La consommation d’alcool est un sujet délicat en France. L’alcool est associé aux évènements festifs, à nos modes de vie, aux patrimoines culturel et gastronomique français, et représente des enjeux économiques certains pour la filière. Cependant, il est prouvé qu’il existe des dangers sanitaires et sociaux liés à la consommation d’alcool. C’est pour tenter de limiter ces dangers en population générale que des recommandations de consommation d’alcool, incluant des valeurs repères, sont apparues. Quels en sont les fondements, selon les derniers chiffres de la consommation d’alcool en France, et les effets de l’alcool sur la santé, le comportement, et la société ? Pourquoi des recommandations spécifiques de consommation d’alcool existent pour certaines populations ? Quels sont l’historique, la définition et le contenu des recommandations et repères de consommation d’alcool ? C’est ce que nous vous proposons de découvrir dans cet article.

NAVIGUER AU SEIN DE L’ARTICLE

1. Les chiffres de consommation d’alcool en France

2. Les effets de l’alcool sur la santé, le comportement et la société

3. Les particularités des effets de l’alcool sur la santé de certaines populations

4. Les recommandations de consommation

Visuel verres

Les chiffres de consommation d’alcool en France

La consommation d’alcool en France diminue depuis 1960, de 26 litres d’alcool pur par habitant de 15 ans et plus en moyenne annuelle, à 12 litres en 2017. La consommation quotidienne par habitant est actuellement estimée à 2,6 verres standard, représentant une grande diversité de comportements de consommation, de l’abstinence à des consommations élevées. Le Baromètre Santé de Santé Publique France de 2017 révèle que, parmi les 50,9 millions de français âgés de 11 à 75 ans, 43 millions ont au moins un usage dans l’année, 9 millions ont au moins 3 consommations d’alcool par semaine, et 5 millions un usage quotidien. Par ailleurs, 16% des 18-75 ans déclarent avoir connu au moins un épisode d’alcoolisation ponctuelle importante (API), c’est-à-dire avoir bu au moins 6 verres en une seule occasion, au cours du mois écoulé.

En milieu professionnel les derniers résultats issus de la cohorte de santé publique CONSTANCES (mars 2021) révélait que 27,5% des hommes actifs connaissent au moins un épisode de « binge drinking » par mois…

Les effets de l’alcool sur la santé, le comportement et la société

    Les effets de l’alcool sur la santé

Les effets de l’alcool sur la santé dépendent de la fréquence et de la quantité des consommations, du profil de consommation (ponctuelle ou chronique), mais aussi de facteurs individuels comme l’âge, le sexe, l’état de santé, ou encore des facteurs génétiques. A court terme, la consommation d’alcool peut entraîner des accidents (domestiques, routiers, du travail) avec blessures jusqu’au décès. A long terme, les conséquences sur la santé de la consommation d’alcool peuvent être des complications hépatiques (hépatique alcoolique, cirrhose…), cardiovasculaires (hypertension artérielle, accident vasculaire cérébral…), neurologiques (neuropathies périphériques…) et un risque majoré de cancers (bouche, pharynx, larynx, œsophage, foie, sein, colorectal).

    Les effets de l’alcool sur le comportement

L’INSERM précise que le comportement est modifié selon la dose d’alcool ingérée :
● Une alcoolémie inférieure ou égale à 0,5g/l a un effet stimulant entraînant une désinhibition : les opérations cognitives se réalisent plus vite mais avec davantage d’erreurs, et une impression subjective de facilité.
● Au-dessus de 0,5g/l, on observe une sédation et une perturbation des fonctions motrices (perte d’équilibre et de la coordination). Pour mieux comprendre ces risques, il existe des accessoires de sécurité routière permettant la sensibilisation des individus.
En cas d’API, des dangers particuliers s’accroissent : coma éthylique ; diminution des capacités cognitives et comportementales ; diverses prises de risques (conduite en état d’ébriété, relations sexuelles non protégées et/ou non consenties…) ; violence et impulsivité ; troubles de la concentration, du sommeil, de la mémoire, fatigue
Au travail l’ensemble des risques professionnels sont majorés par la consommation d’alcool même si cette dernière n’a pas eu lieu dans le cadre du travail raison pour laquelle les employeurs proposent des ateliers de sensibilisation sur le risque alcool dans le cadre de journées prévention ou safety day.

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    Les effets de l’alcool sur la société

En 2015, une étude a évalué le « coût social » annuel des conséquences liées à la consommation d’alcool à 118 milliards d’euros. Ce coût social comprend la perte de qualité de vie, la perte de productivité, les dépenses de prévention, de répression, de soins. Il excède amplement les recettes des taxes prélevées sur l’alcool (3 milliards d’euros) ou encore les économies liées aux retraites non versées (1,7 milliards d’euros).

Les particularités des effets de l’alcool sur la santé de certaines populations

    Les jeunes

Le cerveau de l’adolescent, en maturation jusqu’à l’âge de 25 ans, présente une plasticité qui le rend plus vulnérable aux substances psychoactives, dont l’alcool. Une consommation répétée d’alcool chez les jeunes, notamment les API, modifie le « système de récompense », et accroît le risque de dépendance à l’âge adulte. Par conséquent, il n’y a pas de repère de consommation validé pour les plus jeunes. L’une des mesures de protection des jeunes en France est l’interdiction de vente d’alcool aux mineurs instaurée en 2009, mais elle est peu respectée.

