Le « sniffy » ou poudre énergisante à sniffer est un nouveau produit psychoactif stimulant qui fait parler de lui depuis quelques semaines. Vendu dans les bureaux de tabac et sur internet pour un prix raisonnable de 14,90 € la boîte, cette poudre blanche a forte ressemblance avec la cocaïne fait polémique.

Sniffy risques

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Qu’est-ce que le sniffy ?

Avec des saveurs fruitées comme fruit de la passion, citron vert, menthe ou encore fraise, le sniffy est présenté comme un complément idéal « booster votre énergie instantanément » rappelant les boissons énergisantes. D’ailleurs, la composition de cette poudre ressemble à celle des boissons énergisantes à savoir la présence de caféine, de taurine, de créatine ou la L-citrulline, etc.

Les créateurs du sniffy vendent ce produit comme étant une aide pour « rester éveillé et/ou concentré » avec une promesse de booster les performances lors des activités physiques, des études, des examens ou encore pour tenir la nuit lors d’évènements festifs.

Mais au-delà de cette communication flatteuse et un marketing important vantant les mérites de ce produit, le sniffy questionne énormément en termes de santé publique. En effet, son mode de consommation par inhalation nasale, sa ressemblance avec la cocaïne et les risques sanitaires potentiels soulèvent de nombreuses interrogations.

Avec des saveurs fruitées pour rendre le produit plus attrayant, le sniffy semble viser une population jeune, à la recherche de performance et de sensations. Son prix abordable et sa facilité d’accès en font également un produit potentiellement addictif et attractif.

Les effets du sniffy

Cette poudre blanche vendue pour booster les performances est absorber dans l’organisme par inhalation. Les effets sont immédiats grâce à une absorption rapide par les muqueuses. Les effets stimulants du produit durent généralement entre 20 et 30 minutes.

La dose maximale conseillée par les fabricants est de 2 grammes quotidiennement soit 2 fioles par jour renvoyant à une consommation importante pouvant créer une dépendance comportementale à ce produit.

Rappelons que les bienfaits supposés du sniffy ne sont soutenus par aucune étude scientifique et que, comme toute autre substance psychoactive, son usage présente un risque addictif et des risques pour la santé de l’usager.

Des risques pour la santé

Bien que présenté comme un produit naturel et sans problématiques pour la santé, le sniffy comporte en réalité de nombreux risques pour la santé :

  • Inflammation des muqueuses nasales : Les ingrédients tels que la caféine, la créatine, la taurine et la beta-alanine peuvent entrainer une irritation des muqueuses nasales pouvant provoquer une sécheresse ou voire une inflammation.

  • Troubles du sommeil : La présence de caféine dans le sniffy peut provoquer des troubles du sommeil, en particulier si le produit est consommé en fin de journée.

  • Interactions avec l’alcool ou certains médicaments : La consommation de sniffy peut influer sur l’efficacité de certains traitements médicamenteux ou entrainer des effets secondaires indésirables. De plus, la polyconsommation du sniffy avec d’autres substances psychoactives (alcool, cannabis, MDMA, …) peut entrainer d’importants effets non désirés.

  • Risque infectieux : Le partage de la paille utilisée pour inhaler le produit comporte un risque infectieux non négligeable, notamment pour la transmission de maladies virales comme l’hépatite C ou le VIH.

Des risques de dépendance

Au-delà des dangers sanitaires, le sniffy soulève également la question de la dépendance. Bien que le produit en lui-même ne soit pas addictif, son mode de consommation par inhalation nasale peut créer une habitude qui pourrait ensuite se transposer à des substances illégales. En effet, le geste de « snifer » devient un réflexe, une manière de se procurer une stimulation rapide et intense. Cela peut banaliser l’usage de drogues et pousser certains utilisateurs à se tourner vers la cocaïne, beaucoup plus dangereuse.

Cette banalisation de la consommation de poudre blanche par le biais du sniffy est d’autant plus préoccupante que le produit cible principalement une population jeune en quête de performance et de nouvelles expérimentations.

Le succès auprès des jeunes et sa ressemblance avec la cocaïne soulèvent des inquiétudes quant à une banalisation de l’usage de substances à fort potentiel addictif et toxique pour la santé.

Prévenir les risques des nouveaux produits psychoactifs

Les pouvoirs publics souhaitent interdire la vente de ce nouveau produit psychoactif. En effet, ils constituent souvent une porte d’entrée vers la consommation de substances illégales comme la cocaïne. Il est important d’agir en amont pour prévenir les risques liés à ces substances.

Une stratégie de prévention primaire est essentielle. Cela peut passer par des campagnes d’information et de sensibilisation auprès du public, en particulier des jeunes qui peuvent être attirés par ces produits. Il est primordial d’expliquer clairement les dangers et les effets néfastes de ces nouvelles substances et de ces modes de consommation, tout en déconstruisant les idées reçues.

Au-delà de l’information, il faut aussi favoriser le dialogue et l’échange avec les usagers potentiels. Comprendre leurs motivations, leurs représentations et leurs modes de consommation permet de mieux cibler les actions de prévention. Des programmes de développement des compétences psychosociales peuvent également aider les individus à faire des choix éclairés et à résister aux tentations.

L’entreprise est un très bon levier pour aborder le sujet des conduites addictives et des nouvelles pratiques afin de sensibiliser un maximum de collaborateurs aux risques associés en termes de santé et de sécurité sur le lieu de travail et en dehors.

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A propos de l'auteur :

Mathilde PERRONO est consultante et formatrice pour le cabinet GAE Conseil. Elle est titulaire d’un Master de direction des politiques et dispositifs de prévention. Depuis, elle est intervenue auprès de publics variés dans le champ de l’addictologie (entreprise, structures d’insertion, justice, jeunesse, milieu festif …). Elle acquiert ainsi une vision globale de la prévention des addictions. Elle se spécialise dans la gestion des addictions dans le monde du travail pour intervenir auprès des différents acteurs autour des enjeux de santé et de sécurité.