d’alcool peuvent disparaître de l’organisme ? C’est là le rôle du foie et de ses enzymes, qui par plusieurs étapes de transformation, finit en effet par éliminer l’alcool. Il devient de l’acétaldéhyde, puis de l’acide acétique, non nocif pour le corps.

Il faut savoir qu’à partir d’une certaine dose d’alcool ingérée, le foie n’arrive plus à faire son travail correctement. Il ne détruit pas l’alcool aussi rapidement qu’il entre dans l’organisme, et c’est ce qui fait croître la concentration alcoolique dans le sang.

La durée entre consommation d’alcool et retour à l’état de sobriété

Vous aurez beau employer tous les remèdes de grands-mères possibles et imaginables, vous ne parviendrez pas à empêcher votre alcoolémie de grimper si vous buvez de l’alcool. Il faudra toujours un certain temps au corps pour éliminer cette substance. On peut donner quelques principes de bases pour calculer cette durée, mais il faut savoir que nous ne sommes pas tous égaux.

Les généralités sur la durée d’élimination de l’alcool

De façon générale, la contenance d’alcool diminue en moyenne de 0,085 gramme à 0,15 gramme par litre de sang et par heure. Bien sûr, cela vaut à partir du moment où l’on consomme le dernier verre. Ainsi, si vous buvez une bière, 3 verres de vin puis un verre de digestif lors d’un long repas, le taux va ainsi osciller au fil des heures : le foie va éliminer une partie de l’alcool, puis il va à nouveau en recevoir avant d’avoir tout éliminé. Mais comment connaître son taux à l’instant T, pour savoir ensuite au bout de combien de temps on repasse à 0 (ou au moins sous la limite maximum pour reprendre le volant sans perdre de points ni mettre en danger la vie d’autrui) ?

Il existe pour cela un calcul assez simple à réaliser, prenant en considération la quantité d’alcool consommée, le sexe (qui permet d’estimer la proportion d’eau dans le corps) et la corpulence. L’alcoolémie est alors déterminée de la façon suivante :

  • Pour un homme : quantité d’alcool absorbé en grammes (en sachant qu’une unité d’alcool = 10 g) / poids en kg x 0,68
  • Pour une femme : quantité d’alcool absorbé en grammes (en sachant qu’une unité d’alcool = 10 g) / poids en kg x 0,55

Une unité d’alcool équivaut à un verre standard et donc à 10 grammes d’alcool pur. Que l’on consomme 25 cl d’une bière à 5°, 10 cl d’un vin à 12° ou encore 3 cl de whisky à 40°, on consomme la même quantité d’alcool et le taux d’alcoolémie sera donc le même. Toutefois, si la quantité d’alcool d’un verre standard est valable dans un bar ou un restaurant, ce n’est pas toujours le cas lorsque l’on consomme à domicile où un verre d’alcool servi peut facilement être l’équivalent de deux voire trois unités d’alcool. Pour vous aider à identifier les unités d’alcool, il est possible de s’appuyer sur les gobelets de prévention alcool GAE Conseil. Grâce à notre « Parcours alcool », vous pourrez aussi appréhender l’environnement sous l’emprise de l’alcool et ainsi prendre conscience de la diminution du champ de vision, des réflexes, etc.

La consommation de boissons alcoolisées peut entrainer de forts risques au niveau professionnel notamment si l’on occupe un poste à risques (conduite, risque électrique, port de charges, etc.). Le taux d’alcoolémie peut « grimper » rapidement et même une faible consommation peut entrainer une diminution des réflexes, de la vigilance pouvant conduire à des accidents du travail. En fonction de son poste, et dans le cadre de l’obligation de santé et de sécurité au travail, l’employeur peut être autorisé à procéder à des opérations de dépistage afin de garantir que les postes sensibles sont occupés en tout sécurité dans la mesure où une formation spécialisée au dépistage a été dispensée.

Bien entendu, cela reste une estimation et ne vaudra jamais les résultats obtenus via une prise de sang. Par ailleurs, en fonction du nombre de boissons consommées et de leur concentration en alcool et de facteurs morphologiques, il peut aussi bien se passer 1 heure que plusieurs heures avant absorption et élimination des molécules dans le sang.

En cas de doute, ou de taux d’alcoolémie limite, le mieux est d’attendre encore un peu pour une élimination quasi complète. Et si vous voulez tenter l’expérience de l’alcoolémie 0 ou réduire votre consommation sur le long terme, inscrivez-vous au mois sans alcool en janvier ! C’est l’occasion idéale pour faire le point sur votre consommation et un bon moyen de constater les effets bénéfiques de l’arrêt sur votre santé !

Bon à savoir : on entend parfois dire que la consommation à jeun entraîne une alcoolisation plus importante qu’en ayant mangé. En réalité, c’est la durée de diffusion qui diffère : avec l’estomac vide, l’alcool se propage bien plus vite dans les organes et dans le sang.

Les facteurs faisant varier le temps d’élimination

Nous ne sommes pas tous constitués de la même façon, et cela peut expliquer que parfois, à consommation égale, deux personnes n’ont pas le même taux. Le poids, le sexe, les enzymes présents dans le foie, la vitesse de consommation, l’âge, etc. sont autant d’éléments qui peuvent influer sur la durée d’élimination.

En revanche, inutile d’user de certains stratagèmes pour réduire l’absorption ou éliminer plus rapidement. Boire une tisane, faire une sieste ou encore prendre une douche froide n’agira en rien sur le taux d’alcool dans le sang, même si cela pourra vous aider à vous sentir mieux après une consommation excessive.

Alcoolémie et alcoolisme : bien comprendre la différence

Si l’alcoolémie est un état passager, qui se traduit physiquement par une augmentation de la quantité d’alcool dans le sang, la dépendance alcoolique est toute autre. Vous pouvez tout à fait avoir un fort taux d’alcool dans l’organisme à un moment donné sans être alcoolique, tout comme une personne addict à l’alcool n’a pas forcément un taux constant d’alcool dans le sang très élevé.

Santé Publique France a mis en place de nouvelles recommandations concernant la consommation d’alcool afin de limiter les risques pour la santé et les risques de développement d’une dépendance :

  • Ne pas consommer plus de dix verres standards par semaine
  • Ne pas consommer plus de deux verres standards par jour
  • Avoir des jours sans consommation dans une semaine

Mais alors, qu’est-ce que l’alcoolisme ? Il s’agit d’une maladie, mettant en proie le cerveau et le corps à une substance dévastatrice pour la santé physique et la santé mentale. On parle d’addiction à l’alcool lorsque la consommation s’inscrit dans la durée, mais surtout :

  • lorsqu’elle devient difficile (voire impossible) à contrôler;
  • lorsque la boisson prend le pas sur les autres aspects de la vie ;
  • qu’elle est à l’origine de souffrance et d’isolement;
  • que des symptômes de manque se font ressentir lorsque la consommation cesse.

Il convient alors de consulter un spécialiste de l’addiction, qui saura mettre en place un processus de guérison adapté à la personne, à son passif, à ses habitudes, etc.

Partager cet article

A propos de l'auteur :

Mathilde PERRONO est consultante et formatrice pour le cabinet GAE Conseil. Elle est titulaire d’un Master de direction des politiques et dispositifs de prévention. Depuis, elle est intervenue auprès de publics variés dans le champ de l’addictologie (entreprise, structures d’insertion, justice, jeunesse, milieu festif …). Elle acquiert ainsi une vision globale de la prévention des addictions. Elle se spécialise dans la gestion des addictions dans le monde du travail pour intervenir auprès des différents acteurs autour des enjeux de santé et de sécurité.