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Quelle activité physique pour contrer les addictions ?

En complément d’un suivi psychologique et/ou de la prise de médicaments, il faut savoir que certaines activités peuvent être une aide précieuse pour lutter contre la dépendance. Parmi elles, on trouve ce que l’on appelle des Activités Physiques Adaptées (APA), qui peuvent être sportives ou artistiques. Elles aident non seulement à améliorer la condition physique, mais jouent aussi un rôle non négligeable sur le bien-être mental, qui sont deux composantes importantes quand on veut mettre fin à une addiction.

Envie d’en savoir plus sur ces APA ? Voici tout ce qu’il faut savoir : de quoi il s’agit exactement, quels sont leurs bienfaits, comment les pratiquer, etc. Que vous soyez vous-même dans une situation de dépendance ou que vous souhaitiez aider un ami, un membre de votre famille, un de vos salariés, etc., vous disposerez donc de toutes les informations utiles pour mettre en place des Activités Physiques Adaptées.

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1. Qu’appelle-t-on des Activités Physiques Adaptées ?

2. Comment les APA peuvent-elles aider en cas d’addiction ?

3. Quelles sont les différentes Activités Physiques Adaptées à pratiquer ?

4. Comment mettre en place des séances d’APA pour vaincre sa dépendance ?

5. Doit-on forcément pratiquer une APA pour sortir d’une addiction ?

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Qu’appelle-t-on des Activités Physiques Adaptées ?

Dans l’esprit de beaucoup, les Activités Physiques Adaptées correspondent à des animations sportives dédiées aux personnes souffrant de handicap ou se trouvant dans un processus de rééducation. Mais en réalité, ces APA présentent des opportunités pour des profils bien plus variés. Ce sont des activités qui sont pensées, enseignées et proposées à des groupes de populations en fonction de leurs besoins. Il existe donc des activités spécifiquement conçues pour accompagner les personnes dépendantes dans leur combat contre l’addiction.

Comment les APA peuvent-elles aider en cas d’addiction ?

On le sait, le sport est un merveilleux atout santé dans la prévention de diverses maladies et il réduit les risques de bien des pathologies. Il est aussi thérapeutique sur le plan psychique, en mettant à l’œuvre de nombreux mécanismes (libération d’hormones du plaisir, amélioration de l’estime de soi, etc.).

Depuis de nombreuses années déjà, les Activités Physiques Adaptées sont donc reconnues pour aider à réduire le stress et l’anxiété, à retrouver un sommeil de qualité, à lutter contre certaines maladies, à accroître la confiance en soi, etc. En somme, autant d’éléments importants lorsque l’on entre dans un processus de sevrage et sur le plus long terme de rétablissement, quel qu’il soit (drogues, alcool, jeux, tabac, etc.).

Il est également bon de noter que ces séances d’APA peuvent être réalisées en groupe, ce qui permet de créer du lien avec des personnes vivant les mêmes problématiques. Ce sentiment de ne plus être seul, ce partage et cette capacité à progresser ensemble permettent de faciliter le processus vers une vie sans addiction. On sait aussi que dans certains cas, la dépendance à des substances peut provoquer une véritable rupture sur le plan social. La pratique d’activités physiques en groupe peut donc représenter un premier pas vers le dialogue et la réinsertion sociale, dans un cadre bienveillant.

Dans le cadre particulier de la dépendance, les Activités Physiques Adaptées sont aussi conçues de sorte à provoquer un sentiment de plaisir aux patients. Il ne s’agit en aucun cas d’atteindre d’excellentes performances sportives, de se bâtir une impressionnante musculature ou de prétendre devenir champion dans un sport. L’idée est surtout de favoriser la production d’endorphine et de dopamine par l’activité physique, dans le but de remplacer le pseudo-plaisir que procurent les drogues. En pratiquant une activité physique régulière et adaptée, les patients peuvent aussi peu à peu reprendre conscience de leur corps, de leurs mouvements et de leurs capacités, tout en se reconnectant à leurs émotions. Or, tout cela fait généralement défaut lorsque l’on se trouve dans le cercle vicieux de l’addiction.

Quelles sont les différentes Activités Physiques Adaptées à pratiquer ?

L’un des avantages des APA est qu’elles peuvent être pratiquées par tous. D’ailleurs, chaque encadrant veille toujours à proposer des activités qui correspondent aux capacités de chaque participant et qui vont l’aider à progresser au fil des séances.

On distingue plusieurs catégories d’APA, à pratiquer de façon intermittente pour profiter de tous les bienfaits qu’elles peuvent apporter :

– Les activités physiques « cardio », allant de la plus douce comme la marche, à la plus intense comme la natation ou la course, pour apprendre à se dépasser et retrouver une meilleure santé ;

– Les APA de renforcement musculaire, par le biais d’exercices dédiés avec ou sans matériel ou de la pratique de sports comme la gym douce, la Zumba, l’aquabike, etc., permettant de retrouver une bonne condition physique en douceur ;

– Les sports de relaxation et de détente, tels que le yoga et le tai-chi, ou des séances de stretching, favorables à la réduction du stress et des troubles de l’humeur ;

– Les sports d’équipe, comme le badminton, le handball, le basket, le foot, etc., qui vont non seulement renforcer le cardio et la musculature, mais aussi favoriser la cohésion, mettre en avant des valeurs de respect et de solidarité, développer la combativité, etc. ;

– Les activités physiques ludiques, comme la slackline (idéale pour l’équilibre et la concentration par ailleurs) ou encore le Disc Golf, qui permettent de réellement s’amuser tout en produisant un effort physique et/ou mental ;

– Les sports en plein air et/ou à sensation (canoë-kayak, parcours d’acrobranche, sports aériens), donnant des sensations d’adrénaline et prônant le dépassement de soi ;

– Les activités physiques artistiques, comme la danse, la comédie musicale et le cirque par exemple, qui permettent à la fois de mettre en marche le corps et l’esprit, et qui favorisent la créativité, la libération, l’écoute de soi, etc.

