Sommes-nous tous addict à nos écrans ?

Nous vivons aujourd’hui dans une société de l’hyperconnexion et la grande majorité d’entre nous sommes donc hyperconnectés. Nous le sommes parce que nous passons une grande part de notre quotidien connecté via différents supports numériques et de communication : tablette, ordinateur, smartphone, télévision, consoles de jeux. Ce temps passé quotidiennement équivaut à notre « temps écran » correspondant aussi bien à l’usage des écrans dans la sphère professionnelle que personnelle. Toutefois, et heureusement, nous ne sommes pas tous dépendants !

addictions aux écrans chez les jeunes

La dépendance aux écrans se repère grâce à différents signaux d’alerte et présente plusieurs symptômes :

Incapacité à résister, craving (besoin irrépressible)

Tension psychique avant de se connecter et bien-être durant la connexion

Tolérance avec augmentation du temps passé en ligne

Perte de contrôle au niveau de l’argent dépensé, du temps passé, etc.

Abandon d’autres activités au profit de l’activité en ligne

Préoccupations obsédantes autour de l’outil et de l’activité en ligne

Réduction et/ou arrêt difficile de l’activité en ligne

Frustration, colère lors de l’arrêt de l’activité

Problèmes familiaux, scolaires, de couple, au travail

Symptômes de manque dont irritabilité et anxiété

Bien que nous constations le développement de cyberdépendance chez des personnes de tous âges, il est vrai que cette addiction concerne encore davantage les publics jeunes. Cela est notamment dû au fait qu’il s’agit de générations qui sont nées et qui ont grandi avec les écrans, internet et toutes les formes de connexion actuelles.

Alors qu’auparavant, l’usage des écrans était cantonné à la télévision et à la console de jeux vidéo, l’essor d’internet et des outils numériques ont conduit à cette hyperconnexion que connaisse les plus jeunes et cela dès le plus jeune âge.

On peut donc imaginer que cette problématique « jeune » va progressivement devenir une problématique à des âges plus avancés puisque les jeunes dépendants aux écrans d’aujourd’hui seront les adultes dépendants de demain.

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Les recommandations sur l’usage des écrans

Pour les enfants, Serge Tisseron, psychiatre français a développé des recommandations, le « 3-6-9-12 » correspondant à :

  • Pas d’écran avant 3 ans
  • Pas de console de jeu personnelle avant 6 ans
  • Pas d’internet accompagné avant 9 ans
  • Pas d’internet seul avant 12 ans

Ces recommandations ne sont pas là pour diaboliser l’usage des écrans et/ou d’internet mais pour éduquer aux bons usages de ceux-ci et retarder au maximum l’exposition.

En effet, une exposition trop importante à un ou plusieurs écran(s) chez l’enfant peut provoquer certains risques notamment sur le cerveau encore immature de l’enfant et du jeune. Au-delà des risques sur la santé physique à proprement parler (troubles de la vision, troubles de la concentration, etc.) il existe un risque de développement d’une cyberdépendance provoquant également des risques pour la santé mentale et physique du jeune.

Altération du sommeil, de l’hygiène de vie et de l’alimentation

Percevoir des sonneries ou vibrations fantômes

Troubles de l’attention et de la vigilance

Syndrome FOMO  » Fear of missing out  » (peur de rater une notification, une information)

Technostress en cas d’absence de réseau, de batterie faible, etc.

Troubles musculosquelettiques aux poignets et aux doigts

Diminution des relations sociales (amis, famille, etc.)

Augmentation des troubles psychologiques (tristesse, anxiété, etc.)

Troubles de la vision

Quelques chiffres sur l’addictions aux écrans chez les jeunes

Bien qu’il soit difficile de quantifier à partir de combien d’heures passées devant les écrans quotidiennement on peut développer une cyberdépendance, quelques chiffres nous montrent que l’usage peut devenir problématique s’il est associé à des problématiques de santé, familiales, sociales et/ou professionnels et scolaires.

Un des impacts importants d’une addiction aux écrans est les répercussions sur le temps et la qualité du sommeil causant des risques importants notamment en termes de santé et de sécurité.