    Les femmes envisageant une grossesse et enceintes

Consommer de l’alcool pendant la grossesse accroît le risque de petit poids de naissance, de naissance prématurée et de fausse couche. La molécule d’éthanol franchissant la barrière placentaire, et le fœtus n’étant pas assez mature pour éliminer l’alcool, l’alcoolémie fœtale, supérieure à celle de la mère, peut provoquer des troubles comportementaux mineurs jusqu’au syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF), ensemble de troubles sévères du développement comprenant malformation du crâne et du visage, retard de croissance, handicaps comportementaux et cognitifs, et atteintes de différents organes. C’est pourquoi il est recommandé, aux femmes enceintes et en projet de le devenir, de ne pas consommer d’alcool, pour un développement favorable de l’enfant à naître.

Les recommandations de consommation

    Un bref historique

Les recommandations en matière de consommation d’alcool se sont développées dans les années 1980 dans les pays anglo-saxons, s’étendant par la suite dans de nombreux pays. En France, la télévision est le premier média de campagne d’éducation à la santé sur le sujet de la consommation d’alcool en 1984, avec le slogan « Un verre ça va, trois verres bonjour les dégâts ! », ciblant davantage les effets de l’ivresse que ceux à long terme de l’ingestion d’alcool sur la santé. Les repères de consommation d’alcool apparaissent en France en 1999, afin notamment de clarifier le flou du concept de la « modération ». Et il est à noter que, dans nombre de pays, les repères tendent à diminuer avec le temps.

Dessin Cabu prévention alcool

    Qu’est-ce qu’une recommandation ? Un repère ou valeur repère de consommation ?

Selon le Haut Conseil de la Santé Publique, les recommandations sont des « suggestions fortes à observer, sans obligation, basées sur une information simple mais argumentée ». Une valeur repère de consommation apporte une indication de consommation basée sur des données et analyses disponibles et fondées scientifiquement, et résulte d’une conciliation réalisée à l’échelle du pays. Elle s’exprime en unité d’alcool, encore appelée verre ou dose standard, qui équivaut en France à 10g d’alcool pur, correspondant aux doses servies dans les bars et restaurants. Notons que cette quantité est très souvent inférieure à celle servie dans un verre maison.

Visuel Le verre standard

    Quelles recommandations aujourd’hui ?

Des experts indépendants, missionnés par Santé Publique France et l’Institut National du Cancer, ont formulé dans un avis publié en 2017 les recommandations et repères qui ont cours aujourd’hui. Ces repères recommandent pour les hommes et femmes adultes de :

Ne pas consommer plus de 10 verres d’alcool par semaine

Ne pas consommer plus de 2 verres par jour

Ne pas boire d’alcool au moins 2 jours par semaine

À chaque occasion de consommation, il est recommandé de réduire la quantité totale d’alcool bue ; de boire lentement, en mangeant et en alternant avec de l’eau ; d’éviter lieux et activités à risque ; de consommer avec des personnes connues et de s’assurer un retour à domicile en sécurité.

Enfin, le choix le plus sûr recommandé est de ne pas consommer d’alcool en cas de conduite automobile, de manipulation d’outils ou de machines, de pratique de sports à risque, de consommation de certains médicaments, et de l’existence de certaines pathologies.

Notons que, selon le Baromètre Santé de Santé Publique France de 2020, 23,7% de la population âgée de 18 à 75 ans dépassent les repères de consommation d’alcool.

Conclusion : que retenir de ces recommandations ?

La consommation d’alcool, outre ses aspects festifs, économiques et patrimoniaux, présente donc des risques avérés pour la santé, la sécurité (domestique, routière et au travail), et a des répercussions colossales sur le plan social. L’objectif des recommandations de consommation d’alcool est que chaque individu, libre de ses choix, connaisse les risques qu’il prend ou non pour sa santé. A l’opposé d’une démarche de prohibition, c’est prioritairement une sensibilisation pour un choix responsable de consommation d’alcool. Si certaines personnes s’interrogent quant à leur consommation, il est important de rappeler qu’elles disposent de plusieurs options pour faire le point, être orientées voire accompagnées : s’autoévaluer, en parler avec un professionnel de santé, contacter une aide à distance. En entreprise, les équipes de GAE Conseil peuvent accompagner les salariés grâce à un Programme d’Aide aux Employés, programme spécialisé en addictologie, destiné aux salariés en difficulté et proposé par les employeurs.

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A propos de l'auteur :

Magali Tréhout est infirmière depuis 2008, titulaire d'une licence Ingénierie et santé publique mention santé travail obtenue en 2013, exerçant en santé au travail depuis 2012. Elle décide en 2018 de se professionnaliser en addictologie, et obtient en 2019 le DESU Prises en charge des addictions de l'université Paris 8. Elle exerce depuis 2020, en sus de son activité d'infirmière en santé au travail, en qualité d'écoutante vacataire pour la plateforme ADALIS (Drogues Info Service, Alcool Info Service…), et en qualité de formatrice en prévention des addictions pour le cabinet GAE conseil.