Selon la CPAM, 10% des arrêts de travail seraient liés à une consommation de produit psychoactif. Les chiffres concernant les accidents du travail ne sont pas aussi clairs, mais il ne s’agit de situation rare. C’est pour cela, que GAE Conseil vous livre, aujourd’hui, le retour d’expériences d’un accident du travail sous emprise de produits psychoactifs.

*Pour des soucis de confidentialité, certains éléments ont été modifiés.

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Les faits de l’accident

En 2020, le site sur lequel intervient un superviseur travaux contacte en urgence l’entreprise prestataire. Le salarié, que nous appellerons Matthias vient d’avoir un double-accident.

Ce dernier s’est produit aux alentours de 7h du matin, alors qu’il essayait de réaliser des mesures. Pour arriver à ses fins, le salarié est monté en équilibre sur une tuyauterie décalorifugée, en dépit des consignes de sécurité. Matthias a fini par chuter et s’est brulé. Le poste étant isolé, Matthias a repris le véhicule de service. Au lieu de se rendre à l’infirmerie, le salarié décide de prendre la fuite à grande vitesse, terminant sa course par un accident de voiture contre la barrière du site.

Des alertes ignorées

L’analyse de l’accident a révélé que Matthias était ce jour-là en état d’ébriété important. Cela n’a malheureusement pas été une surprise, car il était connu de tous que ce salarié rencontrait des difficultés avec la consommation de produits psychoactifs. Malgré tout, l’équipe se sentait démunie face à la situation et ne savait pas comment agir.

L’équipe de Matthias avait averti le manager des difficultés rencontrées au travail, ainsi que de ses épisodes répétés d’alcoolisation. Face à la fine frontière entre vie professionnelle et vie personnelle, le manager ne savait pas comment intervenir.

Le Responsable Santé Sécurité avait aussi reçu des plaintes de Matthias, lui-même, concernant son mal-être. Malgré leurs recherches avec la Responsable des Ressources Humaines pour tenter de l’accompagner, ils n’avaient pas été assez réactifs et l’accident s’est produit avant de trouver un processus d’accompagnement adapté.

Prise en charge et accompagnement après l’accident

Après son accident, le salarié a été pris en charge. Sa détresse était telle, qu’il a fait une tentative de suicide. A ce moment-là, le Responsable Santé Sécurité, en collaboration avec la Responsable des Ressources Humaines, s’est rapproché de la médecine du travail. Celle-ci a pu orienter le salarié vers des services compétents en addictologie, afin qu’il puisse suivre un parcours de soins adapté. Une inaptitude temporaire a été émise, permettant à Matthias de prendre le temps de se rétablir.

Quelques mois plus tard, il a pu reprendre son poste tout en poursuivant son suivi ambulatoire en addictologie.

Les leçons tirées de cet accident

Plusieurs axes dans le système de Santé Sécurité faisaient défaut pour limiter l’apparition du risque addiction, et prévenir le risque d’accident du travail au sein de l’entreprise :

  • L’absence de prévention globale sur le risque addictif au sein de l’entreprise a contribué à une réelle méconnaissance de la maladie et de ses risques au travail, limitant ainsi les actions possibles.

    Des ateliers de sensibilisation comme l’AddictoQuizz et la Fresque de l’addictologie, participent à libérer la parole au sein d’un collectif de travail et donne des clefs pour aborder le sujet et mieux identifier les signes d’alerte.

  • Tracer le risque addiction dans le document unique d’évaluation des risques professionnels, ce afin de respecter l’Article R4121-1 du code du travail ; et ainsi de mettre en place un plan d’action cohérent.

  • L’absence de procédure d’action en cas de suspicion d’un état anormal chez un salarié au sein de l’entreprise, empêchait une réaction rapide face aux situations rencontrées. La mise en œuvre d’une telle procédure couplée à la formation des managers sur le sujet, aurait pu permettre non seulement de prévenir le risque, mais également d’accompagner au mieux le salarié en difficulté.

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Si vous souhaitez mettre en œuvre une politique de prévention au sein de votre entreprise, GAE Conseil peut vous accompagner. Au-delà de briser le tabou de l’addiction grâce à des sensibilisations ludiques et participatives et des témoignages de patients-experts, un accompagnement est possible pour élaborer une démarche adaptée à votre environnement professionnel et ainsi prévenir en amont le risque addictif et préparer les managers à échanger avec les salariés en difficulté.

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Mathilde BERNARD

A propos de l'auteur :

Mathilde BERNARD est Art-Thérapeute RNCP, praticienne EMDR et titulaire du diplôme universitaire d'addictologie de la faculté de médecine de Nantes.  Forte de 10 ans d'expériences comme Responsable Santé Sécurité, dans les domaines de l’industrie, de la chimie et du transport, elle a à cœur de mettre à profit son savoir-faire pour que la prévention au risque "addiction" prenne tout son sens en entreprise.