Une enquête de Santé Publique France et une autre de l’UNAF répertorie le temps moyen d’exposition des enfants et des adolescents devant les écrans :

  • A 2 ans : 56 minutes par jour
  • A 3 ans et demi : 1h20 par jour
  • A 5 ans et demi : 1h34 par jour
  • Les 7/10 ans : 4h42 par jour
  • Les 11/14 ans : 8h23 par jour

Les enfants et les adolescents recherchent le divertissement lors de leur connexion. Ainsi, ils privilégient les jeux vidéo, les réseaux sociaux, le visionnage de séries télévisées sur des plateformes de streaming (aussi appelé le binge-watching) ainsi que l’échange entre pairs sur des applications de messageries instantanées.

Les jeux vidéo sont l’une des principales sources d’addiction aux écrans chez les jeunes. Selon une étude menée en 2020 par le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel), 64% des enfants de 10 à 14 ans jouent régulièrement à des jeux vidéo, et 20% d’entre eux y consacrent plus de 2 heures par jour. Les jeux vidéo peuvent être très prenants, et certains jeunes peuvent avoir du mal à s’en détacher, même lorsque cela interfère avec leur vie quotidienne.

D’après une étude, 87 % des 11-12 ans sont inscrits sur des réseaux sociaux censées être interdites avant 13 ans.

Les réseaux sociaux sont une source d’addiction aux écrans chez les jeunes. Selon une étude menée en 2020 par l’ONG britannique Royal Society for Public Health, les réseaux sociaux sont la deuxième activité préférée des jeunes de 12 à 15 ans, après regarder la télévision. Les jeunes passent en moyenne 2 heures par jour sur les réseaux sociaux, ce qui peut les exposer à des risques pour leur santé mentale, comme l’anxiété, la dépression et le harcèlement en ligne.

L’addiction aux écrans peut avoir des conséquences néfastes sur la santé physique et mentale des jeunes. Selon une étude menée en 2019 par des chercheurs de l’Université de Californie à Los Angeles, les jeunes qui passent plus de 7 heures par jour devant un écran ont une diminution de la substance blanche dans leur cerveau, ce qui peut nuire à leur capacité à apprendre et à se concentrer. D’autres études ont montré que l’utilisation excessive des écrans peut entraîner une augmentation de la sédentarité, de l’obésité, des troubles du sommeil, de l’anxiété, de la dépression et des troubles du comportement.

Mieux gérer son usage des écrans

Il est donc important de sensibiliser les jeunes et les parents aux risques liés à l’addiction aux écrans, et de promouvoir une utilisation raisonnée des écrans.

Pour mieux réguler son temps écran et pour aider les jeunes à utiliser les écrans de manière plus responsable :

  • Limitez le temps passé devant les écrans : fixez des limites de temps pour l’utilisation des écrans, et encouragez les jeunes à faire d’autres activités en dehors des écrans, comme le sport, la lecture ou les activités artistiques.
  • Encouragez une utilisation saine des écrans : encouragez les jeunes à utiliser les écrans pour des activités éducatives, créatives ou sociales, plutôt que pour des activités passives comme regarder la télévision.
  • Soyez un modèle : limitez également votre propre temps d’utilisation des écrans, et montrez l’exemple en faisant des activités en dehors des écrans.
  • Restez vigilant : surveillez l’utilisation des écrans de vos enfants, et soyez attentif aux signes d’addiction, comme l’irritabilité, l’agitation ou la dépendance.

Pour mieux gérer son usage des écrans en famille, vous pouvez créer votre famille numérique sur l’application « Faminum », un outil pour créer une stratégie familiale adaptée et ainsi accompagner les enfants dans leur usage numérique.

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A propos de l'auteur :

Mathilde PERRONO est consultante et formatrice pour le cabinet GAE Conseil. Elle est titulaire d’un Master de direction des politiques et dispositifs de prévention. Depuis, elle est intervenue auprès de publics variés dans le champ de l’addictologie (entreprise, structures d’insertion, justice, jeunesse, milieu festif …). Elle acquiert ainsi une vision globale de la prévention des addictions. Elle se spécialise dans la gestion des addictions dans le monde du travail pour intervenir auprès des différents acteurs autour des enjeux de santé et de sécurité.