Le cerveau est un organe complexe avec des milliards de neurones et récepteurs, qui régit le fonctionnement de notre corps physique, ainsi que nos capacités cognitives et nos émotions. Il capte et transmet des informations, de sorte à faire fonctionner les organes vitaux, permettre le langage, se mouvoir, se remémorer des souvenirs, etc. Au sein de ce circuit neuronal bien huilé circule la dopamine, ou « hormone du bonheur ». De quoi s’agit-il exactement ? Quel est son impact sur notre vie et nos comportements ? Et pourquoi la dopamine peut-elle nous jouer des tours et devenir un déclencheur d’addiction ? Voilà les questions auxquelles nous allons nous intéresser pour mieux comprendre le lien entre dopamine et cercle vicieux de la dépendance.
Qu’est-ce que la dopamine ?
La dopamine est ce que l’on appelle un neurotransmetteur : c’est une molécule qui transmet des informations entre les neurones au sein de notre cerveau, plus spécifiquement au niveau du mésencéphale. Mais quel est exactement son rôle ? Si on parle communément d’hormone du plaisir pour la définir, c’est justement parce qu’elle procure une sensation de plaisir, de motivation et de satisfaction lors de sa libération. Cela s’explique par son action directe sur les capacités motrices, cognitives et émotionnelles, mais aussi par l’activation du circuit de récompense.
En effet, lorsqu’une action ou une pensée induit une libération de dopamine, le cerveau comprend que le comportement ou la pensée en question est bénéfique, et on ressent du plaisir. Il garde alors cela en mémoire, donnant la motivation consciente ou inconsciente de reproduire l’action à l’origine du plaisir. Par exemple, une séance de sport active la production de dopamine et nous fait nous sentir bien. Le cerveau s’empare de cette information et aura tendance à nous inciter à continuer à pratiquer une activité physique pour ressentir à nouveau ce bien-être. Et cela s’applique à une multitude de comportements du quotidien : savourer un bon repas, écouter de la musique, se balader dans la nature, caresser son animal de compagnie, etc. La production et la transmission de dopamine dans le système nerveux nous incitent donc à répéter des comportements plaisants et donc à prendre soin de notre santé mentale.
Excès ou manque de dopamine : quels effets sur la santé ?
Un déséquilibre dans la production ou la régulation de la dopamine peut avoir des conséquences sur la santé mentale et physique. En cas de manque de neurones à dopamine, des troubles moteurs et cognitifs peuvent survenir, comme dans la maladie de Parkinson. Cette pathologie neurodégénérative est caractérisée par une destruction des neurones dopaminergiques dans une aire spécifique du cerveau, appelée la substance noire. Cela entraîne des symptômes tels que des tremblements, une rigidité musculaire et une lenteur des mouvements.
Par ailleurs, un déficit en dopamine peut être associé à des troubles de santé mentale, tels que la dépression ou le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Chez les personnes atteintes de TDAH, la dopamine est souvent mal régulée, ce qui entraîne des difficultés de concentration et une impulsivité accrue.
Dans certains cas moins graves, ou du moins non pathologiques, une carence en dopamine peut se manifester par un manque d’énergie et de motivation, des soucis digestifs, une indifférence émotionnelle, etc.
En cas d’excès de dopamine, certains troubles peuvent également apparaître. Les recherches parlent notamment d’un lien entre taux élevé de cette molécule, dérégulation du système neuronal et schizophrénie.
Par ailleurs, un excès de dopamine peut aggraver le risque de tomber dans une addiction comportementale ou une dépendance à une substance. Certains traitements contre la maladie de Parkinson, visant à augmenter la dopamine, ont d’ailleurs comme effets secondaires des troubles du comportement avec phénomène d’addiction.
Dopamine et addiction : quel est le rôle de l’hormone du bonheur ?
Comme nous l’avons expliqué plus haut, lorsqu’une action ou une substance stimule la libération de dopamine, une sensation de plaisir est ressentie. Le cerveau, cherchant naturellement à reproduire les expériences gratifiantes, enregistre donc cette information et incite à répéter l’action pour retrouver cette sensation agréable.
Dans le cas des addictions, qu’elles soient liées à des substances (drogues, alcool, nicotine) ou à des comportements (jeu, réseaux sociaux, achats compulsifs), le système dopaminergique est particulièrement sollicité. À chaque consommation ou comportement addictif, une grande quantité de dopamine est libérée dans le noyau accumbens du cerveau, dépassant les niveaux normaux de plaisir que l’on ressent avec une activité ordinaire. Cette surstimulation crée un déséquilibre dans le circuit de récompense, et le cerveau s’habitue à ces taux anormalement élevés de dopamine.
Avec le temps, le cerveau développe une tolérance, nécessitant une augmentation des doses pour libérer la même quantité de dopamine et ressentir le même plaisir. Cela entraîne une perte de contrôle et une dépendance. Pire encore, en l’absence de la substance ou du comportement addictif, le niveau de dopamine chute brutalement, entraînant des symptômes de manque, du stress ou de l’anxiété, renforçant le besoin de recommencer pour retrouver un état de bien-être.
Ainsi, la dopamine, initialement libérée pour encourager des comportements bénéfiques, peut devenir le moteur d’une spirale de dépendance, en renforçant des habitudes nuisibles au détriment de la santé mentale et physique.
Peut-on traiter une addiction en régulant la dopamine dans l’organisme ?
La dopamine n’est pas le seul élément à l’origine d’une addiction, mais elle joue toujours un rôle non négligeable. Voilà pourquoi il peut s’agir d’une piste solide pour aider les patients dans leur chemin vers le sevrage et la guérison.
Certains traitements médicamenteux peuvent en effet réduire les effets du sevrage et réduire les envies compulsives. Les agonistes dopaminergiques, par exemple, imitent l’action de la dopamine sur les récepteurs. Ils peuvent alors réduire les symptômes de sevrage en activant les récepteurs dopaminergiques de façon plus modérée. Les antagonistes dopaminergiques, quant à eux, bloquent l’action excessive de la dopamine dans le circuit de récompense, pouvant réduire le désir de consommer de l’alcool, du tabac, des drogues, etc. ou d’avoir un comportement addictif.
Enfin, citons les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), proposées notamment par des psychiatres ou des neuropsychologiques aux patients souffrant d’addiction (alcool, cocaïne, jeux d’argent, activité sportive, etc.). Ce type de thérapie vise à rééduquer le cerveau en travaillant sur les mécanismes cognitifs qui renforcent l’addiction. Bien que cela n’agisse pas directement sur la dopamine, ces approches permettent de remodeler le comportement, réduisant ainsi les stimuli qui provoquent une libération excessive du neurotransmetteur du bonheur.
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