L’adolescence est une période propice aux expérimentations et aux premiers excès qui peuvent conduire à une consommation régulière à l’âge adulte puis, éventuellement, à une dépendance. L’entourage a alors un large rôle dans la prévention des risques liés aux conduites addictives. Que ce soit à la maison, à l’école ou dans le monde professionnel, comment est-il possible d’agir ?

addictions chez les jeunes

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Quelles sont les addictions qui concernent les adolescents ?

Dès leur plus jeune âge, les adolescents sont confrontés à une gamme variée d’addictions, allant des substances psychoactives aux comportements compulsifs.

Les addictions aux substances psychoactives

Selon l’OFDT (l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives), malgré quelques améliorations observées ces dernières années, l’alcool, le tabac et le cannabis restent les substances psychoactives les plus consommées par les adolescents.

En effet, l’adolescence reste une période charnière pour l’expérimentation de ces substances, avec des usages qui progressent au cours de la période scolaire et notamment à l’occasion du passage du collège au lycée. Les chiffres de l’enquête ESCAPAD menée par l’OFDT en 2022 en sont la preuve :

  • L’alcool arrive en tête et reste la substance la plus fréquemment expérimentée (ou consommée avec une autre substance, qu’il s’agisse des cigarettes ou du cannabis). En classe de 6e, 26,9 % des élèves déclarent avoir déjà consommé de l’alcool. Cette expérimentation augmente continuellement au cours de la scolarité jusqu’à concerner près des trois quarts des élèves de terminale (73,9 %).

  • La consommation de cannabis reste également problématique. En 2022, parmi les lycéens qui étaient usagers de cannabis dans l’année, un sur cinq (21,5 %) présentait un risque élevé d’usage problématique ou de dépendance au cannabis.

  • La consommation du tabac, a été divisée par trois entre 2018 et 2022. Cependant, l’usage quotidien de la cigarette électronique a, quant à lui, largement progressé chez les lycéens dont le niveau a été multiplié par quatre depuis 2018.

Les addictions comportementales

  • La cyberdépendance : L’utilisation des écrans, des réseaux sociaux et des jeux vidéo augmente de façon spectaculaire chez les jeunes. Cette utilisation peut devenir addictive dans la mesure où elle peut traduire un besoin irrépressible de se connecter en permanence. Ainsi, selon l’IPSOS, en 2022, les 13-19 ans passaient en moyenne 18h par semaine sur internet.

  • Les jeux d’argent et de hasard : L’addiction au jeu, est un problème croissant chez les adolescents. Même si les chiffres sont en baisse depuis 2022, le recours à Internet dans les jeux d’argent et de hasard progresse depuis 2011, rendant de plus en plus accessible cette pratique. Cette évolution semble particulièrement marquée pour les jeux de paris sportifs et hippiques. Selon l’OFDT, environ un joueur de 17 ans sur dix présente des caractéristiques de jeu problématique qui pourraient nécessiter une évaluation clinique.

  • Troubles alimentaires : Il est difficile de trouver des données récentes et fiables sur les troubles du comportement alimentaire chez les adolescents, plus spécifiquement chez les filles. Cependant, les pressions sociales, les normes de beauté irréalistes et les problèmes d’estime de soi sont autant d’éléments qui peuvent contribuer au développement de ces troubles graves, tels que l’anorexie, la boulimie et l’hyperphagie boulimique.

Ces différentes formes d’addictions peuvent avoir des conséquences graves sur le développement social et scolaire des adolescents ainsi que sur leur santé physique, mentale et émotionnelle, notamment parce que l’adolescence représente une période particulièrement vulnérable.

Pourquoi l’adolescence est une période sensible pour les conduites addictives ?

L’adolescence est une phase de la vie caractérisée par une multitude de transformations physiques, émotionnelles et psychologiques. C’est une période où les jeunes explorent leur identité, cherchent à se démarquer et à s’intégrer dans leur environnement social. Cependant, cette quête d’identité et d’indépendance s’accompagne souvent de risques, notamment ceux liés aux conduites addictives.