En combinant différentes de ces activités, mais aussi en se concentrant plus spécifiquement sur certaines d’entre elles, les personnes dépendantes peuvent espérer voir de réels progrès au fil des semaines.

Comment mettre en place des séances d’APA pour vaincre sa dépendance ?

Il est possible d’accéder à des programmes d’Activités Physiques Adaptées dans divers types d’établissements, que ce soit dans un centre de soins d’addictologie, dans un hôpital public, dans une clinique, dans un club sportif, auprès d’une association d’aide aux personnes dépendantes, etc.

Néanmoins, ces pratiques ne sont pas encore suffisamment développées pour que l’on en trouve absolument partout. Pour trouver un lieu où pratiquer des APA avec un encadrant certifié, il faut donc se renseigner auprès d’organismes comme l’Agence Régionale de Santé, des associations spécialisées, la Société Française des Professionnels en Activité Physique Adaptée, etc. En faisant une recherche en ligne, on peut également disposer d’une liste des professionnels qui exercent dans le secteur.
Mais dans un premier temps, il est recommandé de consulter son médecin traitant ou son addictologue. Il pourra alors rédiger une prescription pour donner accès aux APA, en mentionnant les contre-indications, la fréquence des séances, etc.

Certains enseignants APA exercent aussi en libéral. Cela permet de faire appel à un professionnel qui interviendra à domicile ou dans un lieu adapté, voire en pleine nature. Généralement, ce sont alors des programmes individuels qui sont proposés, et non en groupe, bien que cela reste possible. De cette façon, il est plus facile pour le patient d’avoir un suivi très personnalisé et de faire plus facilement part de ses attentes. En fonction du caractère et de la situation de chacun, la pratique individuelle peut être une solution à privilégier par rapport aux séances de groupe : certaines personnes se sentent plus en confiance en face à face avec leur enseignant et plus apte au dialogue. Dans d’autres cas, les APA en groupe seront plus adaptées, notamment pour les personnes qui souffrent d’un réel isolement et qui souhaitent remettre un pied dans la vie sociale et active.

Doit-on forcément pratiquer une APA pour sortir d’une addiction ?

Les Activités Physiques Adaptées encadrées ne sont pas un passage obligé pour vaincre la dépendance à une substance ou à un comportement. Elles ne sont d’ailleurs en aucun cas une solution miracle, et doivent s’accompagner d’autres solutions thérapeutiques. Il faut plutôt considérer les APA comme une aide précieuse, qui va agir à la fois sur le mental et sur le physique. Les APA s’intègrent très bien à des prises en charge complètes dans le cadre d’un Programme d’Aide aux Employés spécialisé en addictologie.

Néanmoins, à ce jour, les programmes d’Activité Physique Adaptée ne font pas l’objet d’une prise en charge par l’Assurance Maladie pour les personnes souffrant d’addiction. Cela peut bien évidemment représenter un frein, même si l’on sait que la santé n’a pas de prix. Dans ce cas, il peut être tout aussi bénéfique de mettre en place soi-même des séances de sport qui correspondent à nos besoins. Une personne dépendante peut ainsi décider de reprendre un sport qu’elle avait jusque-là délaissé, tester une nouvelle activité qu’elle avait pour projet de découvrir depuis longtemps, faire des séances de yoga à la maison, participer à des cours collectifs de danse, etc. Le tout est de trouver un environnement dans lequel on se sent à l’aise, tout en gardant à l’esprit qu’il faudra sans doute passer par des phases de dépassement de soi. Il peut donc être pertinent de se lancer dans une nouvelle activité physique avec une autre personne, pour se sentir soutenu et vaincre les éventuelles difficultés. Il peut s’agir de son compagnon ou de sa compagne, d’un ami, d’un coach sportif, etc.

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portrait Alexis Peschard

A propos de l'auteur :

Alexis PESCHARD est addictologue et le président-fondateur du cabinet GAE Conseil, cabinet aujourd’hui incontournable de la prévention des conduites addictives dans le monde du travail en France. Il dirige le Pôle Conseil en addictologie du cabinet et développe des projets en prévention primaire pour le compte de clients grands comptes et branches professionnelles. Il a fait l’objet de plusieurs centaines d’interviews en presse écrite, radios et chaînes de télévisions nationales. Il intervient enfin régulièrement dans le cadre de congrès scientifiques, journées d’études et est publié chaque année dans différentes revues RH, juridique... Il est l’auteur du livre « Tous accros aux écrans » publié aux éditions Mardaga.