La proportion de fumeurs qui décèdent de cause attribuable au tabac est de 1 sur 2. L’arrêt de la cigarette est donc la meilleure décision à prendre pour sa santé, mais il peut être accompagné d’effets secondaires désagréables. Il est important de comprendre que ces effets font partie du processus de transition vers une vie sans tabac. Dans cet article, nous explorerons les effets secondaires courants de l’arrêt de la cigarette et comment les gérer pour réussir à vivre sans tabac, une vie sereine et libérée des obsessions.

effets_arrêt_tabac

Les symptômes de sevrage de la nicotine

Cela n’est désormais un secret pour personne, arrêter le tabac – et a fortiori la nicotine – est une épreuve qui peut s’avérer douloureuse.

En effet, il s’agit là d’une addiction, et nous avons vu dans d’autres articles que l’on parle ici d’une maladie, qui ne relève donc pas de la simple volonté de s’en libérer.

Étymologiquement, le mot addiction vient d’un mot latin qui désignait les esclaves pour dettes. À cette époque, l’impossibilité de s’acquitter auprès de son créancier pouvait être compensée par le fait de se mettre à son service gratuitement.

Ce n’est pas par hasard que l’on a conservé ce mot pour désigner la maladie qui nous intéresse, puisque la signification qui l’entourait était toute désignée pour qualifier la réalité de la dépendance à un produit ou à un comportement : on en est esclave. Car il.elle a beau vouloir s’en affranchir, l’addict y revient toujours, comme vers un maître qui l’appelle.

Une des raisons de ce retour vers son bourreau, est l’état intense et inconnu, dans lequel met, l’absence de substance, dans un corps qui n’y est pas – encore – habitué.

Ce dernier, dans une illusion de chute fatale, va réclamer cette béquille qu’il a enregistrée comme étant indispensable à sa survie.

Surviennent alors les cravings. Lors d’un arrêt de tabac, les envies de fumer peuvent être intenses, surtout au début du processus. Leur aspect imprévisible laisse le sujet dans un état de vigilance permanente et épuisante, car elles peuvent survenir à tout moment, et durer de quelques minutes à plusieurs heures. Il s’agit alors de parvenir à se souvenir que ce moment est effectivement passager, car, lorsqu’il surgit, le corps est tant pris dans sa tourmente qu’il donne la fausse conviction que cet état durera toujours, et qu’il est urgent de le faire cesser… en consommant le produit réclamé. Cela peut paraître évident, mais le flou mental dans lequel plonge une transition si intense peut faire oublier à l’addict en arrêt les notions les plus basiques.

Un autre symptôme qui peut se faire sentir lors de l’arrêt de tabac est l’irritabilité ainsi que l’anxiété. L’arrêt de la nicotine peut en effet entraîner des sautes d’humeur, en raison de la privation de cette substance addictive. Un addict privé de son produit ne sera plus lui-même et l’entourage témoigne alors très souvent, pour confirmer qu’ils ne reconnaissent plus leur fils, leur fille, leur mari ou leur femme. L’humeur est considérablement altérée. C’est ainsi que cette épreuve pour la personne en arrêt, peut l’être également pour l’entourage. Il faut alors bien garder à l’esprit que le sujet n’est plus vraiment lui-même et que cet état n’est que passager, il.elle retrouvera sa personnalité d’antan, véritable, et l’on peut même, souvent, avoir de bonnes surprises sur ce plan!

Notons également qu’à cela peuvent venir s’ajouter des troubles du sommeil : Certains fumeurs en sevrage peuvent éprouver des difficultés à s’endormir ou à maintenir un sommeil de qualité, dû au stress que provoque le changement dans la chimie du corps.

Atelier « Stand tabac & consultations individuelles »

Découvrez cet atelier de prévention collective pour sensibiliser vos salariés au tabagisme et présenter les différente formes d’aides à l’arrêt ; à l’occasion de faire également un bilan individuel avec un tabacologue.

Les effets sur la santé physique

Alors que l’on s’attend à voir sa santé pulmonaire s’améliorer immédiatement, le sujet en arrêt du tabac peut voir survenir une toux et des maux de gorge. Là encore, il s’agit d’être patient, car le corps commence à se débarrasser des substances toxiques de la cigarette, ce qui peut entraîner une augmentation temporaire de la toux, une inflammation de la gorge, ainsi qu’une congestion nasale.

Contre toute attente, et dans la majorité des cas, cela est pourtant bon signe, car c’est la preuve que la membrane nasale se reconstruit, entraînant une congestion temporaire.

Enfin, une fatigue latente peut également venir compléter le tableau. En effet, la nicotine étant une substance stimulante, le corps s’est donc habitué à être ainsi « dopé », et il doit désormais se réhabituer à trouver son énergie ailleurs. Là encore, l’équilibre se rétablira rapidement.

Les effets émotionnels

Au-delà des symptômes physiques, certains symptômes émotionnels peuvent survenir, qu’il s’agira alors de prendre avec recul, car la personne en proie à ces états peut rapidement être pris dans l’illusion d’une noirceur générale.

Certains fumeurs en phase d’arrêt peuvent ressentir une baisse temporaire de l’humeur, voire une légère dépression, en raison de l’ajustement chimique dans le cerveau lors de l’arrêt de la nicotine. Cette substance est en effet directement impliquée dans le circuit de la récompense, chargé de libérer les hormones dites du « bonheur », telles que l’endorphine et la dopamine. Un arrêt de cette chimie induite artificiellement par la nicotine durant des années peut surprendre le cerveau, et créer un état de tristesse ou d’apathie, bien sûr temporaires.