  • Quête d’identité et d’affirmation : Cette période de transition tumultueuse entre l’enfance et l’âge adulte exacerbe l’envie des adolescents d’explorer de nouvelles expériences et de tester leurs limites avec des drogues sans pour autant comprendre pleinement les risques associés.

  • Pressions sociales et pairs : Qu’il s’agisse des multiples sollicitations de la publicité, des médias sociaux ou de l’influence des pairs, les adolescents sont particulièrement vulnérables aux influences extérieures et n’échappent pas à « l’effet de mode ». Ils se construisent avec la reconnaissance et l’opinion des pairs : ils cherchent à être acceptés par le groupe, les amenant parfois à adopter des comportements qui ne leur sont pas bénéfiques, y compris ceux liés à la consommation de substances psychoactives.

  • Maturation cérébrale incomplète : A l’adolescence, le cerveau est encore en pleine maturation, en particulier les régions associées au contrôle des impulsions et à la prise de décision. Il est alors plus difficile pour les jeunes de résister à la tentation et de prendre des décisions judicieuses en matière de santé.

  • Changements hormonaux et émotionnels : Les changements hormonaux significatifs peuvent affecter l’humeur et le comportement des jeunes. Les fluctuations émotionnelles et les défis liés à la gestion des émotions peuvent conduire certains adolescents à chercher des moyens de soulager leur stress ou leur anxiété, parfois en recourant à des substances addictives.

Enfin, il convient de souligner que les conduites addictives sont particulièrement risquées à cette période. En effet, ces expérimentations interviennent précisément au moment où le cerveau, à cause de son immaturité, est le plus vulnérable à leurs effets. Ce qui peut entraîner des conséquences délétères sur le développement neurologique.

L’adolescence est donc une période de vulnérabilité où les jeunes sont exposés à une série de facteurs de risque qui peuvent les pousser vers les conduites addictives. Les comprendre est essentiel pour élaborer des stratégies efficaces de prévention et d’intervention visant à les aider à naviguer avec succès à travers cette période critique de leur développement.

Le rôle de l’entourage dans la prévention des conduites addictives

Parents, corps enseignant, voire employeurs ou collègues (pour les adolescents les plus âgés) ont tous un rôle à jouer dans la prévention des conduites addictives.

La prévention des conduites addictives dès le plus jeune âge

Les adultes jouent un rôle essentiel dans la prévention des conduites addictives chez les adolescents, et cela commence dès le plus jeune âge. Il s’agit donc de d’adopter une posture permettant à l’enfant de développer une bonne estime de soi, ainsi qu’une solide confiance en soi. Pour cela, voici quelques suggestions :

  • Entretenir une communication ouverte pour établir un lien de confiance avec l’adolescent. Pour cela, il est important de l’encourager à parler de ses préoccupations et de ses expériences, tout en prenant soin d’écouter sans le juger.

  • L’informer sur les risques liés à l’addiction, et les conséquences néfastes de la consommation d’alcool, de drogues, du tabagisme, ou de tout autre comportement addictif. Il s’agit de lui fournir les informations et les outils nécessaires pour faire des choix sains.

  • Accompagner l’enfant dans les moments difficiles et lui montrer que l’adulte est présent pour le soutenir et le guider, quelles que soient les difficultés auxquelles il est confronté. Cela lui permettra d’appréhender les situations difficiles de manière constructive.

  • Encourager les activités parascolaires où il pourra rencontrer d’autres jeunes partageant ses centres d’intérêt. Il sera alors encouragé à développer des habitudes de vie saines et à renforcer son estime de soi et sa confiance en ses capacités.

  • Être attentif à ses propres comportements, en matière d’addiction, et à l’image que l’adulte renvoie à l’enfant afin d’être modèle positif.

