Lors d’une grossesse, le message de prévention à retenir est « Zéro alcool pendant la grossesse ». Mais pourquoi préconise-t-on une abstinence totale durant cette période ? Quels sont les risques pour le fœtus et pour le futur bébé d’une consommation d’alcool pendant la grossesse ?
NAVIGUER AU SEIN DE L’ARTICLE
1. Quels sont les risques d’une consommation d’alcool pendant la grossesse ?
2. Pourquoi l’alcool est-il nocif pour le fœtus ?
4. Les conséquences d’un SAF ou d’un TAF sur un enfant
5. Les conséquences d’un SAF ou d’un TAF sur un enfant
Quels sont les risques d’une consommation d’alcool pendant la grossesse ?
L’alcool est un produit psychoactif tératogène. Il s’agit d’une substance toxique provoquant des malformations chez l’embryon et chez le fœtus lors de son développement in-utero notamment au niveau du cœur, des reins, des yeux et des oreilles. Les campagnes de prévention et de santé publique sensibilisent au message suivant « Zéro alcool pendant la grossesse ». Mais quels sont exactement les risques auxquels s’exposent le fœtus et le futur enfant ?
Les représentations de la consommation d’alcool pendant la grossesse ont beaucoup évolué au fil des années et la campagne de prévention « Zéro alcool pendant la grossesse » est de mieux en mieux intégré. Les enquêtes de Santé Publique France entre 2015 et 2017 montrent une évolution positive dans les chiffres mais aussi sur les idées reçues concernant la consommation d’alcool pendant la grossesse et les risques associés. En effet, selon la dernière enquête de Santé Publique France de mai 2017, « 44 % des Français vs 25% en 2015 déclarent spontanément qu’il n’existe pas de consommation d’alcool sans risque pour l’enfant ».
Depuis 1999, le 9 septembre est la journée mondiale du Syndrome d’Alcoolisation Fœtale (SAF). Cette journée est l’occasion de rappeler les différents risques liés à la consommation d’alcool durant la grossesse et de mener différentes actions de sensibilisation et de prévention collective. Les entreprises ont aussi un rôle à jouer dans le relai de cette campagne de santé publique à l’occasion de la journée mondiale mais aussi tout au long de l’année !
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Pourquoi l’alcool est-il nocif pour le fŒtus
Lorsque l’alcool est ingéré par la mère, il passe dans le sang avant d’être métabolisé par le foie pour 95 %. Le placenta, qui est l’organe protégeant le fœtus in-utero, ne fait pas barrière à certains produits et notamment à l’alcool. Cela signifie que l’alcool bu par la mère est également ingéré par le fœtus. Les recherches scientifiques ne permettent pas, à l’heure actuelle, de définir le seuil de consommation d’alcool qui serait à risque pour le bébé. Il est donc préférable de préconiser l’abstinence totale pendant toute la grossesse.
En 1900, un biochimiste français publie un article indiquant que « la concentration d’alcool dans le sang du fœtus est égal au taux d’alcoolémie de la mère ». Toutefois, il faudra attendre 1973, pour que des chercheurs américains reprennent les éléments et que les risques de la consommation d’alcool pour le fœtus soient reconnus.
Les conséquences d’une alcoolisation intra-utérine : le syndrome d’alcoolisation fŒtale (saf) et les troubles causés par l’alcoolisation fŒtale (TCAF)
Les Troubles Causés par l’Alcoolisation Fœtale (TCAF) englobent une multitude de troubles notamment liés à l’atteinte du système nerveux central. Il existe différents degrés de TCAF. Le plus important est le Syndrome d’Alcoolisation Fœtale (SAF).
Le SAF est facilement repérable mais touche seulement 10 % des enfants touchés par les TCAF.
En France, entre 2006 et 2013, environ une naissance par jour, soit plus de 3000 enfants présenterait un Trouble Causé par l’Alcoolisation Fœtale (TCAF). Parmi ces 3000 enfants, environ 450 d’entre eux serait atteint d’un SAF. Ces chiffres sont très certainement sous-estimés. En effet, il est difficile de diagnostiquer ces troubles en période néonatale et n’incluent pas les diagnostics posés ultérieurement, lors de l’enfance voire à l’adolescence.
Les troubles liés à l’alcoolisation fœtale sont méconnus et encore peu diagnostiqués. Ils restent souvent associés à des troubles du comportement et au déficit de l’attention. En effet, les enfants souffrant de TCAF développent souvent des troubles « dys ». La consommation d’alcool pendant la grossesse est la première cause de handicap mental non génétique évitable en France.
Les conséquences d’un SAF ou d’un TAF sur un enfant
Une exposition intra-utérine à l’alcool peut avoir différentes conséquences sur le futur enfant à naitre et sur son évolution physique et psychique. Il existe différents degrés en fonction de l’exposition in-utero mais plusieurs troubles sont repérés de façon régulière lors d’un diagnostic.
Les troubles primaires :
- Aspects cognitifs : inattention, désorganisation, faible mémoire de travail, limitation intellectuelle
- Aspects sociaux : faible contrôle de soi, difficultés de positionnement social, faible capacité de jugement
- Aspects émotionnels : réactions affectives inappropriées, intolérance à la frustration, impatience
- Aspects moteurs : agitation excessive, difficultés de coordination
- Aspects physiques (en cas de SAF) : retard de croissance, petit périmètre crânien, malformations inconstantes, …
Les troubles secondaires :
- Difficulté d’apprentissage pouvant mener à un décrochage scolaire
- Une vulnérabilité accrue face à la consommation de substances psychoactives et aux conduites à risques
- Faible estime de soi
- Des problématiques judiciaires plus importantes
- Des actes inconsidérés ou déplacés et des comportements sexuels inappropriés
J’ai consommé de l’alcool avant de savoir que j’étais enceinte. Est-ce grave ?
Il n’est pas rare que les femmes consomment de l’alcool lors du premier mois de la grossesse lorsque celle-ci n’est pas encore connue. Cette consommation, plus ou moins importante, peut apporter un sentiment de stress et/ou de culpabilité vis-à-vis des conséquences que la consommation d’alcool lors de ce premier mois pourrait entrainer sur le développement du fœtus. Très souvent, lorsqu’un embryon a été trop impacté par l’alcool lors des premières semaines de gestation, la grossesse s’interrompt de manière naturelle avant même la connaissance de celle-ci.
Si la mère a consommé de l’alcool occasionnellement et en petites quantités durant les premières semaines, cette consommation présente peu de risques pour la grossesse et le futur enfant. Si la consommation a été régulière et importante, cela comporte davantage de risques notamment sur un risque plus important de prématurité ou de fausse-couches. Toutefois, les études ne permettent pas de donner d’indications précises sur la quantité et la fréquence des consommations qui seraient à risque même en début de grossesse. C’est pourquoi, les sage-femmes et les gynécologues préconisent de ne pas consommer d’alcool dès le projet d’une grossesse.
Dans tous les cas, qu’il y ait eu une consommation occasionnelle ou régulière d’alcool, il est important d’en parler aux professionnels de santé afin de faire le point sur sa consommation. Changer ses habitudes de consommation peut être difficile même lorsque l’on consomme peu. Les professionnels de santé pourront accompagner les femmes à mieux gérer cette période pleine de changements.
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