Une personne en situation de dépendance à une substance ou en proie à une addiction comportementale se dirige très souvent vers une dégradation des relations avec autrui et un isolement social. Cela se manifeste par un retrait de la vie sociale en général, un éloignement de la famille et des amis, un isolement du monde professionnel et un sentiment de solitude.

Dans le même temps, l’isolement peut aussi engendrer ou aggraver les situations d’addiction, entraînant un cercle vicieux. Explorons plus en détail les imbrications entre ces deux phénomènes, pour mieux comprendre la survenue et l’installation de la dépendance, mais aussi pour trouver les clés pour en sortir.

Isolement social et addiction

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L’isolement social, symptôme et conséquence de l’addiction

Le processus d’addiction, que ce soit à des substances stupéfiantes, à l’alcool, au tabac, au sport, aux réseaux sociaux ou encore aux jeux, se déroule en plusieurs étapes. Souvent, cela commence par une recherche de plaisir, avec une consommation ponctuelle. Puis, l’individu développe une tolérance et une accoutumance, qui l’incitent à augmenter sa consommation ou à répéter un comportement. S’ensuivent alors des phénomènes de manque, de l’irritabilité, une perte de contrôle, des problèmes de santé physique, etc., et le produit ou le comportement n’est plus un plaisir, mais une nécessité physique et psychique.

Dans cette dernière phase, il n’est pas rare que l’individu s’isole socialement, et c’est d’ailleurs l’un des signaux pris en considération dans le diagnostic. Mais pourquoi l’addiction mène-t-elle à l’isolement social ? Plusieurs éléments ont un rôle dans ce processus :

  • La personne dépendante fait passer son addiction avant tout le reste, délaissant des activités qu’elle pratiquait auparavant (et parfois même des besoins vitaux et sa santé). Par exemple, une personne bigorexique préfèrera aller s’entraîner plusieurs heures dans la journée, quitte à rater un événement de famille important, à décommander une sortie avec des amis ou à arriver en retard au travail.

  • Lorsque l’individu a conscience de sa dépendance, mais n’arrive pas à en sortir, un sentiment de honte et de culpabilité se développe. Il incite à prendre des distances avec ses proches, afin de ne pas les faire souffrir, qu’ils ne se rendent pas compte de la situation et qu’ils ne mettent pas l’individu face à ses problèmes.

  • Certaines addictions sont intrinsèquement incompatibles avec une vie sociale développée. En cas de workaholisme, le travail devient presque le seul lieu de sociabilisation. Autre exemple : un individu qui consomme des substances psychoactives pourra se trouver régulièrement dans des états seconds, qui l’empêchent de mener une vie « normale ».

  • Les situations de dépendance peuvent aussi modifier le cercle social d’un individu, qui se tournera plus facilement vers des personnes ayant les mêmes difficultés face à une substance ou à un comportement. Dans ce cas, il est en effet plus facile de consommer sans peur du jugement et d’avoir un sentiment d’appartenance réconfortant.

Les répercussions de l’isolement social sur les personnes dépendantes

Si l’isolement social est donc sans aucun doute l’un des résultats de l’addiction, l’inverse est aussi vrai. Lorsqu’un individu n’est pas correctement inséré en société, voire exclu ou discriminé, cela peut augmenter le risque de tomber dans la dépendance, et ce, à tout âge.

Là aussi, plusieurs facteurs et processus sociaux sont identifiés pour l’expliquer :

  • L’isolement par rapport à la population générale peut entraîner une perte de l’estime de soi, un sentiment d’inutilité en société, un sentiment intense de solitude, voire de la dépression. Or, ce sont des facteurs déclencheurs et aggravants de la dépendance, via des substances et des comportements qui viennent combler un mal-être. On a d’ailleurs pu l’observer avec une recrudescence des addictions lors du confinement.

