Si tout le monde sait que consommer quelques verres d’alcool mène à un état d’ébriété, plus ou moins avancé selon la quantité et le degré d’alcool, on sait moins quels sont les mécanismes à l’œuvre. Comment une simple boisson peut-elle engendrer une ivresse parfois dangereuse ? Quelles sont les parties de notre cerveau impactées par l’alcool ? Comment ce phénomène se traduit-il concrètement chez une personne ayant consommé de l’alcool ? Voici quelques-unes des questions importantes auxquelles nous allons répondre pour vous aider à mieux comprendre pourquoi l’alcool rend ivre.
Par quel processus l’alcool entraîne-t-il l’état d’ébriété ?
Si les boissons alcoolisées rendent ivre, c’est à cause de l’éthanol qu’elles contiennent et de l’effet qu’il a sur le cerveau. Pour mieux comprendre ce phénomène, voyons de plus près comment cela se passe : lorsque l’on consomme de l’alcool, il arrive jusqu’à l’intestin grêle et à l’estomac, et à partir de là, l’alcool et ses molécules d’éthanol passent dans le système sanguin, et il est alors diffusé vers différents organes, dont le cerveau. Il faut compter de 10 à 30 minutes après l’ingestion pour que l’alcool arrive jusqu’au cerveau via la circulation sanguine et produise ses effets.
Mais que se passe-t-il exactement pour arriver à une situation d’ébriété et aux symptômes qui l’accompagnent ? L’éthanol est tout simplement une substance psychoactive, qui agit donc sur le système nerveux central et en altère le fonctionnement. Il y a alors deux phénomènes qui se produisent, que l’on pourrait considérer comme contradictoires, mais qui peuvent arriver simultanément lors de la consommation d’alcool :
Ces effets sur le corps et le cerveau apparaissent rapidement après l’ingestion et définissent l’ivresse. Ils disparaissent au bout de quelques heures après l’arrêt de la consommation, avec un laps de temps qui varie en fonction de l’individu, de son état de santé et de sa tolérance face au produit, de la quantité d’alcool consommée, du type d’alcool (bière, vin, liqueur, etc.) et de l’éventuelle association de l’alcool avec d’autres substances (médicaments, cannabis, etc.).
Quels sont les manifestations et les risques liés à l’ivresse engendrée par l’alcool ?
Au moment où l’ivresse commence à monter, les signaux d’alerte peuvent varier selon l’individu, mais la réponse du cerveau et du corps suit toujours à peu près le même schéma. Après un verre ou deux, la personne commence à ressentir de l’euphorie associée à une sensation de détente. C’est ce que l’on considère à tort comme les effets « positifs » de l’alcool, qui s’accompagnent aussi parfois d’une désinhibition et d’une meilleure aisance sociale.
Au fil des verres consommés et du taux d’alcool dans le sang qui grimpe, d’autres symptômes se manifestent, avec une désinhibition accrue, une diminution de la sensation de douleur et une perte de contrôle, qui, rappelons-le, peuvent devenir dangereuses. Le stade suivant de l’intoxication alcoolique induit des dysfonctionnements cognitifs et moteurs du fait des propriétés dépressives de l’éthanol pour le cerveau : difficultés de concentration, mémoire altérée, élocution confuse, problème de coordination, individu qui titube, etc. Vient ensuite la phase de somnolence et de grande confusion, et à partir d’un certain taux d’alcool, le risque est le coma.
Toutes ces répercussions directes de l’alcool sur les sensations, les émotions et les capacités cognitives et motrices peuvent faire courir de sérieux risques. On pense par exemple au fait de conduire avec de l’alcool dans le sang, qui représente un danger du fait de la prise de risque exacerbée, de la diminution de la vigilance et des réflexes, et de la somnolence. La désinhibition et la mauvaise appréciation des dangers peuvent aussi faire courir des risques comme le fait de ne pas se protéger lors de rapports sexuels, de se laisser tenter par la consommation de drogues, de se laisser aller à des comportements violents, etc.
Quels sont les effets de l’alcool sur notre organisme ?
En parallèle de ces effets induits par la réponse du cerveau à la consommation d’alcool, il y d’autres conséquences sur l’ensemble du corps quand on consomme de l’alcool. Le foie est particulièrement mis à l’épreuve, car c’est lui qui transforme l’éthanol en acétaldéhyde grâce à des enzymes. Le problème est que cet acétaldéhyde (aussi appelé « éthanal ») est une substance toxique. Et lorsque l’on boit en trop grande quantité, elle n’est pas éliminée comme il le faut et cela impacte le foie, mais aussi d’autres organes du corps. Dans ce genre de situation, le rein est par exemple sursollicité pour éliminer les toxines, et il élimine de l’eau par la même occasion, ce qui explique la déshydratation liée à la consommation de boissons alcoolisées.
L’excès d’alcool dans le sang et dans l’organisme induit également des maux de tête, des maux de ventre, des nausées, des vomissements, des crampes, et cette fameuse sensation de « gueule de bois » le lendemain.
Ce sont ici les conséquences directes et presque instantanées, mais il faut savoir qu’à moyen et long terme, l’alcool entraîne des dommages bien plus sérieux. On compte parmi eux les affections du foie (stéatose, cirrhose), les troubles de la circulation sanguine, les problèmes digestifs au niveau de l’intestin et de l’estomac et une multitude de troubles et maladies cognitifs et psychologiques (perte de mémoire, dépression, mauvaise qualité de sommeil, etc.).
L’autre risque est bien sûr celui de la dépendance alcoolique, qui dépend de nombreux facteurs environnementaux, mais aussi plus directement de l’effet de l’éthanol sur la production de dopamine et sur les récepteurs du système nerveux.
Toutes ces raisons expliquent les campagnes de prévention et les informations au sujet de l’alcool, qui peut présenter des risques même en dehors d’une situation de dépendance. Si vous consommez de l’alcool régulièrement ou occasionnellement, vous pourrez aisément vous rendre compte de ses effets sur votre santé mentale et physique en participant au Mois sans alcool. Cette initiative permet aussi à certaines personnes de faire le point sur leur relation avec l’alcool et d’engager une démarche d’abstinence ou de réduction de la consommation sur du plus long terme.