Si les addictions sont souvent considérées comme des problématiques personnelles, il ne faut pas oublier qu’elles peuvent avoir des conséquences au travail (moindre productivité, risque d’accident, problèmes relationnels avec les collègues, etc.) et qu’il s’agit en France d’un problème de santé publique. Parfois, la situation professionnelle est même un facteur déclencheur ou aggravant d’une addiction, liée au stress, à la surcharge de travail, etc.
Les entreprises ont donc leur rôle à jouer pour prévenir les situations de dépendance, qu’il s’agisse d’une addiction comportementale ou à un produit. Et pour cela, elles doivent d’abord en prendre conscience, pour ensuite réussir à instaurer des mesures préventives.

NAVIGUER AU SEIN DE L’ARTICLE

1. Évaluer le mode de fonctionnement de l’entreprise pour limiter les addictions

2. Organiser des journées thématiques de prévention contre les addictions

3. Mettre en place un plan de prévention tout au long de l’année

Évaluer le mode de fonctionnement de l’entreprise pour limiter les addictions

Pour être crédible dans son plan de prévention et d’action face aux addictions, une entreprise doit dans un premier temps faire le point sur ses propres pratiques. Il est en effet possible que certaines manières de procéder dans l’organisation soient à l’origine de conduites addictives, ou du moins qu’elles les entretiennent. Plusieurs questions doivent alors se poser pour diagnostiquer le risque addictif au sein de l’entreprise :

• Y a-t-il des sources de stress excessif (charge de travail trop importante, management inadapté, horaires décalés, etc.) ?

• Les contraintes physiques (port de charges lourdes, gestes répétitifs, etc.) peuvent-elles conduire à des maladies chroniques ou à des douleurs favorisant des consommations de substances psychoactives ?

• Les salariés sont-ils exposés à des situations favorisant la consommation de substances addictives (alcool durant les repas d’affaires ou dans le secteur de la vente d’alcool par exemple) ?

• Les salariés sont-ils en permanence face à un écran ?

• Existe-t-il des règles pour séparer formellement vie professionnelle et vie privée, pour éviter le workaholisme ?

• L’environnement de travail facilite-t-il la consommation de produits addictifs comme le tabac, le cannabis, les médicaments ou l’alcool (commerciaux en déplacement, travailleurs sur un chantier en extérieur, employés isolés dans des bureaux individuels, etc.) ?

En fonction des réponses à ces interrogations, de premières mesures concrètes peuvent être mises en œuvre, afin de réduire les risques de consommation de drogues, d’addiction aux écrans, de dépendance au travail, etc. Signer la charte ESPER, proposer une charte de droit à la déconnexion, aménager les horaires, embaucher de nouveaux salariés pour mieux partager la charte de travail, sont autant d’exemples d’actions qui peuvent aider à réduire le risque d’addiction en milieu professionnel..

Organiser des journées thématiques de prévention contre les addictions

Les occasions de faire de la prévention sont nombreuses pour les entreprises, et quelques événements peuvent inciter à organiser des journées de prévention, aussi appelées Safety Day. La Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, qui a lieu le 28 avril, fait partie de ces dates phares. En organisant des Safety Days ponctuels dans l’entreprise ou en mettant en place un Safety Day chaque année à la même date, vous parviendrez à intégrer la culture de la prévention au sein de votre entreprise. Mais pour que cette journée de prévention soit efficace et que les salariés s’y sentent impliqués, il est important de bien l’organiser. Vous trouverez de bons conseils pour préparer l’événement sur notre page dédiée à l’organisation des Safety Days.
Vous pouvez également compter sur notre expertise pour mettre en place des supports d’information et des ateliers pour animer votre journée de prévention. Il est important de ne pas être dans une démarche moralisatrice, mais plutôt de miser sur des activités ludiques et en groupe. Cela permettra de sensibiliser les salariés de façon concrète et de marquer leur esprit. Nous proposons ainsi des ateliers de quelques dizaines de minutes et pouvant durer jusqu’à 2 heures, afin de traiter toutes les problématiques liées aux additions :

• Espace Game dans l’entreprise ;

• Quizz géant sur les addictions ;

• Jeux de rôle et conférences théâtralisées ;

• Parcours et activités avec simulation d’emprise à l’alcool ou au cannabis ;

• Conférences et débats avec des experts de l’addiction ;

• Stand d’information sur les addictions (tabac, jeux, écrans, etc.), avec des documents informatifs, des tests pour s’autoévaluer, des mini-jeux avec cadeaux à la clé, etc.

Comme vous pouvez le constater, il s’agit de créer un environnement convivial, au sein duquel des messages forts sont diffusés.

Dans le contexte de télétravail actuel, sachez qu’il est aussi possible de bénéficier d’un service d’ateliers en version digitale. Vous pourrez ainsi organiser une journée de prévention à distance, via des Webinars, des jeux en ligne, un Escape Game digital, une web-série, etc.

Mettre en place un plan de prévention tout au long de l’année

Les risques d’addiction à une substance ou à un comportement demandent une attention constante. Si l’organisation d’un Safety Day en milieu professionnel permet de développer la culture de la prévention, cette dernière requiert aussi un travail de longue haleine.

L’un des points clés pour que la prévention aux addictions entre dans les mœurs de votre entreprise est la formation des équipes encadrantes. Un manager doit en effet être informé sur les conduites addictives, les risques que cela engendre et la manière de les gérer au quotidien (détection d’un comportement addictif, compréhension des situations à risques, accompagnement, etc.).

Mais il faut savoir que c’est l’entité dans sa globalité qui doit être concernée par les risques d’addictions au travail. C’est en agissant de façon collective et cohérente que l’on peut faire évoluer les choses, en impliquant chaque collaborateur et en échangeant avec d’autres acteurs comme la médecine du travail, les représentants du personnel, des professionnels addictologues, etc. De ces échanges, il pourra résulter des solutions d’accompagnement spécialisé, des guides de prévention à destination des salariés, des activités sportives et de relaxation pour favoriser le bien-être au travail, etc.

Bien entendu, des sanctions doivent aussi être mises en œuvre en cas de comportement inapproprié résultant d’une conduite addictive, et les salariés doivent être informés des risques qu’ils encourent s’ils consomment sur le lieu de travail s’ils ou travaillent sous l’effet de drogues. Toutefois, il ne s’agit plus là de prévention, mais de répression. Elle doit être utilisée en dernier recours, après avoir épuisé les solutions dont dispose l’employeur pour accompagner un salarié en situation de dépendance.

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portrait Alexis Peschard

A propos de l'auteur :

Alexis PESCHARD est addictologue et le président-fondateur du cabinet GAE Conseil, cabinet aujourd’hui incontournable de la prévention des conduites addictives dans le monde du travail en France. Il dirige le Pôle Conseil en addictologie du cabinet et développe des projets en prévention primaire pour le compte de clients grands comptes et branches professionnelles. Il a fait l’objet de plusieurs centaines d’interviews en presse écrite, radios et chaînes de télévisions nationales. Il intervient enfin régulièrement dans le cadre de congrès scientifiques, journées d’études et est publié chaque année dans différentes revues RH, juridique... Il est l’auteur du livre « Tous accros aux écrans » publié aux éditions Mardaga.