  • Pour des personnes isolées, certaines pratiques addictives sont considérées comme des moyens d’appartenir à un groupe. On a déjà tous entendu quelqu’un dire qu’il a essayé de fumer pour « faire comme les autres » ou pour « se donner un air cool », avant de tomber dans la dépendance. Pensons aussi aux jeunes qui s’immiscent dans le monde des jeux vidéo pour échapper à leur réalité sociale et se créer leur propre monde avec d’autres gamers.

  • L’isolement social, parfois associé à une situation de précarité peut également être synonyme d’un manque d’informations face aux dangers des addictions, qui sont minimisées, voire banalisées.

Si vous souhaitez en savoir plus, sachez que plusieurs études expliquent le lien entre isolement social et risque d’addiction : certaines d’entre elles sont répertoriées et expliquées sur le Portail en ligne Addict’AIDE.

Les liens entre isolement social et addiction étant donc étroits, cela peut entraîner un cercle vicieux qui rend la guérison d’autant plus complexe. Mais, sachant cela, on peut aussi imaginer qu’agir sur les difficultés d’insertion sociale pourra grandement aider à prévenir les addictions et aider les personnes dépendantes à en sortir. Voyons les solutions envisageables de plus près !

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Prévenir l’addiction et en sortir grâce aux mesures pour lutter contre l’isolement social

Il n’y a pas de recette miracle pour guérir un individu de son addiction : chacun a ses propres problématiques et doit comprendre d’où vient l’addiction pour obtenir des résultats positifs sur le long terme. Pour cela, faire appel aux services de son médecin traitant, d’un addictologue et/ou d’un professionnel de la santé mentale est primordial.

En complément, plusieurs mesures peuvent être mises en place pour lutter contre l’isolement et casser le cercle vicieux. Tout d’abord, on peut penser aux programmes d’accompagnement qui favorisent la réinsertion sociale des personnes dépendantes et isolées. Organisation d’activités collectives, groupes de soutien, ateliers pour développer les compétences sociales et professionnelles, etc. sont autant d’initiatives qui permettent de recréer des liens et de se sentir soutenus et valorisés.

Par ailleurs, la sensibilisation du grand public à la fois aux dangers de l’isolement et aux risques des addictions est une mesure clé. En favorisant une meilleure compréhension des mécanismes de la dépendance, les campagnes d’information aident à réduire la stigmatisation, ce qui peut encourager les personnes touchées à chercher de l’aide sans crainte du jugement.

Enfin, l’accès facilité à des structures d’accompagnement psychologique et des services d’aide sociale est crucial. Ces dispositifs permettent d’intervenir de manière préventive en offrant un soutien psychologique avant que l’individu ne sombre dans une addiction, et d’accompagner ceux qui en souffrent déjà dans leur rétablissement.

Vous aimeriez engager ce type de démarches au sein de votre entreprise dans une optique de prévention et d’accompagnement ? GAE Conseil peut devenir votre meilleur allié dans la lutte des addictions chez vos salariés, que ce soit pour traiter de l’addiction en général ou pour s’attarder plus précisément sur la thématique de l’addiction et de l’isolement. Découvrez nos ateliers de sensibilisation en ligne et en entreprise, notre accompagnement pour l’organisation du mois sans tabac ou du mois sans alcool (événements fédérateurs qui incitent les personnes à se soutenir et à recréer du lien avec un projet commun), la prise en charge des salariés par des professionnels et patients experts, etc.

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portrait Alexis Peschard

A propos de l'auteur :

Alexis PESCHARD est addictologue et le président-fondateur du cabinet GAE Conseil, cabinet aujourd’hui incontournable de la prévention des conduites addictives dans le monde du travail en France. Il dirige le Pôle Conseil en addictologie du cabinet et développe des projets en prévention primaire pour le compte de clients grands comptes et branches professionnelles. Il a fait l’objet de plusieurs centaines d’interviews en presse écrite, radios et chaînes de télévisions nationales. Il intervient enfin régulièrement dans le cadre de congrès scientifiques, journées d’études et est publié chaque année dans différentes revues RH, juridique... Il est l’auteur du livre « Tous accros aux écrans » publié aux éditions Mardaga.