L’addiction ayant installé une dépendance, l’obsession était le quotidien des fumeurs. Entre deux cigarettes, toutes les pensées étaient tournées vers la prochaine. Cette dernière n’arrivant pas dans le cas d’un arrêt, l’obsession se maintient, car le corps est « en manque », et réclame donc son « dû ». Ainsi, une difficulté à se concentrer peut advenir lors d’un arrêt, seulement le temps que le cerveau se réajuste et comprenne que cette « prochaine » cigarette ne viendra pas et qu’il est donc inutile de la réclamer. Jusque-là, toutes les pensées seront tournées vers cet objectif, ce qui peut affecter temporairement la concentration et la clarté mentale.

Stratégies pour faire face aux effets secondaires

Face à ces conséquences négatives, le fumeur motivé dans son arrêt, pourrait en venir à se demander si cela vaut vraiment le coup d’arrêter, s’il s’agit finalement d’en souffrir.

Il est bien évidemment primordial de toujours, toujours garder à l’esprit que tous ces symptômes sont passagers, et qu’il ne s’agit que d’une période que l’on appelle « de sevrage », celle durant laquelle le corps et le mental doivent se réhabituer à vivre sans une substance qui leur a servi de carburant pendant des années, voire des décennies.

Le corps est alors surpris, comme un tapis que l’on tire sous ses pieds.

Mais la biologie est ainsi faite, qu’il parvient à s’habituer à tout, et un arrêt du tabac ne peut qu’être bénéfique, passée cette période d’ajustement. Il s’agit alors de prendre son mal en patience et de limiter les souffrances qu’engendrent ces effets. Pour cela, il existe différentes stratégies, pour adoucir cette période.

Le soutien social est essentiel dans le processus d’arrêt d’une addiction. Il s’agit donc pour le sujet de parler de ses défis à sa famille, ses amis ou encore à un groupe de parole. Leur appui peut l’aider considérablement à rester motivé et à surmonter ces difficultés, en lui rappelant constamment – car l’addict en souffrance oublie vite et se replonge facilement dans ses pensées limitantes, auxquelles il croit dur comme fer – qu’elles ne sont que temporaires.

C’est ainsi que l’entourage professionnel peut s’avérer un élément clé dans l’arrêt du tabac, car les collègues de travail forment souvent une communauté presque familiale, qui peut représenter un vrai soutien émotionnel pour la personne en arrêt. C’est pourquoi, le cabinet GAE insiste sur le fait que le milieu professionnel est un endroit stratégique pour la lutte contre les addictions, et qu’il est primordial d’y installer un climat de bienveillance et de mettre le focus sur la santé des employés.

Les substituts de nicotine peuvent être un bon moyen de transition, afin que le corps ne soit pas trop surpris par un arrêt brutal de la substance à laquelle il s’était tant habitué. Ainsi, les patchs ou les chewing-gums à la nicotine, peuvent aider à réduire les symptômes de sevrage en fournissant une dose de nicotine sans les autres produits chimiques présents dans la cigarette.

Notons que ces substituts sont désormais remboursés à 65% par la sécurité sociale, le reste étant couvert par les mutuelles comme n’importe quel autre médicament.

Il faut cependant garder à l’esprit que cette technique n’est en rien une solution viable sur le long terme, et ne fera que déplacer l’addiction, si on l’envisage de manière permanente. Même si l’absence de la combustion de la cigarette limitera beaucoup d’inhalation de produits hautement toxiques, le sujet ne sera en rien « libéré » de cette habitude qui le maintien en état d’esclave, dépendant.

Les techniques de gestion du stress sont également à ne surtout pas négliger. Il ne faut cependant pas oublier qu’il ne s’agit pas de la solution rapide – mais très éphémère – qu’était la nicotine. Ces techniques sont en réalité l’exact opposé : leurs effets mettront plus longtemps à se faire sentir, mais ils seront bien plus durables, et ne nécessiteront pas d’augmentation des doses. Il s’agit de pratiques viables dans le temps et indéfectibles. Ainsi, les techniques de relaxation comme la méditation, la respiration profonde ou l’exercice physique pourront réduire l’irritabilité et l’anxiété, et installer une sérénité mentale durable, qui, à terme, pourrait aller jusqu’à ôter au sujet l’envie même de se tourner vers un produit.

En effet, la raison sous-jacente a beaucoup d’addictions est l’anxiété chronique, que beaucoup tentent de soulager grâce à la solution rapide que sont les produits. Mais si l’on s’attache à guérir cette anxiété, cette « solution » n’aura plus lieu d’être, puisque le problème lui-même aura disparu.

L’arrêt de la cigarette est une étape importante vers une vie plus saine, mais il peut être accompagné d’effets secondaires temporaires. En comprenant ces effets et en adoptant des stratégies appropriées pour les gérer, la personne engagée dans un processus d’arrêt du tabac peut augmenter ses chances de réussir. Il s’agit de ne pas oublier que les effets secondaires sont temporaires et que les bienfaits à long terme pour la santé en valent largement la peine.

Partager cet article

A propos de l'auteur :

Margaux LAPLACE est patiente experte en addictologie au sein de l’APHP. Après avoir connu l’addiction dans sa chair, elle souhaite désormais mettre son expérience au service de la prévention. C’est ainsi qu’elle a obtenu son diplôme en addictologie. Ses missions aujourd’hui, à l’hôpital, sont le soutien continu des patients hospitalisés pour addiction, l’animation des groupes de parole, mais également la recherche clinique, ainsi que l’enseignement de sa spécialité aux médecins et futurs médecins à la faculté de médecine de Paris. En plus de la lutte contre les addictions aux produits tels que l’alcool, le cannabis et la cocaïne, celle contre les troubles du comportement alimentaire lui tient particulièrement à cœur. C’est ainsi qu’elle a rejoint l’équipe du cabinet GAE Conseil en 2023, afin de prendre part à son action pour la lutte contre les addictions.