Saviez-vous qu’il existait non seulement une durée maximale de travail hebdomadaire, mais également une durée maximale qui s’applique sur un mois et sur une année ? Cela vise à uniformiser les temps de travail entre les différentes entreprises, mais aussi et surtout à protéger les salariés d’une charge de travail trop importante, qui pourrait nuire à leur équilibre vie privée et vie professionnelle, et même avoir des répercussions sur leur santé mentale et physique. Dans certains cas, le manque de limite sur la durée du travail peut accroître significativement le risque d’addiction au travail, ou workaholisme.

nombre d'heures de travail avant workaholisme

Durée maximale du travail par mois : que dit la loi ?

En France, le Code du Travail dicte l’ensemble des règles génériques qui s’appliquent aux employeurs et aux salariés, y compris en ce qui concerne la durée du travail. Mais il existe aussi des dispositions particulières qui peuvent modifier ces horaires : notons les principales règles à respecter pour une entreprise vis-à-vis de son personnel.

Le cadre légal de la durée du travail

La durée légale pour les salariés à temps plein dans le cas général est fixée à 35 heures par semaine, 151,67 heures par mois et 1607 heures par an. S’il s’agit d’un temps partiel, le nombre d’heures maximum passe à 24 heures par semaine et à 104 heures par mois.
Ces dispositions s’appliquent également aux cadres qui travaillent au forfait, c’est-à-dire pour qui la durée du travail est annualisée ou mensualisée.

Pour plus de détails, consultez les articles du Code du Travail relatifs aux durées maximales de travail (articles L3121-12 à L3121-26).

La durée légale de travail mensuelle pour les dirigeants

Pour un cadre dirigeant, un auto-entrepreneur (ou autre travailleur indépendant), il n’y a pas de durée minimale ou maximale d’heures travaillées par mois.

Les exceptions et cas particuliers

Les dispositions suivantes signifient-elles qu’il est strictement impossible de travailler plus de 151,67 heures par mois ? Légalement oui, autant dans le secteur privé que dans le secteur public. Par ailleurs, une convention collective et un accord collectif peuvent seulement modifier cette durée maximale mensuelle à la baisse.

En revanche, la durée hebdomadaire est réglementée différemment : les heures « normales » sont limitées à 35 heures/semaine, sauf accord collectif prévoyant une durée supérieure. Les heures travaillées au-delà du seuil légal général ou du seuil propre à la convention sont considérées comme des heures supplémentaires.

Il faut cependant que la durée de travail hebdomadaire ne dépasse pas 48 heures, ni 44 heures en moyenne sur une période de 12 semaines consécutives. Dans certains cas, via des dérogations accordées par l’inspection du travail et sous conditions, elle peut monter jusqu’à 60 heures à la semaine, mais toujours sans dépasser les 151,67 h sur une période d’un mois.

Surcharge de travail ou workaholisme : où est la limite ?

Ces durées de travail réglementées sont primordiales, mais pas toujours suffisantes, pour éviter une surcharge de travail à l’origine de stress, de fatigue physique et cognitive, voire de burn-out. Explorons plus en détail les problématiques liées à la durée et à la charge de travail et leurs répercussions sur la santé mentale des salariés.

Qu’est-ce que l’addiction au travail ?

L’addiction au travail, ou workaholisme, se manifeste par un engagement excessif dans l’activité professionnelle d’un salarié ou de tout travailleur, au point que cela empiète sur sa vie personnelle. Le travail occupe en permanence son esprit et il est incapable de décrocher, même en dehors de son lieu de travail. Cela génère une anxiété constante et empêche la personne de se détacher du travail, y compris la nuit ou pendant ses congés. Le workaholisme prend le pas sur la vie sociale, familiale et les loisirs, avec la personne cherchant toujours à faire plus et mieux, et s’inscrivant dans un cercle vicieux où la charge de travail croissante augmente le stress et l’isolement.

Le lien entre nombre d’heures travaillées et addiction au travail

Ainsi, une durée du travail trop importante et systématique avec des charges de travail excessives, peuvent créer une spirale où la frontière entre vie privée et activité professionnelle disparaît progressivement. Cela peut être d’autant plus difficile si les heures supplémentaires ne sont jamais compensées par du repos, notamment si le droit à la déconnexion n’est pas correctement appliqué et/ou si une forte pression est exercée par le management et la direction, etc.

Le workaholisme s’installe alors progressivement, entraînant une prolongation des journées de travail et conduisant à négliger les pauses et la vie personnelle, augmentant ainsi le risque d’épuisement physique et mental.

La surcharge de travail et le workaholisme peuvent conduire à un burn-out, bien que ces phénomènes ne soient pas systématiquement liés. Le burn-out est un état d’épuisement physique, émotionnel et mental causé par une exposition prolongée au stress professionnel. Il se manifeste par une fatigue intense, une perte de motivation et un sentiment d’inefficacité. Pour le prévenir, il est essentiel de respecter un équilibre entre vie professionnelle et personnelle, de reconnaître les signes avant-coureurs (fatigue persistante, irritabilité, perte d’intérêt pour le travail) et d’instaurer des moments de déconnexion. Une charge de travail adaptée, un environnement sain et un soutien social sont également des facteurs clés pour limiter ce risque.

Le rôle de l’employeur dans la prévention du workaholisme

L’entreprise a un rôle central à jouer dans la prévention de l’addiction au travail. D’abord, il est essentiel de respecter les durées légales du travail, mais aussi de s’assurer du bien-être des salariés.

Encourager les employés à déconnecter en dehors des heures de travail, notamment grâce à la mise en place d’une politique de déconnexion claire, est une bonne pratique.

Par ailleurs, l’entreprise peut favoriser une organisation du travail équilibrée, en fixant des objectifs réalistes, en répartissant les charges de manière équitable et en veillant à avoir un effectif adapté aux besoins de l’activité.

Mettre à disposition des outils pour surveiller la charge de travail et organiser des réunions régulières pour discuter du quotidien professionnel peuvent également aider à prévenir l’épuisement et l’isolement liés au workaholisme.

Dans cette démarche, les interventions et les outils proposés par GAE Conseil peuvent s’avérer très utiles. En tant qu’expert des addictions en milieu professionnel, nous pouvons en effet intervenir à plusieurs niveaux pour prévenir le workaholisme et accompagner employeurs et salariés, par exemple via la mise en place de journées thématiques QVT, l’organisation d’ateliers ludiques de sensibilisation ou encore la prise en charge des salariés.

Les bonnes pratiques pour les salariés : prévenir la surcharge et préserver son bien-être

Du côté des salariés, il est essentiel d’adopter des stratégies pour éviter la surcharge de travail. S’assurer que les heures prévues dans le contrat sont respectées par l’entreprise est une première étape fondamentale, car dépasser régulièrement ces limites peut entraîner fatigue, stress et déséquilibre entre vie professionnelle et personnelle.

Il convient également d’apprendre à bien gérer son temps : planifier des pauses régulières, prioriser les tâches, pourquoi pas utiliser des outils de gestion de planning, etc.

Il est aussi essentiel de reconnaître les signes avant-coureurs d’une surcharge, comme une fatigue excessive ou un sentiment de devoir toujours en faire plus. Savoir dire « non » à des tâches supplémentaires lorsque cela devient ingérable permet de limiter le dépassement d’heures. Enfin, il est recommandé de maintenir un équilibre sain entre vie personnelle et professionnelle, en réservant du temps pour des activités en dehors de l’entreprise, favorisant ainsi le bien-être et la productivité sur le long terme.

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