Identifier les premiers signes de la conduite addictive

Il est déterminant d’être vigilants aux signes révélateurs d’une conduite addictive chez l’adolescent. Pour cela, il est nécessaire de prêter attention à une combinaison de facteurs comportementaux, émotionnels, physiques, et sociaux qui peuvent indiquer un problème sous-jacent. Ces signes peuvent inclure :

  • Des changements physiques : les changements soudains de poids, les problèmes de sommeil, les troubles alimentaires, ou les signes physiques liés à la consommation de substances (pupilles dilatées, yeux rouges ou brillants, haleine alcoolisée, doigts jaunis, bouche sèche, tremblements, etc.)

  • Des changements de comportements : les attitudes secrètes et/ou défensives, les changements d’amis, l’isolement, le repli sur soi, ou encore la mise en retrait des activités sociales et/ou familiales habituellement appréciées.

  • Des changements d’humeur : l’euphorie, les pics d’énergie, ou à l’inverse la fatigue, la somnolence, l’apathie, l’agitation, la panique, l’agressivité, les sautes d’humeur, la désorientation, etc.

Enfin, dans la sphère sociale, les problèmes scolaires ou les fréquentations suspectes peuvent également être des indices permettant d’identifier les conduites addictives. Les reconnaitre permettra de mieux accompagner l’adolescent ensuite.

Comment agir en cas de problème addictif chez l’adolescent ?

En cas de suspicion d’une conduite addictive, il est important d’intervenir rapidement et de manière appropriée, tout en d’adoptant une approche bienveillante et proactive.

  • Comprendre l’addiction : S’informer sur l’addiction en question, ses signes, ses conséquences et les meilleures pratiques permettra de mieux y faire face par la suite.

  • Communiquer ouvertement : Établir un dialogue ouvert avec l’adolescent, en étant factuel dans les échanges permettra de comprendre ses motivations, ses émotions et ses besoins. Parler librement de ces sujets, sans dramatiser ni diaboliser sa consommation ou sa pratique, l’encouragera à se responsabiliser et à prendre des décisions éclairées concernant sa santé.

  • Fixer des limites : Établir des règles claires et des limites saines pour encadrer l’usage de la substance ou de l’activité addictive.

  • Encourager des activités alternatives, saines et divertissantes pour remplacer l’activité addictive et aider l’adolescent à retrouver un équilibre.

  • Rechercher de l’aide et consulter des professionnels de la santé ou des structures spécialisées pour obtenir un soutien adapté.

Bien sûr, il est également important d’offrir un soutien émotionnel et un environnement familial stable pour aider l’adolescent à surmonter son addiction et à se rétablir.

L’adolescence est donc une période critique pour la prévention des conduites addictives, et les parents – et l’entourage – jouent un rôle central dans la protection contre ces risques. Il convient tout de même de souligner que l’expérimentation étant normale à cette période de la vie, cela ne signifie pas pour autant que l’adolescent deviendra dépendant.

En plus du rôle crucial des parents, l’entourage global de l’adolescent, y compris dans le milieu éducatif et professionnel, joue également un rôle significatif dans la prévention des addictions.

Les enseignants, les employeurs ou mêmes les collègues, peuvent être des acteurs clés dans le repérage précoce des difficultés et des comportements à risque en étant attentifs aux signes de détresse et en offrant un soutien adéquat aux jeunes en difficulté.

L’action concertée enseignants /collègues, parents et professionnels de la santé – contribuera de manière significative à la création d’un environnement favorable à la prévention des addictions.

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A propos de l'auteur :

Catherine Piat est consultante pour le cabinet GAE Conseil et spécialisée dans le domaine de la formation pour adulte dans les milieux interculturels. Elle est titulaire d’un master en ingénierie de formation. Au cours de ses expériences professionnelles, en France, au Canada et en Afrique, elle s’est attachée à développer et faciliter des programmes de sensibilisation et de formation ludo-éducatifs permettant de donner les clés aux populations d’un avenir sain et durable.